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Les moteurs de recherche carburent à l'innovation

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Les nouvelles fonctionnalités des moteurs de recherche n'en finissent plus de nous surprendre, au point aujourd'hui de nous dépasser. Sans pour autant répondre aux véritables attentes de l'utilisateur: à quand la révolution technologique qui rendra la recherche intuitive?

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Quel est le premier moteur de recherche qui vous vient spontanément à l'esprit? Dans la guerre que se livrent les moteurs, Google est sans conteste le grand vainqueur. Notamment dans la bataille des statistiques: en France, avec 87,33 % de trafic généré en octobre 2006 (source Xiti et 1ère Position), il caracole en tête des baromètres, devant Yahoo! (4,07 %), Voilà (2,66 %), Live (2,43 %)... Mais, si l'hégémonie de l'outil de recherche conçu par Larry Page et Sergey Brin (en 1998) ne fait pas de doute, de nombreux challengers tentent l'impossible pour trouver leur place dans un marché hautement concurrentiel. Pour tous, une seule chance de survie: l'innovation. Les enjeux de cette course au progrès sont clairs. Pour Google, il s'agit de maintenir sa position de leader. Pour les autres, il faut conquérir des parts de marché en captant de nouveaux usagers. Dans cette lutte, tous les efforts d'ingéniosité sont mis en oeuvre. Illustrations.

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- Lycos inaugure son moteur de recherche collaboratif. (E & V mars 2006)


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Sébastien Badault (Google France):

«L'innovation est au coeur de notre ADN

La géolocalisation, l'outil préféré des internautes

Sébastien Badault, directeur de la stratégie commerciale de Google France, l'assène d'entrée: «L'innovation est au coeur de notre ADN, elle a toujours fait partie de la philosophie de l'entreprise. D'ailleurs, 20 % du temps de nos ingénieurs y est consacré», insiste-t-il. On connaissait déjà Gmail, la boîte mail créée pour répondre aux besoins de stockage des utilisateurs. De même Google Agenda, lancé en septembre dernier, qui permet de partager son emploi du temps avec un cercle d'utilisateurs référencés. «Il s'agit toujours, pour nous, de répondre aux attentes des internautes. La fonction agenda en faisait partie», assure Sébastien Badault. Les dérivés de Google se multiplient. Avec, en ligne de mire, la fidélisation des internautes. Le rachat de YouTube, site de clips vidéo, dont le contrat n'a pas encore été finalisé, participe de la même idée. Ce site, qui a battu tous les records d'affluence - 72 millions de visiteurs en quelques mois -, n'est pas tombé dans l'escarcelle du moteur de Moutain View par hasard. Google espère, en effet, bénéficier de la notoriété de son nouveau poulain. «Google poursuit son idée jusqu'au bout, à savoir indexer le plus de contenus différents possibles, analyse Olivier Duffez, consultant en référencement chez WebRank Expert. Après les livres, avec GooglePrint, il s'attaque à la vidéo. Il sait qu'avec cette stratégie, il pourra vendre plus de publicité.» Mais l'une des plus grandes réussites de Google, c'est le lancement, en 2005, de Google Earth puis de Google Maps. Véritable succès aux Etats-Unis, ces deux applications sont ensuite parties avec brio à la conquête de l'Europe. «Nous pensons que, si nous répondons à la demande des utilisateurs, nous bénéficierons d'une forte adoption. Ca a été le cas avec Earth et Maps. Il ne nous reste plus qu'à imaginer les moyens de monétiser celle-ci», explique Sébastien Badault. En la matière, les concepteurs du site Pagesjaunes.fr ont du souci à se faire puisque Google vient tout juste de proposer aux entreprises françaises de s'inscrire gratuitement sur son site afin d'être référencées. De quoi donner des sueurs froides à l'annuaire en ligne. Pour autant, le calme semble de mise chez Pagesjaunes.fr, où l'on a bien compris l'attrait qu'exerçaient sur les internautes tous les services de géolocalisation et où l'on voit dans l'hégémonie de Google plutôt un ferment d'émulation. «Quand Google Earth a été lancé, en 2005, cela nous a donné un coup de booster et nous a obligés à aller de l'avant», se souvient Laurent Biaise, responsable éditorial du site. Et Vincent Bonneau de l'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate) d'ajouter: «Pour les entreprises, c'est sans doute l'innovation la plus intéressante. Mais je suis moins surpris par l'affluence qu'ont connue les sites proposant ce service que par le temps qu'y passent les internautes.» Un temps mis à profit par Pagesjaunes.fr pour proposer aux utilisateurs des espaces publicitaires. «La monétisation du système se fait via des «corners» (le coin d'une carte se soulève révélant une publicité)», indique Laurent Biaise. En avril dernier, lorsque le site a mis en ligne les 400 000 photographies achetées à l'Institut de géographie nationale (IGN), entre 60 et 100 millions de pages ont été vues dans le mois. Une réussite cultivée par l'annuaire en ligne qui n'a de cesse d'enrichir sa gamme de services, «à raison de deux à trois nouveautés par an», s'enorgueillit Laurent Biaise. «Nous avons mis à la disposition des internautes un service de météo et de veille du trafic. En outre, nous avons installé 250 webcams orientées vers les plages, les montagnes et les autoroutes dans tout l'Hexagone.» Autre fonctionnalité proposée par Pagesjaunes.fr: l'agenda des séances de cinéma et des spectacles. «Nous avons signé des partenariats avec AlloCiné et la Fnac qui nous ont permis de prétendre à l'exhaustivité», commente le responsable éditorial du site. Autant d'évolutions qui ont valu au site 67 millions de visites en octobre 2006, soit une augmentation de 37,8 % par rapport à l'an passé.

