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Croissance : les recettes de 7 spécialistes

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Un environnement favorable aux entreprises, des sources de financement, une capacité à innover et à exporter, s'appuyer sur des réseaux, partenariats entre grands groupes et PME... Autant de pistes évoquées par sept experts, interrogés sur les ingrédients de la croissance dans les PME.

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La recette d'André Marcon, président de CCI France

L'excellence opérationnelle dans un environnement propice

Les leviers de croissance sont de deux natures : l'une humaine, psychologique, et l'autre technique.

Dans la première catégorie, il faut reconnaître qu'un entrepreneur a besoin d'un environnement favorable et de confiance pour avancer. Cela passe par une stabilité réglementaire, une plus grande visibilité sur l'avenir, des incitations plus fortes à créer et à croître.

" En France malheureusement, la fiscalité des plus-values - entre autres freins - n'encourage pas les entrepreneurs à performer ", déplore André Marcon, président de CCI France.

Dans la catégorie des leviers techniques, il y a tout d'abord l'excellence opérationnelle. " Un produit de bonne qualité, adapté au marché, avec un bon circuit de vente est un gage de réussite ", explique André Marcon, qui encourage les patrons à briguer des certifications, type ISO 26 000 (responsabilité sociétale).

Parallèlement, innover s'avère indispensable pour progresser, tout en étant réactif pour pouvoir rapidement mettre sur le marché une offre efficace. L'internalisation, ensuite, est un levier efficace s'il s'accompagne d'une bonne organisation, d'investissements et d'un peu de patience : " Trois ans sont généralement le minimum pour percer à l'étranger ", estime le président de CCI France, rappelant que les CCI offrent un panel de services aux entrepreneurs pour exporter.

Autre volet important : la formation, des collaborateurs et des dirigeants, permet de se mettre à niveau pour anticiper et accompagner la croissance.

Enfin, le financement reste le nerf de la guerre, et André Marcon salue la création de la Bpifrance en tant qu'interlocuteur unique des patrons. À condition que ses décisions restent proches des entrepreneurs et instaurent un climat favorable à la prise de risque et à la croissance.

La recette de Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance

Innover et exporter, tout en étant prêt à ouvrir son capital

Mise sur les rails début 2013, la Banque publique d'investissement est structurée en 30 directions régionales où officient des chargés d'affaires ou d'investissement qui conseillent et accompagnent les entreprises. C'est une porte d'entrée unique pour les PME en quête de financement, qu'il s'agisse de subventions, de prêts ou d'investissement en capital.

Pour Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, la croissance des PME repose sur deux axes : l'innovation et l'export. " Pour réussir à innover, il est nécessaire que l'entrepreneur ait un bon produit, un business plan efficace, que l'entreprise soit crédible et ambitieuse. " Moyennant quoi, Bpifrance peut octroyer une aide à l'innovation sous un délai d'environ six semaines.

" L'export est un autre levier fondamental de développement, à l'heure où le marché intérieur ne permet pas toujours la croissance. " Bpifrance accueille une quarantaine de conseilleurs Ubifrance dans ses divers points de contact, afin d'accompagner les PME.

Enfin, Nicolas Dufourcq voit dans l'ouverture du capital des PME un levier supplémentaire : " Il est nécessaire, pour un entrepreneur, de voir loin et d'adopter un mode de management cohérent avec les marchés mondiaux. "

Bpifrance peut investir dans les entreprises hexagonales, soit seule, soit en co-investissement avec d'autres banques. Les montants investis en 2013 devraient atteindre 1 Md€ environ pour les subventions à l'innovation, 1,5 Md€ pour les fonds propres et un peu moins de 10 Mds€ pour les concours bancaires.

La recette de Louis Godron, président de l'Afic

Argent frais et accompagnement avisé

L'argent est le nerf de la guerre. En ce sens, le capital-investissement est primordial, selon Louis Godron, président de l'Afic (Association française des investisseurs pour la croissance).

