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Le besoin en images dans le monde est gigantesque »

Publié par La rédaction le

A LA FOIS VISIONNAIRE ET PRAGMATIQUE, OLEG TSCHELTZOFF VEUT FAIRE DE FOTOLIA UNE MARQUE INTERNATIONALE GLOBALE. LA PLATEFORME DE PHOTO POURRAIT ELARGIR SON ACTIVITE AU MULTIDESIGN, SONS ET VIDEOS. LES EXPLICATIONS DE SON COFONDATEUR, EGALEMENT BUSINESS ANGEL REPUTE DANS L'UNIVERS DU WEB.

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Pouvez-vous dresser un bilan global de l'année 2011 pour Fotolia?

Oleg Tscheltzoff: Nous avons vécu une très bonne année, avec une croissance de 30 %, tant en chiffre d'affaires qu'en résultat. La crise profite à des entreprises telles que Fotolia car nous vendons à des petits prix. Une photographie qui coûtait auparavant 200 à 300 euros peut maintenant être acquise à très peu cher. L'idée du lancement de Fotolia est née de ma précédente activité. Je suis le cofondateur d'Amen, une société d'hébergement. Nous nous rendions compte qu'il y avait énormément de demandes pour des photographies lors de créations de site. Les photographies d'illustration coûtaient très cher à l'époque, d'où notre idée de lancer une plateforme. Au démarrage, notre positionnement n'était pas très bon. Les prix étaient de l'ordre de 10 à 20 euros la photo, en droit géré et non en libre de droit. Nous nous sommes repositionnés par la suite sur des petits prix, de 1 à 2 euros et en libre de droit. De plus, nous avons ouvert le site à l'international, en plusieurs langues: allemand, français, etc.

Le modèle a-t-il décollé rapidement?

Le démarrage a été un peu lent mais nous avions des photographes qui uploadaient leurs clichés. La base de données a augmenté et, via tous mes contacts, nous sommes parvenus à faire des deals de vente indirects. Notamment avec 1&1, le plus gros site d'hébergement au monde, qui offrait des crédits de photos à ses clients. A partir du moment où les premiers photographes ont commencé à gagner de l'argent, il y a eu un buzz important. En fait, cela coûte très cher de faire connaître une marque, et le modèle indirect nous a bien aidés au début, même si aujourd'hui il représente une portion congrue du chiffre d'affaires. Actuellement, le site compte environ 16 millions de clichés.

Quels sont vos principaux concurrents?

Il y a bien sûr les concurrents comme les banques d'images classiques, Guetty, Corbis, etc. Il y a encore des concurrents positionnés comme nous, tel Istock. Mais ce qui nous différencie est que cet acteur dispose de photos essentiellement américaines. Nous étions les premiers sur le marché européen. Nous avons également un positionnement prix plus agressif.

Vous avez refondu le site en août dernier. Pour quelles raisons?

C'était un ancien design qui datait des premières années. Il était important de moderniser notre plateforme car, sur Internet, l'interface d'utilisation doit être la plus simple et la plus propre possible. Je pense d'ailleurs qu'une partie de la croissance que nous avons enregistrée cette année est due à ce nouveau design. Les acheteurs d'art et d'images passent leur journée sur notre site: ils ont une forte sensibilité esthétique. Quand vous êtes un site de photographies, il vaut mieux être Apple que Microsoft.

Quel est le profil type de vos clients?

Ce sont des gens qui utilisent des images, designers, webdesigners et beaucoup de PME. Actuellement, le site compte 160 000 contributeurs. N'importe qui peut ouvrir un compte et uploader ses images. Des modérateurs vont vérifier leur qualité et leur légalité. Si la photo est acceptée, elle va rentrer dans le moteur de recherche de Fotolia, sera indexée, puis mise en vente instantanément dans toutes nos langues. Les personnes cherchent des images, tapent un mot-clé et, si elles achètent l'image, au moment où la dépense est faite, nous payons une commission au photographe de l'ordre de 30 à 50 %.

