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"Bientôt, chacun aura son Bon Coin", Antoine Jouteau

Publié par Propos recueillis par Marie-Juliette Levin le | Mis à jour le

La personnalisation de l'offre et l'ajout de services par univers sont au coeur de la stratégie du Bon Coin en 2020. Antoine Jouteau, CEO de la plateforme, élu personnalité E-Commerce de l'année 2019 par la profession, explique cette nouvelle étape.

Vous avez été élu personnalité E-Commerce de l'année 2019. Quelle est la valeur de ce prix à vos yeux?

Ce n'est pas mon prix mais celui des équipes. Cela renforce le sentiment d'appartenance et de fierté pour tous les collaborateurs. J'ai beaucoup communiqué autour de cette récompense en interne mais aussi sur les réseaux sociaux. Les signes de satisfaction ont été nombreux dans les réseaux professionnels et amicaux.

En 2018, vous annonciez une croissance de 10% sur l'ensemble de l'activité de votre site. Quelle est la tendance en 2019?

En 2018, comparé à 2017, nous avons réalisé une croissance de 15%. Et cette année, même si le périmètre groupe a changé suite aux différentes acquisitions (NDLR: rachat de Videdressing, PayCar, Locasun et L'Argus), nous allons frôler les 15%. En 2018, nous avons terminé l'exercice à 306 millions d'euros de chiffre d'affaires et en 2019, nous allons atteindre 390 millions d'euros (soit 25 à 30% de progression, tous formats confondus).

Qu'est-ce que le rachat de L'Argus va apporter aux internautes?

Il y a deux types d'utilisateurs: les pros et les particuliers. Le Bon Coin est déjà le premier site automobile français en termes de puissance et d'audience, mais avec cette offre complémentaire, les utilisateurs vont bénéficier de services associés tels que la cote Argus ou les avis sur la performance des véhicules, sur les essais ainsi que d'autres contenus du groupe L'Argus. Les synergies sont attendues pour 2020. Les professionnels vont pouvoir diffuser des annonces et des données communes.

Le Bon Coin a réalisé son introduction en Bourse il y a six mois, quel premier bilan tirez-vous après une demi-année de cotation?

Je suis content que ce soit fini car le processus d'entrée en Bourse est assez lourd. Mais on a réussi et c'est passionnant de comprendre la mécanique boursière. Je ne regarde pas les cours tous les jours car c'est anxiogène et court-termiste. Je suis un bâtisseur et je m'inscris sur le long terme. Le cours a augmenté de 25% depuis avril dernier, notamment parce que les marketplaces sont des valeurs refuges. Elles sont stables et attractives, tout comme peut l'être le secteur du luxe. Le Bon Coin crée de la richesse et de l'emploi dans des secteurs régaliens de l'économie. Avec l'équivalent de 25 milliards d'euros d'échanges, l'impact du Bon Coin sur l'économie française est important.

Comment se comporte l'activité immobilière du site, un des leviers de croissance du groupe?

C'est l'activité numéro un du groupe grâce à l'acquisition de "à vendre à louer". Cette verticale est en hausse de 16% comparée à l'année dernière avec un revenu de 91 millions d'euros (professionnels et particuliers). On investit beaucoup techniquement pour améliorer l'expérience utilisateur. Nos clients (70% de professionnels et 30% de particuliers) réalisent de très belles performances dans ce secteur sur les zones dynamiques françaises. Nous enregistrons pour notre part plus de huit millions de transactions cette année et avons lancé une offre sur l'immobilier neuf adaptée aux promoteurs et constructeurs. Chaque univers aura une expérience adaptée et personnalisée pour permettre une meilleure recherche.

Quel est le prochain rachat que vous programmez?

Nous regardons des dossiers en permanence et nous sommes toujours à l'affût d'acquisitions. Nous sommes présents sur 74 verticales (catégories) et nous pouvons donc toujours être challengés par de nouveaux acteurs. Lorsque nous faisons une acquisition, l'objectif est de renforcer la verticale, capter du savoir-faire et développer de nouveaux produits plus vite.

Quel est le bilan de l'activité de la régie? Quel type d'annonceurs fédérez-vous?