Antoine Alcouffe (Live.com)

«Quand on parle de 3D il ne s'agit pas, pour les bâtiments, de blocs de couleur grise. Il y a un vrai relief.»

@ Le Square, Franck Benausse

Laurent Blaise (Pagesjaunes):

«nous avons très vite cerné la demande d'informations en temps réel des internautes

Benjamin Glaesener (EBG):

«Les marques dominantes vont probablement racheter les technologies innovantes des petits acteurs.»

«Il faut voir les moteurs de recherche comme un tout»

Interview de Benjamin Glaesener, responsable pour la France chez EBG (Electronic Business Group).


Début novembre, l'EBG organisait une table-ronde réunissant les principaux acteurs du secteur des moteurs de recherche (AOL, Lycos, Ask, MSN, Google et Yahoo!). L'occasion de débattre des grands enjeux du moment


Quels sont les thèmes qui ont été abordés lors de cette table-ronde? Qu'est-ce qui préoccupe les membres du peloton de tête du secteur?
Ils ont tout d'abord discuté de la différence entre moteur de recherche et portail et appelé Google à faire son «coming out». Un moteur de recherche est censé être un carrefour d'entrée, pas un heu où on peut évoluer. Or, en multipliant les fonctionnalités disponibles, Google apparaît de plus en plus comme un portail qui fait tout son possible pour retenir les utilisateurs et les fidéliser.
Tout le monde est conscient que le marché évolue très vite. Après un bref historique, ils ont évoqué l'époque où Lycos était le portail de référence, c'était aussi le premier à avoir lancé le concept de «social search» Puis ça a été Yahoo! et enfin Google, qui n'est d'ailleurs pas à l'abri d'être supplanté par un éventuel challenger. Ils ont tous des laboratoires de recherche et de développement qui expérimentent des choses avant de les lancer. C'est la course à l'innovation. Mais, dès le moment où l'on industrialise un gadget à un niveau international, cela demande des moyens colossaux que les petits acteurs ont du mal à déployer.


A quoi peut-on s'attendre pour les années à venir?
Je pense que les marques dominantes vont probablement utiliser leurs capitaux pour racheter les technologies innovantes des petits acteurs et profiter du succès qu'ils auront atteint avant le rachat (cf. l'exemple de YouTube racheté par Google). Certains d'entre eux attendent sûrement cette opportunité. On ne peut plus voir les moteurs de recherche indépendamment de tous les services qu'ils proposent. Il faut les voir comme un tout. Ils sont déjà en train de gagner du terrain dans la recherche sur mobile. Le succès de la géolocalisation fait des petits sur les portables ainsi que les services de recherche à proximité. L'autre piste d'avenir, c'est sans doute les systèmes vidéo à la demande, de télévision sur Internet qui, à terme, seront sûrement rentables.

