Amazon : cinq ans de lutte contre la contrefaçon
Publié par Jérôme Pouponnot le - mis à jour à
Depuis sa création il y a cinq ans, l'unité de lutte contre la contrefaçon d'Amazon affiche des résultats probants dans sa bataille contre les faussaires. Avec plus de 200 actions en justice engagées et 180 millions de dollars de dédommagements obtenus, le géant américain démontre qu'une approche systémique peut porter ses fruits face à ce fléau mondial.
Il s'agit d'une bataille sans fin ! L'unité de lutte contre la contrefaçon d'Amazon (Counterfeit Crimes Unit - CCU) a considérablement élargi son périmètre d'action depuis 2020. Initialement présente dans seulement deux pays, elle opère désormais dans douze nations, incluant les États-Unis, la Chine, la France, l'Inde et le Royaume-Uni. Cette extension géographique répond à la nature intrinsèquement internationale du commerce de contrefaçon.
La collaboration avec les autorités publiques constitue un pilier central de cette stratégie. Amazon est passé de sept partenariats gouvernementaux en 2020 à plus de cinquante aujourd'hui. L'entreprise travaille désormais avec EUROPOL, le FBI, la police londonienne, et en France, elle a récemment signé un protocole d'accord avec la Direction Générale des Douanes et Droits indirects.
Une équipe d'experts aux profils variés
La CCU réunit une équipe mondiale composée d'anciens procureurs fédéraux américains, d'agents du renseignement, d'officiers de police, d'enquêteurs et d'analystes de données. Cette diversité de compétences permet d'aborder la lutte contre la contrefaçon sous tous ses angles, de l'investigation technique aux poursuites judiciaires.
Les résultats parlent d'eux-mêmes : plus de 65 individus ont été condamnés à des peines de prison, certaines particulièrement lourdes comme cette condamnation à six ans et demi de prison pour trafic de produits frauduleux. Ces sanctions démontrent la gravité des conséquences auxquelles s'exposent les contrefacteurs.
La technologie au service de la détection
Amazon mise massivement sur l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique pour détecter les contrefaçons en amont. Ces technologies permettent de bloquer plus de 99 % des annonces suspectes avant même qu'une marque n'ait besoin de les signaler. Le système analyse les mots-clés, textes, logos et des centaines d'autres paramètres pour identifier les infractions potentielles. En complément, l'entreprise met à disposition des marques des outils dédiés comme le registre des marques (Brand Registry) ou Transparency, renforçant ainsi la protection de leur propriété intellectuelle.
Des opérations d'envergure internationale
L'efficacité de la CCU se mesure également par sa capacité à coordonner des opérations transfrontalières. Un exemple notamment : l'identification d'un réseau de contrefaçon impliquant un distributeur américain et des fabricants chinois. Un raid coordonné dans les deux pays a permis de saisir plus de 2100 articles contrefaits et d'infliger une sanction financière de 1,1 million de dollars au principal responsable.
Le partenariat avec Pandora, un cas d'école
La collaboration avec la marque de bijoux Pandora illustre parfaitement l'approche d'Amazon. Ensemble, ils ont identifié un réseau tentant de vendre des milliers de contrefaçons dans neuf pays européens. Après une enquête de trois ans menée avec les autorités chinoises, le principal responsable a été condamné à plus de trois ans de prison et à de lourdes amendes.
Malgré ces succès, Amazon reconnaît que le défi reste immense. En 2024, quinze millions de contrefaçons ont été identifiées et retirées de la chaîne d'approvisionnement. Les stratégies des faussaires évoluant constamment, l'entreprise doit maintenir un effort d'innovation permanent pour conserver son avance technologique.
L'objectif affiché reste ambitieux : l'élimination totale des contrefaçons grâce à une innovation continue et une collaboration renforcée avec les marques et les autorités mondiales. Un défi de taille pour une plateforme qui traite des milliards de transactions annuelles.