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Les nouvelles écoles du retail

Publié par Christelle Magaud le - mis à jour à

49 % de contrats : c'est la progression de l'alternance dans le commerce en 2021*. Une hausse qui montre l'appétence des jeunes pour ce type de formations. Lesquelles sont de plus en plus préemptées par les enseignes engagées dans une mutation sans précédent et en quête de jeunes talents.

Des jeunes qui se pressent dans les allées d'un magasin, quoi de particulier ? Si ce n'est que le point de vente, est aux couleurs de leurs campus, CFA Codis. Parmi les différents produits à la vente, figurent des gourdes, bentos, des vêtements de sport, des sacs à dos, des pochettes d'ordinateur... Tous siglés du nom de leur école spécialisée dans les métiers du commerce, du marketing, de la distribution et des services. Bienvenue dans ce magasin d'application inauguré le 30 mars à Paris. "Une boutiqueconçue par les étudiants et tenue par eux, souligne Caroline Costa-Savelli, directrice du CFA CODIS Groupe IGS. Les Bac+ 3 ont imaginé la marque, les BTS ont sélectionné les produits, les Bac Pro ont fixé le pricing... Nos étudiants ont même mis en place le click and collect !" Véritable lieu d'immersion pédagogique, cette boutique est à la disposition des formateurs et des alternants. "Nous nous revendiquons comme une école alternative, avec une approche très pédagogique pour développer, au-delà des compétences, de l'intelligence relationnelle et émotionnelle", poursuit-elle. Au programme, atelier vidéo, cours de théâtre, sessions sportives, sophrologie, des séjours version Koh-Lanta... Les formateurs ont plus une mission de coaching que de professeurs, les élèves travaillent en mode projets, bref la méthode est très loin des formations académiques. La formule rencontre de plus en plus de succès : la promotion 2021 comprenait 980 jeunes, celle de 2022 atteint les 1 700. "Nous allons d'ailleurs ajouter un nouveau diplôme à la rentrée, celui de licence e-commerce et marketing", annonce-t-elle. 100 % dédié au digital, pour bien répondre aux besoins des retailers, tous engagés dans leur transformation digitale.

L'alternance, un vivier de jeunes talents

Embaucher des candidats immédiatement opérationnels est plus que jamais une priorité pour les enseignes. Dans leur viseur : les formations mixant enseignements théoriques en école et missions en entreprise. En accueillant 4 300 alternants cette année, E.Leclerc, se situe dans le top des recruteurs d'alternants, avec + 17 % en un an. CAP, DUT, licence, Master... Si la formule s'appliquait au départ pour les filières courtes, elle s'est largement déployée aujourd'hui dans les études supérieures.

Comme le montre la démarche de Gemo, qui s'associe ponctuellement au BTS-MCO. "Dans notre enseigne, l'alternance représente un vivier important des futurs directeurs de magasins, explique Nathalie Leclair, DRH Commerce Gémo. Une majorité des étudiants que nous accueillons préparent un BTS MCO (80 %). C'est pourquoi plus d'une vingtaine de collaborateurs (directeur de région, directeurs de magasin, RH, contrôle de gestion...) se sont mobilisés pour préparer les études de cas sur lesquelles plancheront 22 0000 étudiants pour obtenir leur diplôme en fin d'année". L'idée, derrière la promotion de la marque employeur, est bien de participer concrètement à l'apprentissage des jeunes qu'ils peuvent potentiellement recruter.

Dans cette même idée, certains retailers vont jusqu'à s'associer à des établissements, comme Auchan Retail et Leroy Merlin, avec l'Ieseg.

Ils sont partenaires depuis le lancement, en 2018, du Programme Grande Ecole – cycle Master en alternance « Retail Management & Business Development » dispensé par l'école de commerce lilloise. Depuis, deux autres enseignes du groupe Mulliez sont venues grossir le rang des partenaires, Décathlon et Kiabi. La filière semble bonne et vertueuse...

Le rapprochement du monde du retail avec celui des écoles est encore plus visible chez Neoma-BS où Michel-Edouard Leclerc, président des Centres E.Leclerc, vient de voir renouveler son mandat pour quatre ans à la présidence de la Business School. "Par son programme ECAL, le groupe Neoma BS a toujours porté haut et fort l'appellation grande distribution. C'est une formation de référence en retail management, qui existe depuis 60 ans", rappelle Bruno Godey, professeur associé, qui a pris la direction du bachelor en Management des Services qui intègre cette spécialisation. Autre formation d'excellence très prisée par les enseignes, le Master 2 Distribution et Relation Client chez ParisDauphine - PSL. "Il existe depuis une trentaine d'années, souligne Sarah Lasri, maître de conférences à Dauphine et responsable du programme. Bien installé dans le paysage de la distribution, ce diplôme connaît régulièrement des évolutions pour coller aux attentes des retailers. "Cette année, nous avons ajouté une unité d'enseignement (UE) dédiée à la responsabilité sociale des distributeurs et l'an prochain, nous en intégrerons une consacrée aux start-up et à l'entreprenariat", confie-t-elle. À l'issue de la formation, 100 % de la promotion est embauchée. "Certains sont recrutés, post-master, dans le Graduate Carrefour ou le Graduate Intermarché. Ce qui signifie qu'ils sont intégrés dans l'entreprise à la fin de leur cursus et qu'ils vont évoluer sur différents métiers avant d'occuper un poste bien précis". Le rapprochement école-entreprise est aussi visible dans la formation elle-même. Il peut s'agit de collaborations s'inscrivant dans la durée. "Cette année, nous avons monté un projet commerce connecté avec Picard, qui s'étale sur une période de sept mois, décrit-elle. C'est un moyen pour l'enseigne de réfléchir à des enjeux stratégiques pour elle et de chercher l'inspiration auprès de jeunes talents qu'elle peut, par la même occasion, repérer et recruter".

"J'ai créé l'école que j'aurais voulu faire"

"Je suis excellent nulle part mais je suis capable de dialoguer avec n'importe quel expert (marketing, comptable, digital...). C'est ma façon de gérer mon entreprise et c'est avec cette vision que j'ai bâti l'école LDLC, pour qu'elle forme des jeunes à l'entreprenariat", expose Laurent de la Clergerie, Pdg du spécialiste de la distribution de matériel informatique et high-tech. Accessible aux détenteurs du Bac, la formation débouche sur trois années de formation généraliste sur les impacts du numérique dans l'économie. Installé au coeur même de l'entreprise, le campus accueille une trentaine d'étudiants par promotion, qui côtoient quotidiennement les collaborateurs LDLC. Rien à voir avec une école standard : ici, l'apprentissage passe par la pratique, les mises en situations au contact de professionnels, le tout dans un environnement 100 % digital. L'objectif : former des créateurs d'entreprises passionnés et inspirants. À l'image de leur mentor.


Chiffres clé

- 100 575 contrats en alternance signés dans le commerce en 2021

+ 49 % sur un an

+130 par rapport à 2019

En 2021, le commerce alimentaire arrive en tête des contrats signés (39 %),

Source : Opcommerce