L'offensive Microsoft

Mais le succès que connaît Pagesjaunes.fr pourrait bien être contrecarré par l'offensive d'un autre grand du secteur, à la renommée internationale, Microsoft. Celui-ci s'apprête, en effet, à chasser sur les terres de l'annuaire en ligne en proposant, lui aussi, un système de recherche locale. Aux Etats-Unis, la 3D a déjà fait son apparition et devrait prochainement traverser l'Atlantique. «Mais attention, quand on parle de 3D, il ne s'agit pas, pour les bâtiments, de blocs de couleur grise. Il y a un vrai relief, soutient Antoine Alcouffe, chef de groupe du moteur de recherche Live.com, le nouveau fleuron de Microsoft. Nous avons également une base de photographies prises d'avion au rendu incroyable.» Les internautes peuvent aussi coupler la fonction recherche locale à celle de partage de fichiers. Via le logiciel Msn Messenger, les utilisateurs peuvent ainsi rechercher, en simultané avec sept autres personnes (maximum), un lieu et le visualiser ensemble au même moment. Si Pagesjaunes.fr est conscient de la concurrence en matière de recherche locale, ses ingénieurs font valoir leur expertise et attendent au tournant leurs éventuels challengers. «Nous sommes impatients de voir comment ils vont résoudre les problèmes d'interprétation des demandes des utilisateurs; question que nous avons déjà réglée depuis vingt-cinq ans à l'époque du Minitel», déclare Laurent Blaise.

Car, quel que soit le moteur de recherche, avant d'espérer trouver une réponse à sa question, l'internaute doit prendre le temps de la formuler. Paradoxalement, après plus de dix ans d'existence, les moteurs de recherche ne semblent toujours pas avoir résolu le problème de... la recherche. «Nous avons mis au point un véritable moteur d'interprétation de recherches qui comprend un volume entier de technologies censées circonscrire le problème, recherches phonétiques, phonémiques...», assure Laurent Biaise. Avant de reconnaître qu'« il y aura toujours des demandes pour lesquelles on aura du mal à fournir des réponses...» S'agissant d'annuaires en ligne, les possibilités sont certes étendues mais, pour les moteurs de recherche, elles deviennent tout simplement illimitées. «La compréhension de la requête est l'une des principales difficultés. Tout utilisateur attend qu'on lui fournisse des résultats pertinents, commente David Degrelle, fondateur et P-dg de l'agence de Search Marketing et conseil en marketing interactif 1ère Position. C'est ce qui a fait le succès de Google quand il est arrivé sur le marché: ses réponses étaient plus pertinentes que celles d'Altavista, le n°1 à l'époque.» Un succès beaucoup moins évident aujourd'hui, selon lui: «Tous les jours, une nouvelle fonctionnalité est annoncée. Mais, je ne vois pas de réelles innovations, surtout chez Google qui ne fait que lancer des services annexes qui ne portent pas sur la recherche pure. A la limite, les innovations émanent aujourd'hui davantage des «petits outils» de recherche.» Un postulat confirmé par certains outsiders du secteur qui ont justement privilégié la recherche à «l'effet gadget» vilipendé par le P-dg de 1ère Position.

Nicolas Goldstein Accoona):

«Outre tes liens sponsorisés, nous préparons la mise au point d'un système de coût au contact qualifié

Accoona et Ask: les outsiders

C'est le cas d'Accoona. Ce moteur de recherche d'origine américaine, avec ses investisseurs privés russes et ses capitaux chinois, était à la base uniquement tourné vers le marché chinois. Depuis juin dernier, il en est à la «phase d'approche du marché européen», comme l'explique Nicolas Goldstein, en charge du Business Development. Premier du genre à être pourvu de l'extension «.eu», Accoona n'a pas ménagé ses moyens pour séduire le public européen: prévu en sept langues (français, anglais, allemand, italien, espagnol, portugais et hollandais) à partir d'une seule et même interface, il est capable de reconnaître automatiquement la provenance des requêtes et de donner les résultats dans le langage idoine. En toute modestie, ses concepteurs définissent Accoona comme le «premier moteur intelligent». Leur argument de vente: une technologie basée sur l'intelligence artificielle. «Nous favorisons le sens des mots par rapport à leur valeur; ce qui rapproche davantage notre système de recherche du fonctionnement du cerveau humain», explique Steven Schwartz, CTO (Chief Technology Officer) d'Accoona. Mises au point, en particulier, par Gary Kasparov, ancien champion du monde d'échecs, les techniques de recherche d'Accoona intègrent dans leurs calculs l'ensemble des mots connexes au nom recherché (synonymes, antonymes, hyponymes, rétronymes...). Outre la recherche par mot-clé, Accoona propose aux internautes des recherches sur des fils d'actualité ou encore, via l'onglet Entreprises, sur la base de données de Dun & Bradstreet (équivalent de societe.com en France). Un service qui permet d'accéder facilement aux coordonnées, aux noms des dirigeants et aux chiffres-clés d'une entreprise.