" Le capital-investissement consiste, pour les 270 sociétés de gestion dont c'est le métier en France, à collecter l'épargne et à l'investir dans les meilleurs projets d'entreprises non cotées, à différents stades de leur vie : création, croissance, transmission, redressement. "

Mais l'apport de capitaux n'est pas leur seul atout. C'est un vrai levier de développement grâce à l'accompagnement des entreprises sur la durée (de cinq à sept ans), par des conseils avisés et expérimentés.

Pour être attractif face à un investisseur potentiel, la première question à se poser est : est-ce que j'ai besoin de capital, et pourquoi ? Construire un projet réaliste pour entamer une phase de développement ou de transformation est indispensable pour attirer un fonds. Le facteur humain est également prépondérant afin que le porteur de projets et l'investisseur bâtissent une relation loyale et transparente.

Enfin, concernant les perspectives du capital-investissement, Louis Godron se montre prudent : " L'épargne est peu incitée en France à être investie dans de l'action non cotée, il devient donc difficile de trouver du capital, et encore plus depuis la crise financière. Alors qu'on levait 11 Mds€ par an avant 2008, nous n'en sommes plus qu'à 5 Mds€. Il faut redonner aux épargnants l'envie d'investir dans l'économie. "

La recette de Jean-Philippe Hubin, membre d'Asmep-ETI

Une gestion en bon père de famille, tout en sachant saisir les opportunités

Jean-Philippe Hubin reprend la PMI Somater, fabricant d'emballages pour l'industrie pharmaceutique et cosmétique, en 1982. À l'époque, l'entreprise emploie 250 personnes et réalise 8 M€ de chiffre d'affaires. En 2013, devenu ETI, le groupe Somater compte 600 salariés répartis dans neuf usines et réalise 90 M€ de CA.

Pour son dirigeant, Jean-Philippe Hubin, membre d'Asmep-ETI (association des entreprises de taille intermédiaires), les recettes de la croissance relèvent du bon sens : " Il faut être à l'écoute de ses clients et des tendances et savoir innover à partir de ses propres ressources. " Moderniser la fabrication revient à investir : " Il n'y a pas de croissance sans investissement, mais plutôt que de faire des levées de fonds, j'ai privilégié une gestion rigoureuse pour avoir des fonds propres à réinjecter dans le développement. "

Jean-Philippe Hubin estime notamment que, plutôt que de distribuer des dividendes, mieux vaut réinvestir les fonds récoltés et parier sur l'avenir. Avec une gestion de "bon père de famille" : " Il faut respecter les règles de la Banque de France et ses cotations, pour être solvable et pouvoir emprunter ", conseille le dirigeant.

Enfin, quand l'opportunité se présente, la croissance externe est un bon vecteur de croissance.

Selon Jean-Philippe Hubin, chaque chef d'entreprise devrait avoir trois compétences fondamentales : être un bon gestionnaire, connaître le droit (surtout social) et enfin maîtriser l'anglais, voire une autre langue.

La recette de Sandra Le Grand, vice-présidente de CroissancePlus

Le financement est capital et le réseau facilitateur

Dirigeante de SLG SA (Kalidea CE, Kalidea Pulse...), qui compte 200 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 66,4 M€, Sandra Le Grand, également vice-présidente de CroissancePlus (association de dirigeants d'entreprises en forte croissance), porte un regard pragmatique sur les conditions de la croissance : un " écosystème favorable à l'entrepreneuriat " est indispensable. Ce qui passe notamment par une éducation des jeunes tournée vers la création d'entreprise, une fiscalité juste, pour encourager la prise de risque, et stable, pour permettre aux dirigeants de se projeter dans l'avenir, un coût du travail allégé qui favorise la création d'emplois, des délais de paiement appropriés, etc.

Sachant que le financement reste capital : " Il n'y a pas de croissance sans apport d'argent frais. Or, il existe des leviers tels que les business angels, encore trop peu nombreux, le crowdfunding ou le capital-investissement, pour peu que l'on accepte de faire entrer des investisseurs dans son capital. "

L'innovation est également importante : ne pas hésiter à recourir au crédit impôt recherche, un dispositif utile.

