ManoMano pionnier du score carbone dans le secteur du bricolage

Le Nutri-Score semble avoir fait des émules. Dans le cadre de sa stratégie RSE, ManoMano développe en effet un score carbone, un indicateur destiné à mesurer et à afficher l'impact environnemental des produits vendus sur la plateforme. "L'idée était de permettre à nos clients de faire des choix plus éclairés, plus responsables, plus conscients", annonce Henriette De Robillard, Lead CSR & Carbon Manager chez ManoMano. Inspiré du fameux Nutri-Score alimentaire, ce score vise en effet à rendre lisible une donnée souvent opaque : l'empreinte carbone d'un produit.

Pour rappel, créée en 2013, ManoMano s'est imposée comme un acteur majeur de l'e-commerce dans le secteur du bricolage, de la maison et du jardin. Si la marketplace était initialement orientée uniquement vers les particuliers (B2C), elle est présente sur le marché du B2B et 2019 et "Elle développe désormais de plus en plus son offre de services à destination des professionnels du bâtiment", affirme Henriette De Robillard.

Le rôle central de Greenly dans la construction de l'outil

Pour bâtir ce Score Carbone à grande échelle, ManoMano a fait appel à Greenly, une scale-up spécialisée dans la comptabilité carbone. "Ce qu'il fallait, c'était un partenaire capable de traiter des millions de données, tout en maîtrisant l'analyse de cycle de vie (ACV) des produits. Aussi, notre méthode consiste en une ACV simplifiée permettant de scorer un volume plus important de produits", précise Henriette De Robillard. De son côté, Arnaud Delubac, cofondateur de Greenly rappelle que l'ACV consiste "À évaluer l'impact environnemental d'un produit, de l'extraction des matières premières jusqu'à sa fin de vie, en passant par la fabrication, la distribution, l'usage et le recyclage. Or, pour que ce processus complexe devienne intelligible, Greenly a conçu un indicateur gradué de A à E, associé à un code couleur allant du vert au rouge foncé, à la manière des étiquettes énergétiques".

L'objectif est donc de vulgariser des données techniques pour les rendre compréhensibles et comparables entre produits d'une même catégorie. "On ne compare pas une tondeuse avec une chaise, mais bien deux tondeuses entre elles", souligne Arnaud Delubac.

Pour Greenly, cette collaboration s'inscrit dans une logique plus large de démocratisation de la donnée carbone. "Nous avons démarré avec 50 000 utilisateurs particuliers via une application mobile. Ensuite, nous avons intégré notre solution dans les écosystèmes bancaires, exposant ainsi leurs clients à cette mesure, ce qui nous a permis de toucher plus de 20 millions de personnes", se réjouit Arnaud Delubac.

Une méthodologie solide pour une base de données massive

Concrètement, le score repose sur un ratio entre l'impact carbone total du produit et son utilité fonctionnelle (par exemple, la surface couverte pour un tapis). Ce ratio permet ensuite de classer les produits statistiquement dans les différentes catégories du score. À ce jour, près de 3,4 millions de produits ont été scorés par ManoMano, soit presque la moitié des 7 millions de références disponibles sur la plateforme. "Ce volume atteint nos objectifs pour 2024-2025. Tous les produits ne seront jamais scorés, mais nous avons désormais une base suffisante pour enclencher la prochaine étape", indique Henriette De Robillard.

Vers une activation grand public à l'horizon 2026

Jusqu'à présent, le score carbone est visible sur certaines fiches produits, mais l'activation côté consommateur est encore en phase de conception. L'objectif de ManoMano est désormais de déployer des filtres de recherche, des algorithmes de recommandation et des outils d'aide à la décision pour mettre en avant les produits les mieux notés. "L'enjeu est que les produits classés "A" soient, à terme, plus vendus que les produits classés "E"", mentionne Henriette De Robillard. Une logique de "nudge" ("ou coup de pouce") écologique, destinée à influencer les comportements d'achat sur le long terme.

La plateforme prévoit une phase d'amélioration de l'expérience utilisateur qui sera effective et visible pour les clients courant 2026, avec une intégration plus poussée du score carbone. Un calendrier prudent : "On ne change pas des comportements d'achat en deux ans. C'est un travail de fond, sur plusieurs années", reconnaît la Responsable RSE.

Une éducation environnementale en cours

Pour l'heure, la réception du score carbone par les marchands est jugée globalement positive, malgré de possibles réticences isolées. Côtés consommateurs, il est encore trop tôt pour mesurer l'impact réel sur les comportements. Mais ManoMano et Greenly misent sur un effet d'entraînement à moyen terme, fondé sur l'information et la transparence. "L'objectif, c'est que le score carbone devienne un réflexe, comme l'est devenu le Nutri-Score dans les supermarchés. Et qu'il contribue à transformer structurellement les actes d'achat", conclut Henriette De Robillard. Un pari à suivre de près dans un secteur où la transition écologique reste un défi majeur.