Et, pour financer ses ambitions, Accoona mise sur un modèle publicitaire spécifique de pay per lead, autrement dit d'intention d'achat. «Outre les liens sponsorisés, nous préparons la mise au point d'un système de coût au «contact qualifié», affirme Nicolas Goldstein. Lors d'une recherche sur les assurances, par exemple, l'internaute se verra proposer sur le site une mise en concurrence de différents prestataires. S'il accepte, ses coordonnées seront recueillies.»

Sûr du mérite d'Accoona, Nicolas Goldstein est convaincu que celui-ci a sa place dans le marché. Et n'hésite pas à écorner au passage le leader des moteurs de recherche: «Je pense que Google gardera le monopole, mais il a tendance à devenir un acteur global sur Internet. Il ne se spécialise plus dans la recherche et se repose sur ses acquis; ce qui laisse du champ à des nouveaux entrants.» Autre acteur convaincu de faire partie de cette élite: Ask.com, anciennement Askjee- ves.com. «Ask se définit comme une alternative à Google, analyse Irène Toporkoff- Mayer, directrice d'Ask France. Comme lui, Ask utilise la popularité des liens pour classer les pages, mais il ne se contente pas de cela et analyse également la réputation de chaque page en déterminant sa pertinence auprès d'experts du domaine concerné.» Et initie ainsi le système dit «Expert Rank» qui prétend rendre obsolète le classique Page Rank lancé par Google. Outre cette technologie originale, Ask revendique la présence sur son site d'outils censés faciliter la recherche, tels ses «jumelles» qui permettent d'obtenir un aperçu des pages web trouvées par le moteur. Ou encore l'outil Related search (recherches associées), système basé sur les requêtes des internautes. «Tous nos efforts de développement sont tournés vers l'optimisation de la pertinence de la recherche, plaide Irène Toporkoff-Mayer. C'est la raison pour laquelle nous avons racheté Bloglines, le plus gros agrégateur de blogs: afin d'être les meilleurs dans la recherche de blogs.» A l'image des internautes américains qui utilisent entre trois et quatre moteurs de recherche différents, Ask espère voir cette tendance se développer en Europe avec, à la clef, la fin du moteur à tout faire. «C'est la seule recommandation que nous pouvons adresser aux internautes: comparez avant de vous limiter à Google!», défend la directrice d'Ask France.

Chiffres-clés

- Au troisième trimestre 2006, 42,6 % des foyers français avaient accès à Internet.
- 37 % des Français étaient connectes en haut débit à domicile.
- En septembre 2006, le temps passé sur le Web par visiteur unique à domicile et/ou sur le lieu de travail était de 22 h 11 min contre 19 h 25 min en août 2006 et 19 h 52 min en septembre 2005 (source Médiamétrie et GfK).
- La recherche sur le Web est la deuxième activité la plus utilisée par les internautes, après les e-mails. Le marché des moteurs de recherche devrait croître de 5,8 milliards en 2004 à 19,4 milliards de dollars en 2009 (source Goldman Sachs).

