Gary Dauman, EZIclean : "Redonner du sens à notre activité"

Gary Dauman, fondateur d'EZIclean, accélère la relocalisation de sa production française. Après avoir lancé ses premiers aspirateurs balais Made in France en 2023, l'entrepreneur s'apprête à commercialiser une gamme inédite de robots laveurs de vitres fabriqués à Ribeauvillé.

Pourquoi avoir franchi le pas de la relocalisation après 15 ans d'importation depuis l'Asie ?

En tant que marque française spécialisée dans le petit-électroménager dédié à l'entretien de la maison, nos motivations sont multiples. Être moins dépendant du marché asiatique, de gagner en maîtrise, mais également de donner du sens après 15 ans d'activité. Par ailleurs, J'avais fait un peu le tour avec la Chine, l'importation, l'électroménager. On avait besoin de nouveaux challenges. Je reconnais également que ma vision a évolué : notre métier n'est pas très vertueux, on transporte des biens qui viennent de l'autre bout du monde, avec du plastique, des batteries. C'était une façon d'améliorer et redonner du sens d'un point de vue environnemental à notre activité.

Comment les distributeurs ont-ils accueilli vos premiers produits Made in France ?

Sur le papier, tout le monde trouve ça génial. Ils disent tous que c'est extraordinaire. Mais dans la réalité, l'accueil est plus mitigé. Les grandes enseignes comme Boulanger, Darty ou Conforama manifestent une frilosité à accorder une place significative à notre marque. Quand on arrive en rendez-vous de négociation, on nous met en situation de faiblesse comparée aux gros acteurs du marché. Ils prennent peu de risques et préfèrent miser sur les 15-20 meilleurs produits en termes de ventes, ceux qui remontent dans les études de marché...

Les magasins indépendants se montrent-ils plus réceptifs ?

A contrario, on a eu un très bon accueil des réseaux de magasins indépendants comme Pro & Compagnie, GITEM, Pulsat, MDA. Ces magasins ont su nous faire davantage confiance en référençant nos produits.

Quels sont vos prochains produits relocalisés ?

Nous sommes en train de lancer la production et nous serons les premiers à fabriquer une gamme de robots laveurs de vitres en France. Cette production s'effectuera sur le même site de Ribeauvillé, chez notre partenaire Cordon Group, ancienne usine de Sony. Techniquement, cette production est un peu plus compliquée que les aspirateurs balais. Nous devons monter en compétence. La commercialisation est prévue avant septembre,

Quels sont vos plans de développement ?

L'objectif est d'avoir au moins un produit (dans chaque catégorie) fabriqué en France d'ici 5 ans. Ce qui devrait représenter une soixantaine de références - robots aspirateurs, purificateurs d'air, nettoyeurs haute pression, litières autonettoyantes, etc. Nous souhaitons développer une offre française diversifiée. À noter cependant que nous n'hésitons pas à stopper des productions françaises lorsque le surcoût est jugé trop important. Exemple avec les aspirateurs à main pour qui le Made in France était trop coûteux.

Au-delà de la relocalisation, quelles sont vos autres initiatives environnementales ?

Nous avons fait notre bilan carbone l'année dernière avec Greenly avec, à la clé, une médaille d'Or. EZIclean intègre un pourcentage de plastique recyclé sur l'intégralité de ses produits et travaille avec ECOVADIS pour auditer ses fournisseurs chinois. En fait, de nombreuses petites démarches s'accumulent et nous sommes ravis de voir l'engagement des consommateurs et la fierté de Marie-Paule, de Katia et des autres opératrices alsaciennes qui fabriquent ces produits relocalisés.

En effet, participer à la réindustrialisation de notre pays est une aventure humaine et managériale motivante. C'est aussi un choix stratégique face à la concurrence internationale, en proposant des produits de qualité, innovants et respectueux de l'environnement. Une stratégie qui, malgré une rentabilité moindre, redonne du sens à notre activité.