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Virement instantané, DSP2 : quel impact sur l'innovation des acteurs du paiement électronique ?

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Virement instantané, DSP2 : quel impact sur l'innovation des acteurs du paiement électronique ?

Plus de sécurité, moins de fraude, une expérience de paiement renouvelée... DSP2 et le virement instantané portaient en eux les germes d'une transformation majeure, notamment pour les prestataires de services de paiement. Qu'en est-il réellement ?

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Qu'on le nomme virement instantané, Instant payment ou encore Payment Initiation Service, ce mode de paiement introduit par la DSP2, offre la possibilité d'initier un virement bancaire pour le compte d'autrui, à condition d'obtenir son accord préalable. Dans les faits, un site de vente en ligne peut proposer à ses clients une expérience de paiement alternative basée sur le virement. S'il est théoriquement entré en application en 2018, le virement instantané est loin de s'être imposé dans le quotidien des consommateurs. « La principale promesse associée à DSP2 et au virement instantané pour les acteurs de l'e-commerce, c'est l'absence de frais liés à la carte bancaire. Il n'y a pas non plus d'interchange, qui varie en général entre 0,2 et 0,3 % des montants. L'attente-clé des marchands, c'est celle d'une réduction de leurs coûts », indique Didier Barré, Portfolio Manager de l'activité Services aux Commerçants de Worldline. Mais ce n'est pas tout ! Derrière le virement instantané, on trouve aussi la garantie de paiement pour le bénéficiaire, une gestion optimisée du budget ou de la trésorerie du client, la disponibilité immédiate des fonds... Pourtant, malgré ce panorama élogieux, l'adoption est loin d'être généralisée... Ainsi, selon la dernière édition des Zooms de l'Observatoire Cetelem, pour leurs achats en ligne, les deux tiers des consommateurs français (66 %) privilégient la carte, là où les 34 % restants utilisent plutôt une application de type portefeuille électronique comme Apple Pay, Google Pay, Paypal...

Virement instantané : des avantages (encore) circonscrits à quelques usages spécifiques

L'initiation de virement reste, à ce jour, cantonnée à des usages de niche tant en B2B qu'en B2C. Achat d'une voiture d'occasion, voyage au bout du monde, ou encore dans le secteur du B2B, où tous les professionnels ne sont pas dotés d'une carte bancaire, et dont les plafonds peuvent être une difficulté. Dans ces cas de figure, le virement instantané apporte une réponse pertinente. Parce qu'il peut être bidirectionnel, il peut aussi intervenir pour rembourser un client rapidement en cas de retours produits. La loi prévoit qu'un remboursement soit effectué sur le moyen de paiement d'origine, le virement instantané peut être utilisé si le consommateur a été averti, en amont, qu'il pourrait être remboursé par d'autres biais. Dans ce contexte, l'Instant Payment constitue, une nouvelle fois, une piste intéressante car, en moins de 10 secondes le client est notifié de l'arrivée des fonds. « La carte bancaire n'offre pas cette immédiateté », précise Vincent Lenglet, Head of product chez Monext. Si le virement DSP2 n'a pas véritablement tenu ses promesses sur le plan de la baisse des coûts, il n'est pas non plus parvenu à détrôner la carte bancaire dans les usages des consommateurs. « L'initiation de virement est encore très clairement balbutiante. En cause : une absence totale d'universalité », commente Vincent Lenglet.

« L'initiation de virement est encore balbutiante à cause d'une absence totale d'universalité ». Vincent Lenglet, Head of product, Monext

Open banking : Entre sécurité et partage de l'information

Le niveau de sécurisation garanti par le virement instantané est lié à la double authentification définie par la DSP2. Pour payer sa facture, le débiteur est redirigé sur son espace bancaire sécurisé. Après une première authentification pour y accéder, il s'identifie à nouveau pour valider le virement et le paiement est effectué. Grâce à l'Open banking, oublié le calvaire de la saisie de l'IBAN et le traitement des mandats papiers. « L'instant Payment, c'est aussi une avancée en matière de dématérialisation des paiements », confirme Didier Barré. Enfin, comparé au virement classique, le virement DSP2 permet de transmettre de nombreux paramètres comme le numéro de facture, le libellé pour faciliter et automatiser la réconciliation bancaire, un autre atout qui séduit principalement les acteurs du B2B. Monext, Worldline, Adyen, Docaposte avec sa solution BudgetInsight, Younited, Mollie ou Stripe du côté du BNPL..., l'ensemble des acteurs du paiement électronique se mobilise. « Le monde du paiement et celui des fintechs sont en ébullition, confirme Benjamin Lang, Country Manager pour Mollie. C'était d'ailleurs l'ambition du régulateur avec DSP2 et l'Open banking qui s'y rattache, que de favoriser la concurrence en passant par l'innovation. Cela a révélé l'écart technologique entre le secteur bancaire et les acteurs du paiement électronique ». Un écart technologique qui constitue l'un des freins à une adoption plus large du virement instantané...