La part du chiffre d'affaires liée à la publicité est de l'ordre de 20%. Mais cette année est une année de transition pour Le Bon Coin qui est l'une des plus grosses régies publicitaires françaises. Le marché de la publicité en ligne souffre de la domination de deux acteurs américains qui utilisent leur puissance pour capter la valeur. Notre régie est orientée "data driven", tournée vers la segmentation. Nous avons beaucoup investi dans ce sens et nous ferons des annonces tout au long de l'année 2020. Quant aux annonceurs captifs du groupe, ils sont principalement issus des secteurs de l'assurance, la banque, le crédit, l'alimentation, les voyages et l'automobile.

Quel est le volume des transactions en ligne sur la plateforme? Les internautes se sont-ils emparés de ces nouvelles options?

Le volume des transactions est estimé à 107 millions de transactions annuelles sur le site, dont 20% à distance et 80% en face-à-face. Les internautes attendaient ce service notamment sur les univers de la mode, du multimédia, de la maison et des loisirs. Avec le paiement et la livraison, Le Bon Coin devient un vrai e-commerçant.

Pourquoi avoir basculé d'un modèle de plateforme à un modèle transactionnel?

Le paiement et la livraison étaient sur la liste des demandes de nos utilisateurs et le paiement en ligne était attendu notamment par les jeunes urbains pour qui le paiement sur mobile est un véritable réflexe. Actuellement, 80% de l'usage du Bon Coin se fait via mobile et le paiement sur ce canal est en forte progression!

De nouveaux acteurs percent, tels que le site Vinted... Selon vous, Le Bon Coin pourrait-il être disrupté?

C'est plutôt l'inverse. Le nouvel entrant sur l'univers de la mode, c'est nous! Et nous arrivons avec des méthodes de disrupteur. Aussi, nous avons une commission zéro avec un service identique (paiement et livraison). Donc je ne suis pas sûr que le disrupteur soit celui que l'on croit. Par ailleurs, je milite pour que l'on ne crée pas une tendance de "fast fashion", laquelle justifierait la création de marketplaces pour permettre aux ados notamment d'acheter pour revendre ensuite, en accélérant ainsi un phénomène qu'il faut plutôt ralentir. Les utilisateurs du Bon Coin sont cohérents et je ne crois pas qu'il y ait un usage cynique des plateformes.

Le Bon Coin intègre le BrandIndex à la 10e position, ce qui signifie que vous êtes une marque populaire auprès des millennials. Est-ce une cible que vous chouchoutez?

Et oui, Le Bon Coin n'est pas qu'une plateforme, c'est aussi une marque. Elle est utilisée par tous mais son succès auprès des jeunes ne m'étonne pas. C'est la caverne d'Ali Baba pour eux: ils y trouvent tout!

Quelles sont vos prochaines innovations?

Nous allons personnaliser l'expérience par univers. Nous nous inscrivons dans une évolution de l'usage où chacun aura son Bon Coin plutôt qu'un Bon Coin pour tout le monde. Nous allons pousser plus loin la personnalisation algorithmique basée sur l'IA et sur la géolocalisation. Par ailleurs, nous allons ajouter d'autres services de livraison dans les prochains mois, car Mondial Relay est notre seul partenaire aujourd'hui.

Vous êtes un acteur historique de l'économie circulaire, quelles tendances observez-vous?

Environ 40 millions de Français utilisent Le Bon Coin chaque année pour deux raisons principales. La première est liée aux économies réalisées, soit 437 euros par an par utilisateur (hors immobilier et automobile) ce qui est significatif. La deuxième est liée à la consommation raisonnée. Même si consommer d'occasion est vieux comme le monde, les Français sont les héros de la transition écologique au quotidien. Mais ce sont des héros discrets. Ils le font depuis 20 ans sur Le Bon Coin. C'est rassurant car c'est une nouvelle façon de consommer, et il n'y aura pas de retour en arrière. Partout dans le monde, des marketplaces émergent dans cette mouvance.

Son parcours

Né en 1975, Antoine Jouteau est diplômé d'un DESS marketing de l'université Paris-Dauphine. Après différentes expériences marketing dans de grands groupes informatiques et de télécommunications (Compaq, IBM, TDF), il a animé, pendant de nombreuses années, le service marketing de la régie pagesjaunes.fr.
Février 2009: il rejoint Le Bon Coin pour prendre en charge le marketing ainsi que le développement. Il est directeur général depuis janvier 2015.




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