Parcours

Après un MBA à HEC (ISA) et un MBA à l'Université Leonard N. Stern School of Business de New York, et à la suite d'un passage chez L'Oréal, Oleg Tscheltzoff se lance dans la production de spectacles dans les pays de l'Est. De retour en France, il cofonde la société Amen, vendue au groupe Vianetworks en 2004. Il décide alors de créer Fotolia, avec Thibaud Elzière, en 2005. En tant qu'entrepreneur et business angel, Oleg Tscheltzoff bénéficie d'une forte expertise du monde de l'e-business. Il investit dans de nombreuses start-up.

@ © Marc Bertrand

Combien perçoit le plus gros contributeur de Fotolia?

C'est énorme. Il s'agit de Yuri Arcurs, un danois. Il gagne environ 1 million de dollars par an et dispose d'une équipe de photographes, embauche des mannequins, va en Afrique du Sud pour faire des shooting...

La qualité du moteur de recherche interne est primordiale dans votre modèle. Comment procédez-vous?

Il s'agit d'une recherche par mot-clé. Le photographe intègre ses propres mots-clés dans sa langue. Ensuite, nous associons d'autres mots-clés en fonction des ventes. Nous avons développé une technologie propriétaire. Elle prend en compte, grâce à des coefficients, la pertinence des mots-clés dans le temps, en fonction du facteur nouveauté, de la popularité de l'image. Vous pouvez également rechercher des photos par auteur, par thème, en fonction de l'actualité, etc.

A quel niveau de chiffre d'affaires vous situez-vous?

Nous sommes sur un «trend» de 100 millions de dollars de chiffre d'affaires, ce qui fait de nous l'un des leaders mondiaux de la photo libre de droit. La société a été créée aux Etats-Unis, et nous avons des filiales en France, en Allemagne et au Japon.

Comment est constitué l'actionnariat de Fotolia?

Thibaud Elzier et moi - les deux cofondateurs - sommes en actionnariat privé et sommes adossés à un fonds d'investissement américain, TA Associates.

Quelle est la ventilation des activités BtoB et BtoC au sein de Fotolia?

Nos clients sont avant tout des professionnels qui ont besoin d'images pour leur site web, leurs plaquettes, leurs newsletters. Nous avons 3 millions de membres dans le monde, dont la moitié de clientèle récurrente. L'une de nos forces reste la fidélité de nos clients.

Quelle est la structure humaine de l'entreprise? Comment a-t-elle évolué?

Fotolia est une société assez unique. Au départ, lorsque nous avons créé l'entreprise, tout le monde était intégralement en télétravail, et cela a forgé une très bonne culture de communication au sein de l'entreprise. Quand vous êtes en télétravail, vous êtes obligé de communiquer. Aussi, avons-nous développé des outils en interne pour faciliter les échanges comme des mailings lists, généralisé l'utilisation de Skype, etc. Par la suite, nous avons installé des bureaux à Paris, Berlin, Seattle, New York et Calgari. Au total, pas moins de 80 personnes travaillent désormais au sein de Fotolia, dont la moitié en télétravail.

@ © Marc Bertrand

Quel est votre niveau de rentabilité?

Notre taux de marge est environ de 20 % mais nous réinvestissons le profit dégagé dans des opérations de croissance externe ou de développement. Il y a actuellement 40 millions de PME dans le monde, qui pourraient être clientes de Fotolia, nous pouvons encore grossir en théorie 40 fois par rapport à notre taille actuelle... Il y a encore beaucoup à faire pour expliquer les bonnes pratiques autour du droit à l'image. Nos plus gros concurrents sont les gens qui utilisent les photos de manière illégale, sans respecter les droits d'auteur...

Quels vont être les plus gros investissements consentis par Fotolia?

Ils concernent les serveurs. Les images sont stockées chez nous, cela a une énorme valeur. Les coûts marketing pour faire connaître la marque au niveau mondial, sont également très importants, avec des investissements sur Google bien sûr, mais aussi dans des magazines ciblés pour toucher les designers et les TPE/ PME.

