Consommation responsable : un recul inquiétant en 2025
Publié par Jérôme Pouponnot le - mis à jour à
Le Baromètre GreenFlex-ADEME 2025 révèle une situation préoccupante : alors que l'urgence climatique n'a jamais été aussi pressante, l'engagement des Français en faveur d'une consommation plus durable s'effrite progressivement. Cette 21e édition de l'étude met en avant un paradoxe troublant qui interroge sur l'avenir de la transition écologique dans les habitudes de consommation.
Il semblerait que la prise de conscience s'émousse. Ainsi, si huit Français sur dix continuent de reconnaître que la crise climatique impose de revoir nos modes de vie et de consommation, l'intensité de cette conviction s'affaiblit. La part des citoyens "tout à fait d'accord" avec cette nécessité chute de 40 % en 2024 à 31 % en 2025, suggérant un effritement du lien entre consommation individuelle et avenir de la planète dans l'esprit des consommateurs.
Cette érosion se traduit concrètement dans les comportements : les consommateurs déclarant faire "tout leur possible" pour adopter une consommation responsable ne représentent plus que 13 % de la population, contre 18 % l'année précédente. Plus révélatrices encore, certaines pratiques vertueuses reculent nettement, comme l'achat de seconde main qui perd 6 points et ne concerne désormais que 38 % des consommateurs.
Des priorités bouleversées par l'actualité
Ce désengagement s'explique en partie par un changement radical dans la hiérarchie des préoccupations françaises. La sécurité, préoccupation en hausse constante depuis trois ans, figure désormais parmi les trois premières inquiétudes de 41 % des Français. À l'inverse, les enjeux environnementaux subissent une dépriorisation marquée : ils ne figurent plus dans le top 3 des préoccupations que d'un Français sur quatre en 2025, contre un sur trois en 2024.
Cette redistribution des priorités s'accompagne d'un affaiblissement de la dynamique collective. En 2024, 26 % des Français se montraient très moteurs, déclarant essayer "plus qu'avant" d'inciter leur entourage à consommer responsable. En 2025, ils ne sont plus que 20 %. La mobilisation citoyenne peine à maintenir son élan, d'autant que 45 % des répondants estiment que médias et marques ne fournissent pas les informations suffisantes pour faire les bons choix.
Un consommateur tiraillé entre volonté et contraintes
Paradoxalement, les Français ne manquent pas d'ouverture aux alternatives. Près de neuf consommateurs sur dix s'interrogent régulièrement sur le caractère indispensable d'un achat avant de le réaliser, et plus de sept sur dix se montrent réceptifs aux modèles de consommation alternatifs : 77 % sont intéressés par une livraison moins rapide mais moins chère, 72 % approuveraient qu'un vendeur déconseille l'achat d'un produit neuf au profit de la réparation.
Cependant, cette bonne volonté se heurte à la réalité d'une société de consommation jugée oppressante par 84 % des Français. Les périodes promotionnelles, toujours plus fréquentes, illustrent parfaitement ce piège : 77 % des citoyens considèrent que les marques incitent à trop acheter pendant ces périodes, créant un sentiment d'urgence artificiel qui pousse à l'achat impulsif.
Un appel à la responsabilité des entreprises
Face à ce constat, les experts tirent la sonnette d'alarme. Laure Blondel, directrice conseil chez GreenFlex, souligne que "Les consommateurs finissent par se lasser" face à une offre responsable qui "n'arrive pas, ou trop timidement". Elle appelle les marques à "ralentir leur pression" et à proposer "une autre idée du partage de la valeur".
Valérie Martin de l'ADEME va dans le même sens, pointant la "résignation" des consommateurs face aux incitations à la surconsommation. Elle insiste sur l'attente forte d'alternatives abordables qui concilient "pouvoir d'achat et protection de l'environnement".