Laurent Lucasson : "La réduction du vide est devenue un enjeu majeur"
Publié par Elsa Guerin le - mis à jour à
Située à Châteauneuf-de-Gadagne, dans le Vaucluse, l'activité de vente en ligne d'Aroma-Zone connaît une forte croissance. Pour accompagner ce développement, l'entreprise a mené un important travail d'automatisation de sa ligne d'emballage. Laurent Lucasson, Directeur des opérations d'Aroma-Zone, revient sur la mise en oeuvre de cette stratégie et sur les bénéfices qu'elle apporte.
Quels étaient les principaux défis logistiques auxquels Aroma-Zone faisait face ?
Aroma-Zone connaissait une forte croissance. Le métier était très manuel, avec des opérateurs qui préparaient les colis à l'aide de papier et crayon. Il devenait essentiel d'envisager la modernisation des processus logistiques pour améliorer la productivité et les conditions de travail. En 2018, l'entreprise a choisi d'implémenter un logiciel de gestion d'entrepôt, accompagné d'un système de BOA Concept, concepteur de solutions robotisées pour les entrepôts logistiques, afin d'optimiser la préparation des colis. L'un des objectifs clés était d'anticiper la taille des colis et donc des commandes afin d'éviter les retours en arrière dans le projet.
Des investissements ont été réalisés dans des machines de réduction de hauteur de colis. Cela a permis d'augmenter la cadence de préparation et d'expédition tout en restant dans les limites du site logistique existant. Aujourd'hui, Aroma-Zone expédie 3 millions de colis par an, avec une prévision de 4 millions en 2025, depuis son entrepôt situé dans le Vaucluse qui alimente également 27 boutiques physiques.
Pour y parvenir, une première étude a été menée avec BOA afin d'adapter les solutions au bâtiment. Une deuxième étude, en 2021, a permis d'ajouter de nouvelles machines. BOA continue d'accompagner l'entreprise dans ses futurs projets. Les prochaines années seront axées sur la poursuite de l'automatisation et sur le partage d'expériences avec d'autres entreprises pour mettre en oeuvre des solutions standards, adaptées à l'évolution des flux logistiques.
En quoi l'automatisation de l'emballage a-t-elle changé l'expérience client chez Aroma-Zone ?
La marque est très engagée sur le plan environnemental. L'objectif est d'éviter le suremballage, de fabriquer le colis le plus juste possible, avec peu ou pas de calage intérieur. L'entreprise met en place des solutions disponibles sur le marché en s'appuyant sur des processus très standardisés pour garantir la qualité au meilleur coût.
Les clients d'Aroma-Zone sont très engagés et expriment régulièrement leurs retours. Le score NPS est excellent, avec plus de 70 points. Chaque semaine, ces retours sont analysés par le comité de direction pour améliorer l'expérience client. L'emballage a été entièrement revu : la boîte violette a été remplacée par un emballage neutre, imprimé avec de l'encre végétale, plus solide. Grâce à l'automatisation, la hauteur des colis peut être réduite de 10 cm à 2 cm, ce qui permet de charger 30 % de colis en plus par camion.
Aucun suremballage n'est utilisé. Seul du papier recyclé froissé sert de calage. Si un ajout de plastique était effectué, les clients le feraient immédiatement remarquer. Cette vigilance contribue directement à l'amélioration continue de la qualité de service et de la cohérence avec les engagements de la marque.
Quels bénéfices concrets avez-vous observés depuis l'intégration des systèmes d'automatisation ?
Les systèmes mis en place permettent d'automatiser la dépose de flyers dans les colis, de contrôler la pesée pour garantir la satisfaction client, et de réduire les volumes transportés, ce qui diminue les coûts logistiques et l'empreinte environnementale. Une interface centralisée permet une vision complète de l'installation : en cas de panne, il est possible d'identifier immédiatement le module concerné et d'agir à distance, sans interrompre la production. Le tri automatique des colis vers les transporteurs améliore les délais de livraison et permet de mieux alimenter les boutiques.
Comment l'optimisation des colis s'inscrit-elle dans votre stratégie RSE ?
La réduction du vide est devenue un enjeu majeur à la fois économique et écologique. Aroma-Zone s'inscrit dans une trajectoire de décarbonation, alignée avec les accords de Paris. Tous les sites sont alimentés en énergie verte et atteindront dans les prochaines années 50 % d'autoconsommation. Un projet d'hydroélectricité est en cours, porté par la possession d'un bras de rivière. Une étude avec l'ADEME vise à utiliser cette ressource pour alimenter les entrepôts en énergie renouvelable, de jour comme de nuit.
L'automatisation permet également de réduire les troubles musculosquelettiques et d'améliorer les conditions de travail des employés, avec la volonté de les accompagner sur le long terme. Les solutions sont pensées pour consommer le moins d'énergie possible : lorsque les convoyeurs ne transportent pas de colis, ils ne consomment rien. Les modules sont réutilisés lorsqu'une ligne est démontée, et les systèmes restent silencieux.
Comment vos équipes ont-elles été accompagnées dans cette transition ?
Aucune équipe ne souhaiterait revenir en arrière. L'automatisation a été très bien accueillie. L'intelligence artificielle est utilisée pour fournir des données aux robots, qui s'adaptent à la position des colis et ajustent leurs mouvements. Cela permet de rester souple et de s'adapter à la variabilité des flux. L'IA est également utilisée pour analyser les données et optimiser l'implantation des références, les trajets des opérateurs, et réduire la circulation globale dans l'entrepôt, ce qui contribue à améliorer les conditions de travail.
Quels sont les prochains défis logistiques à court et moyen terme ?
L'objectif est désormais de finaliser l'automatisation de la fin du picking, puis de se concentrer sur l'optimisation de la phase amont, notamment la préparation des échantillons, afin de gagner du temps sur l'ensemble du processus de préparation des colis.