Des freins à lever... y compris dans le commerce physique

Si le virement instantané peine à décoller, ce n'est pas uniquement parce que la carte bancaire est culturellement implantée dans les habitudes des consommateurs. Faible désir d'innover, tiédeur à jouer le jeu d'une expérience de paiement renouvelée, le secteur bancaire s'est initialement approprié DSP2 et l'Instant payment sans grand enthousiasme. « D'autant que certains établissements bancaires continuent de faire payer le virement instantané, ce qui constitue un frein majeur à l'adoption », note Didier Barré. À terme, la gratuité du virement instantané finira sans doute par s'imposer, mais jusqu'à ce que le régulateur européen interdise la facturation d'un tel service, il va se passer encore du temps. Les néobanques et les banques en ligne, sans surprise, sont quant à elles très matures. « Certains acteurs bancaires historiques s'en sortent très bien, d'autres en revanche accusent un retard terrible et redirigent le consommateur, y compris sur mobile, vers une page Web en responsive design. L'expérience est très dégradée... C'est acceptable lorsque le consommateur achète une voiture une fois tous les 3 ou 4 ans. Pour des achats du quotidien, c'est impensable », souligne Vincent Lenglet. Un enjeu d'autant plus décisif que le commerce physique est également impacté par ces nouvelles réalités. Dans le cas d'un « scan and go » réalisé en point de vente, un client peut se retrouver confronté à un challenge DSP2, l'amenant à valider son paiement via son appli bancaire, alors qu'il vit une expérience dans un commerce physique. En effet, ce type de pratique qui se développe dans de nombreuses enseignes crée une bascule automatique vers un processus de paiement VAD. La multiplication d'usages adossés à la DPS2 fait que le frictionless est un enjeu toujours plus décisif et impose de repenser l'expérience de paiement dans sa globalité. « L'ensemble des transformations apportées par DSP2 créent un nouveau besoin : celui de l'homogénéisation de l'expérience utilisateur », précise Didier Barré. Une homogénéisation encore en chantier.

Une donnée plus centrale que jamais

Pour le consommateur final, DSP2 n'a pas encore eu d'impact réellement perceptible. Déjà familiarisé avec 3DSv1 puis 3DSv2, l'entrée en vigueur de la DSP2 n'a pas bouleversé ses habitudes. Pourtant, la nouvelle directive redéfinit les contours des interactions entre les acteurs du paiement. En effet, jusqu'ici chaque commerçant pouvait créer ses propres règles de scoring pour décider ou non de débrayer 3DS. Il s'appuyait sur des moteurs de lutte contre la fraude bien sûr, mais il conservait la main. Avec DSP2, l'émetteur est dans la boucle, l'acquéreur également. Il faut alors combiner les variables de scoring du commerçant, de l'acquéreur et de l'émetteur. « Plus un marchand partage ses informations avec nous, plus l'acceptation progresse, précise Vincent Lenglet. La granularité des informations qu'un commerçant partage avec son PSP est capitale pour maximiser le taux d'acceptation ». La quantité et la qualité de la data sont déterminantes pour ne pas dégrader la transformation !

Le défi : une meilleure intégration de la donnée qui cristallise autour d'elle tous les chantiers d'innovation. « Les bénéfices de DSP2 dans la sécurisation des paiements sont indéniables mais la gestion de la data est plus cruciale que jamais pour maîtriser la gestion du risque sans dégrader le parcours client », précise Philippe de Passorio, Directeur Général France et Italie d'Adyen qui mise notamment sur le machine learning pour affiner sans cesse la lutte contre la fraude. Si DSP2 n'a pas encore délivré tout son potentiel, les regards se tournent déjà vers demain. Alors que la DSP3 est déjà en cours d'élaboration, tout l'écosystème est attentif. Le développement de la pratique de l'abonnement, avec en ligne de mire les paiements récurrents, la nécessité de mettre à jour automatiquement les moyens de paiements arrivés à expiration, sont autant de nouveaux champs exploratoires pour l'innovation chez les PSP...

BNPL : Les grands gagnants de DSP2 ?

La grande avancée portée par DSP2, c'est l'un accès simplifié aux données bancaires du client final. Depuis 2018, Younited Crédit utilise la DSP2 dans son activité de crédit instantané. « L'accès direct aux données bancaires du client est un avantage indéniable en termes d'expérience utilisateur car il épargne la fourniture de documents ». Ce n'est pas le seul atout, en donnant accès à son compte bancaire, le client fait preuve d'une transparence absolue, les données sont infalsifiables et en termes de profondeurs, « c'est évidemment plus riche qu'une ou deux pages de bulletin de salaire. Les algorithmes de scoring peuvent ainsi être beaucoup plus puissants », confie Pierre-Marin Campenon, Directeur des partenariats pour Younited. Appliqué au paiement en ligne, DSP2 est un levier majeur pour le développement du paiement fractionné (BNPL) qui avait déjà le vent en poupe !

 
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