Pour Sandra Le Grand, toute entreprise qui se développe doit aussi songer à l'international : " L'idée intéressante est de créer des partenariats entre grands groupes et PME pour pousser ces dernières à l'export. "

Enfin, l'entrepreneure juge que le réseau est indispensable pour avancer. " Pour trouver plus rapidement des informations, des contacts, des partenaires, faire du benchmark. Il n'y a pas de mystère : le réseau apporte une aide concrète. "

La recette de Bernard Cohen-Hadad, président du think tank Étienne Marcel

Confiance, financements et entraide

" La croissance des entreprises ne peut avoir lieu que dans un climat de confiance. D'une part, la confiance des entrepreneurs dans l'activité économique, et d'autre part, la confiance de la société et des politiques à l'égard des entrepreneurs ", souligne Bernard Cohen-Hadad, président du think tank Étienne Marcel et gérant de BCH Assurances.

Plus les chefs d'entreprise se sentiront entendus et compris, plus ils pourront s'inscrire dans une dynamique positive. Et ils ont besoin de se donner le moyen de leurs ambitions : " Les entreprises ont besoin de financements récurrents, aussi bien en fonds propres qu'en trésorerie. Il y a eu de bonnes initiatives politiques, telles que la création de la BPI ou du PEA-PME. Mais il faut redonner confiance aux investisseurs et aussi aux entrepreneurs afin qu'ils ouvrent leur capital, tout en gardant la gouvernance de leur entreprise ", estime Bernard Cohen-Hadad.

Autre volet fondamental : la fiscalité. " Actuellement, la fiscalité des entreprises est trop fluctuante et contribue à un climat d'incertitude et de méfiance chez les entrepreneurs, qui n'est pas propice à la croissance. La fiscalité doit être stable et juste et récompenser la prise de risque ", estime Bernard Cohen-Hadad, qui plaide pour une fiscalité adaptée aux TPE-PME, notamment à l'embauche.

Enfin, un autre relais de croissance réside dans le partenariat entre PME et grands groupes : " Les grandes entreprises ont un rayonnement national et international, elles peuvent jouer le rôle de navire amiral pour ouvrir les portes de l'export aux PME. À condition de créer des partenariats constructifs où chacun y gagne. "

La recette de Denis Jacquet, président de Parrainer la croissance

Savoir s'entourer et se donner les moyens de la croissance

" Pour croître de façon efficace, il faut avant tout être accompagné ", estime le président de l'association Parrainer la croissance, Denis Jacquet. C'est-à-dire s'entourer de mentors et autres experts que vous pouvez rencontrer dans les réseaux. Ces spécialistes peuvent vous apporter de précieux conseils et pratiquer la mise en relation pour trouver le bon partenaire, pour démarcher tel ou tel gros client ou pour lever des fonds. C'est parfois l'affaire de quelques coups de téléphone, assure Denis Jacquet, avec, à la clé, un gain de temps important.

Par ailleurs, tout entrepreneur doit connaître et reconnaître ses limites : " On peut être un excellent technicien, avoir eu une idée de génie, mais être un piètre manager, commercial ou gestionnaire. Il faut donc savoir recruter les bonnes personnes pour faire croître la société. "

Autre paramètre : les moyens financiers. " Lever des fonds et accepter d'ouvrir son capital à un tiers font partie du jeu, même si cette option est déchirante pour certains fondateurs qui ont peur de perdre le contrôle de leur société. " Rien n'empêche, cependant, d'établir un pacte d'actionnaires prévoyant un retour aux commandes au bout d'un certain temps.

Enfin, le président de Parrainer la croissance voit dans l'international un levier incontournable : " L'export génère des interrogations et des craintes. Là encore, il faut se tourner vers son réseau et vers les bonnes personnes pour se faire accompagner dans ses premiers pas à l'étranger, connaître les opportunités, les risques, les démarches, voire les subventions disponibles. "

Olga Stancevic

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