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Vincent Bouton, Petit BamBou : "Le chiffre d'affaires n'est pas un objectif, mais une conséquence"

Publié par Alexandre Lecouvé le | Mis à jour le

Vincent Bouton - @Edelman Paris

Le secteur des applications mobiles, concurrentiel par excellence, n'évoque pas immédiatement les notions de sérénité et d'apaisement. Mais pour Vincent Bouton, directeur général de l'application de méditation Petit BamBou, sa stratégie de monétisation dans un univers largement dominé par le gratuit, d'expansion européenne et de paiement, avec l'intégration de PayPal, permet à l'entreprise d'entrer en cohérence avec son image de marque.

Quelle est l'histoire de Petit BamBou, et qu'est-ce que l'application regroupe comme offres ?

Nous sommes une entreprise française qui a fêté ses dix ans en 2025, et qui compte aujourd'hui onze - mais bientôt douze - millions d'utilisateurs dans le monde, majoritairement dans la francophonie. Disponible dans six pays et six langues, notre application de méditation et respiration se retrouve dans la poche d'un Français sur dix. Elle est numéro un des applications de méditation en France, en Espagne, en Belgique et au Canada francophone. Elle regroupe à l'heure actuelle plus de 130 programmes de méditation, de respiration et de sophrologie, avec des milliers de séances. On propose aussi un outil de respiration dédié à la cohérence cardiaque, ou encore des outils comme "crise de calme" qui permettent d'apporter des solutions face aux enjeux de santé mentale de nos utilisateurs. Petit BamBou est animé par une mission : aider les gens à reconquérir les espaces, à reprendre le contrôle, à réinvestir notre quotidien... Aujourd'hui, notre attention est cannibalisée par une multitude d'acteurs qui ont un impact sur notre santé mentale. On considère qu'on mène un combat pour la reconquête de notre capacité attentionnelle.

Pour la majorité des utilisateurs de votre application, les services que vous proposez sont gratuits. Quelle a été votre stratégie de monétisation ?

D'abord, nous sommes une entreprise 100 % indépendante. Depuis la création de Petit BamBou, nous n'avons jamais levé de fonds, et trois mois après le lancement de notre activité, l'entreprise était rentable... Et elle l'a toujours été depuis, ce qui est très positif pour une société dans notre secteur d'activité. Nous n'avons jamais eu une année en déficit, même si la croissance de l'entreprise est très variable, avec certains exercices en décroissance, par exemple à la sortie du Covid.

On a également une singularité : notre application est 100 % gratuite. Actuellement, la plupart des applis sont payantes ou proposent simplement un essai pendant sept jours, quatorze jours ou un mois gratuit. C'est uniquement si l'utilisateur le désire qu'il peut prendre un abonnement afin d'accéder à l'intégralité des contenus, mais il n'y a aucune obligation, et aucun élément marketing qui pousse à s'abonner. La part de personnes qui se sont abonnées au moins une fois ne représente que quelques pourcents, et c'est très variable en fonction des pays.

Votre approche ne correspond effectivement pas à la stratégie de la plupart des applications. Ne craignez-vous pas de souffrir d'un manque à gagner ?

Notre vision est un peu particulière par rapport à d'autres entreprises technologiques : on considère que le chiffre d'affaires n'est pas un objectif en soi pour nos d'utilisateurs, mais une conséquence de ce qu'on fait. On essaie plutôt de développer et d'ancrer la pratique, ce qui peut donner envie, au bout d'un moment, d'avoir des contenus différents et donc de s'abonner. Ils peuvent le faire au mois, au semestre, à l'année et on a même un abonnement à vie. Il y a un équilibre qui s'est créé entre ceux qui s'abonnent et ceux qui l'utilisent gratuitement pour des raisons financières ou parce que les contenus gratuits leur suffisent.

La réalité est que notre entreprise serait beaucoup plus développée économiquement si l'on usait de mécaniques marketing traditionnelles. On a conscience que l'on passe à côté de revenus significatifs, mais qui n'auraient pour impact que de nous aider à développer l'entreprise et à conquérir des parts de marché. À mon sens, ce serait antinomique avec notre identité et nos velléités. On ne cherche pas à devenir le leader mondial et avoir quatre cents collaborateurs dans le monde, mais à continuer, à faire ce qu'on aime, à le faire bien. Je n'aime pas dire qu'on est une marque "anti-marketing", parce qu'on fait de la publicité. Par contre, on n'utilise pas ce qu'en marketing on appellerait des "dark pattern" ; il n'y a aucun piège.

Vous bénéficiez par ailleurs d'une intégration précoce de PayPal dans votre stratégie de moyens de paiement pour vos abonnés. Quel regard vous portez sur cette expérience ?

Le principal problème auquel est confrontée une entreprise française comme la nôtre dans son développement international reste d'être capable de trouver les partenaires technologiques, les plateformes PSP, qui vont nous permettre de mettre en place ce type d'abonnement. La réalité, c'est qu'il y a une vraie différence entre un achat en ligne et un abonnement. Il s'agit de réussir au-delà, de mettre en place une relation à long terme avec les utilisateurs, et de trouver des moyens techniques pour faciliter l'abonnement. Force est de constater qu'il n'y a quasiment pas, pour ne pas dire aucune, plateforme française bancaire qui permet de réaliser cela.

On s'est donc tournés au début de notre histoire vers PayPal qui nous a permis de travailler notre internationalisation et de nous adapter à tous les modes de paiement. On a pu être présents en quelques clics dans l'ensemble des pays du monde. Cela nous a permis de faire passer directement nos abonnés sur notre site web, et de nous réapproprier la relation avec les utilisateurs. On a aussi développé une relation dans la durée, ce qui nous a aidés à faire face à pas mal de difficultés techniques sur le long terme. En plus depuis peu, sur des abonnements qui sont à des tarifs plus élevés (comme des abonnements annuels ou des abonnements à vie), on a la possibilité, sans avoir à faire appel à d'autres acteurs du paiement fractionné, de bénéficier du paiement en trois fois sans frais.

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