Quels sont les marchés-phares de Fotolia à l'étranger? Existe-t-il, selon vous, des particularismes régionaux?

Nous sommes présents dans 15 pays, et nous devons prendre en compte la régionalité des différentes zones géographiques. Les plus gros marchés sont, dans l'ordre, les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Angleterre, la France, l'Italie, la Pologne, le Japon. Certains pays émergents fonctionnent bien également. C'est le cas de la Turquie, de la Russie, du Brésil et de la Corée.

Quel est votre regard d'entrepreneur sur le chemin parcouru depuis la création de la plateforme en 2005?

A l'époque, nous ne réalisions pas le potentiel et le besoin en image qu'il y a dans le monde. Aujourd'hui nous nous en rendons compte. Ce besoin est gigantesque et ne fait qu'augmenter...

Les barrières à l'entrée sur ce type de marché restent-elles fortes?

Pour constituer une banque de données telle que la nôtre, il faudrait dépenser énormément d'argent. Plus le temps passe, plus cela sécurise notre modèle. Pour autant, rien n'est immuable. Il suffit de faire quelque chose de moins cher, de plus rapide et de plus beau, pour avoir une chance. Google n'a pas inventé la recherche, de la même manière que Facebook n'a pas inventé les réseaux sociaux. Ils ont fait les choses mieux que leurs prédécesseurs... En exécutant mieux, en étant plus proche de leurs utilisateurs et avec un meilleur design, ce qui est impératif.

Quels sont vos projets de développement?

Actuellement, nous rajoutons à notre plateforme des services verticaux, comme Wilogo, un site participatif de création de logo, ou encore des services comme Flixtime.com, un soft de création de vidéo... L'objectif est de créer une place de marché multidesign de photographies mais aussi de design, plus largement. Par ailleurs, nous sommes en train de travailler sur une version Ipad de notre portail qui devrait sortir en 2012.

Vous êtes aussi connu pour investir dans de nombreuses start-up de l'Internet. Quelles sont les meilleures réussites?

J'aime beaucoup aider les jeunes entrepreneurs. On constate que des jeunes créent leur entreprise à la sortie de l'école, ce qui n'était pas le cas il y a dix ans. Beaucoup d'HEC, de Centraliens, de Polytechniciens se lancent désormais, après leur cursus. C'est bien, car ce sont des têtes bien faites. Internet permet cela, il reste beaucoup de possibilité. J'investis en fonds privés, friend&family, souvent avec un groupe d'entrepreneurs dont le patron de Vente Privée, Steeve Rosemblum de Pixmania ou encore de Kima Ventures (Xavier Niel et Jérémie Berrebi) . Actuellement, je participe financièrement à une quarantaine de projets. Parmi les plus prometteurs, je peux citer Beyond the Rack, un site de vente privé au Canada, qui marche extrêmement bien. Ou encore Leechi, en France, un site de cagnotte virtuelle très prometteur. C'est une idée originale et le site croît de 30 % par mois sur un beau modèle viral. Topmod, également, est un système de reconnaissance d'images via portable créé par des Centraliens qui utilise une technologie pointue. Je pourrais en citer encore bien d'autres...

Fotolia

Banque d'images leader en Europe sur le marché des microstocks, Fotolia propose une collection en ligne de plus de 16 millions de photos, d'illustrations vectorielles et de vidéos HD libres de droits.
Créée en 2004, Fotolia a pour vocation de démocratiser l'accès aux images et propose des contenus de qualité professionnelle à partir de 0,75 Euros, pour tous types d'utilisation, sur tous supports, sans limite de temps, sans limite géographique, et ce, quel que soit le nombre de diffusions.
En février 2011, l'entreprise a investi 750 000 dollars dans la société américaine Audio Micro, place de marché de musiques et d'effets sonores libres de droits. Fotolia compte aujourd'hui 700 000 clients et 3 millions de membres. Ses services sont proposés en 12 langues et dans les 15 pays.

 
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