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[Tribune] Le reconditionné sous le feu des projecteurs : la DGCCRF alerte !

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[Tribune] Le reconditionné sous le feu des projecteurs : la DGCCRF alerte !

Début mars, la DGCCRF a partagé les résultats d'une enquête menée en 2020-21 sur la «loyauté des allégations» figurant sur les appareils reconditionnés pour informer le client. Résultat : le compte n'y est pas. 62% des établissements contrôlés présentent des «anomalies plus ou moins importantes».

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Le reconditionné a le vent en poupe puisqu'il répond à certaines attentes et exigences des consommateurs (plutôt jeunes) qui souhaitent consommer mieux. La notion de « reconditionné » n'est encore qu'une appellation commerciale, sans contrôle, mais « un vrai argument de vente » selon la DGCCRF dans son communiqué. Avec plus de 80 % de l'empreinte environnementale en amont sur la fabrication / distribution (métaux et terres rares, etc.) ou la fin de vie des terminaux [1], facile d'imaginer l'enjeu de développer ces filières pouvant réduire de 2 à 4 fois l'impact d'un appareil.

Le phénomène ne semble pas près de ralentir, avec 1 français sur 3 qui a déjà acheté un smartphone d'occasion [2], plus de 3 millions d'appareils reconditionnés vendus l'année dernière (15 % de croissance) et environ 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires.

Pourquoi tant d'anomalies et de quelles natures sont-elles ?

Même si les motifs d'achat sont différents (le prix en tête, la garantie et la préservation de l'environnement ensuite), l'enjeu pour les pouvoirs publics reste le même : sécuriser et accompagner la croissance de ce secteur en plein boum, au risque de voir une évolution légale et une tendance de fond nativement vertueuses pour l'environnement et la sobriété de consommation devenir une véritable farce.

Les anomalies relevées par la DGCCRF portent principalement sur l'insuffisance de l'information sur les caractéristiques des appareils, du fait parfois de l'opacité sur l'amont de la chaîne de valeur ; l'absence de justificatifs quant à l'état des appareils, autrement que l'aspect physique extérieur, derrière les notions de « bon état », « fonctionnel » ; ou quant à la réalisation de tests au-delà de l'allumage (sur la batterie, l'écran tactile, etc.) avant la revente. Ces tests en profondeur sont une obligation légale [3] qui nécessite un investissement (et des techniciens formés) dans un système permettant de tracer que l'appareil a bien été vérifié, vidé des données personnelles, etc. Face à ce coût, certains préfèrent acheter des stocks d'appareils reconditionnés à l'étranger, sans connaître les tests réalisés et ne faisant que les remballer pour les réexpédier.

L'urgence d'agir rapidement

Le régulateur et les gros acteurs en place semblent pris de vitesse face aux comportements de « petits » acteurs, agiles, jeunes et éclatés qui s'engouffrent et créent le marché. Cela rappelle les cas Uber, Airbnb, Deliveroo ou encore les start-up du free floating (vélos, trottinettes en libre-service).

Il est important que le régulateur se saisisse de ce sujet rapidement et cette enquête de la DGCCRF va dans le bon sens. D'autant que les offres de reconditionné s'élargissent au-delà des seuls smartphones et tablettes pour englober le petit et gros électroménager. Le rachat du leader français Recommerce par le réseau de magasins Boulanger, le déploiement d'offres d'abonnement à la réparation (comme chez Darty) ou le succès de start-up sont trois exemples intéressants des mouvements de fond observés.

Rattraper le retard à l'allumage et combler le vide au sein de la filière

La filière doit donner une vraie substance à la notion « reconditionné », plus qu'une appellation commerciale, développer un référentiel précis pour distinguer les bons des méchants. Il faut questionner les façons de fonctionner sur toute la chaîne de valeur de la filière, la pertinence de l'indice de réparabilité dans sa forme actuelle et s'assurer qu'on ne se limite plus aux seuls aspects purement visuels des produits.

Toute la filière (actuelle et à venir) et le régulateur doivent s'asseoir autour de la table pour faire émerger ce référentiel, proposer des équivalences chiffrées en face des allégations affichées et porter des actions de sensibilisation des clients sur les bons réflexes à avoir et sur comment faire le tri dans les allégations produits. La mise à disposition d'une grille de lecture claire, par un référentiel ou un label, adossée à un panel de sanctions permettra de mieux anticiper, accueillir et accompagner avec plus de sérénité les futures filières.

En synthèse, le reconditionné reste clé pour répondre aux enjeux de réduction de l'empreinte environnementale des appareils électroménagers ou numériques. La filière du reconditionnement doit aller plus loin et réfléchir à comment jouer un rôle moteur de changement plus large, sur la lutte contre l'obsolescence programmée par exemple : favoriser l'écoconception, aider les chaînes d'approvisionnement à revoir leurs standards et exigences ou assurer la traçabilité pour l'aval de la chaîne.

[1] Étude Arcep-Ademe - Evaluation de l'impact environnemental du numérique en France et analyse prospective - Évaluation environnementale des équipements et infrastructures numériques en France (19 janvier 2022)

[2] Baromètre Recommerce 2021 « Le marché du mobile d'occasion » - Recommerce Group (recommerce-group.com)

 
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