David Degrelle (1ère Position):

«Seule une vraie rupture technologique forte pourra expliquer le succès d'un nouvel acteur dans la recherche

Wikio, la recherche d'actualité à l'heure du 2.0

Lance fin juin 2006, Wikio est un nouvel entrant dans le secteur de la recherche sur le Web qui a reçu au mois de septembre dernier pas moins de 500 000 visiteurs. Son signe particulier: il s'est spécialisé dans la recherche d'informations dans les médias et les blogs. «II ne nous serait pas venu à l'idée de lancer un moteur de recherche concurrent à Google, explique Laurent Binard, directeur général de Wikio. Notre positionnement sur le marché spécifique de l'information rend notre activité compatible avec lui.» Mais pourquoi avoir choisi ce champ précisément? «L'idée était d'apporter de la valeur ajoutée à l'information. Aujourd'hui, elle est traitée uniquement par les grands médias, affirme Laurent Binard. Or, les blogueurs jouent un rôle de plus en plus important. Quand on sait qu'il se crée un blog par seconde dans le monde, on se dit que l'on ne peut pas passer à côté, à condition bien entendu, de trier les plus pertinents.» Pour cela, wikio a mis au point un algorithme permettant de détecter les blogs de qualité. Chaque blogueur recommande toujours une liste d'autres blogs. wikio s'en empare et les indexe. M permet ainsi de suivre toutes les discussions et débats de la blogosphère.
Laurent Binard défend, lui aussi, «l'influence de l'humain dans la recherche». Prochaine innovation: l'indexation de la voix en texte qui permettra de rechercher de l'information dans les émissions de radio et les journaux télévisés.

«Human Compilation»

Des bonnes intentions qui ne convainquent pas vraiment David Degrelle: «On commencera à s'intéresser à Ask quand il générera du trafic. Seule une vraie rupture technologique forte pourra expliquer le succès d'un nouvel acteur», martèle-t-il. Or, d'après lui, c'est du côté de l'intelligence collaborative, avatar du Web 2.0 qu'il faut creuser. «C'est en ramenant de l'humain dans la recherche que l'on avancera», s'obstine-t-il. Et de citer les exemples de «Human Computation» lancés aux Etats-Unis qui font intervenir des humains là où l'ordinateur est incapable d'agir. «Dans la recherche d'images, il suffit d'utiliser les internautes, bien plus aptes qu'un ordinateur à décrire précisément un visuel et à lui assimiler les mots-clés adéquats.» Dans le même ordre d'idées, les systèmes de questions-réponses lancés par certains moteurs sont une autre illustration de la prise de pouvoir de l'internaute sur le Web. «C'est loin d'être une nouveauté, tempère Vincent Bonneau. En Asie et en Corée notamment, on en trouve depuis trois à quatre ans. Tous les moteurs de recherche testent des idées là-bas avant de les exporter.» Début novembre, Yahoo! tente, lui aussi, l'expérience. Le principe des questions-réponses est simple: les internautes posent leurs questions en langage naturel et attendent les réponses des autres utilisateurs en temps réel. «Ce que l'on trouve sur le Web préexiste. C'est un contenu mort qui ne bouge pas, contrairement au contenu interactif, soutient Olivier Parriche, directeur de Yahoo! France. Au-delà de la technologie algorithmique, certes essentielle, le plus important, c'est la façon dont les internautes effectuent leurs recherches.» D'où la naissance du concept de «social search», c'est-à-dire de recherche communautaire. «L'idée est de se servir des utilisateurs pour ajouter un filtre sur les algorithmes et accroître la pertinence des recherches.» Chez Yahoo!, c'est la communauté qui gère le produit de bout en bout. Elle peut, notamment, sanctionner les abus grâce à un système de drapeaux. «Avec les questions-réponses, nous espérons créer un nouveau réflexe et bouleverser la recherche classique», estime-t-il. «

Si l'on parvient à créer une vraie base de connaissances collectives telle que Wikipedia, il y a une vraie différenciation possible», admet Vincent Bonneau. Mais attention, à trop vouloir rendre l'internaute acteur, on risque aussi de perdre en qualité. «Cette tendance n'est pas forcément pour le bien de tous, conteste David Degrelle. Quand on regarde Yahoo!, par exemple, on constate que les questions comme les réponses sont assez affligeantes.» Et Olivier Duffez de confirmer: «C'est un problème lié à l'humain: il faut de la modération.»

La révolution de demain, qui intègre l'humain dans la recherche sur Internet, a certes encore des progrès à accomplir, mais elle est en marche, à n'en pas douter.

Olivier Parriche (Yahoo! France):

«Au-delà de la technologie algorithmique, le plus important, c'est la façon dont les internautes réagissent, comment ils effectuent leurs recherches.»

 
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Charlotte Collonge

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