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Un carnet d'adresses qui vaut de l'or

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RETROSPECTIVE Forte de ses 45 millions de membres, la société française Viadeo vient de réaliser une levée de fonds record de 24 millions d'euros. Le réseau social professionnel va les mettre à profit pour améliorer sa plateforme et poursuivre son développement international. En attendant sa prochaine entrée en Bourse...

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En moins de dix ans, les réseaux sociaux professionnels en ligne sont devenus incontournables. On s'y rend pour chercher de nouveaux partenaires, fournisseurs et clients, recruter, trouver un emploi, développer son carnet d'adresses professionnel... Fondé il y a huit ans par Dan Serfaty et Thierry Lunati, Viadeo est aujourd'hui un des leaders du domaine. La société française se positionne, en effet, au deuxième rang mondial derrière LinkedIn. Elle compte plus de 45 millions de membres, originaires de 226 pays. Viadeo possède 12 bureaux dans le monde, en Europe, Amérique et Asie, qui emploient 400 salariés. Le groupe est rentable depuis 2009. Avec près d'1 million de nouvelles inscriptions chaque mois, il connaît une croissance exponentielle. Tout a commencé fin 2003. Dan Serfaty fait alors la connaissance de Thierry Lunati, qui vient de vendre Caramail. Ensemble, ils lancent un club d'entrepreneurs, baptisé Agregator. Pour le développer, ils imaginent une sorte d'intranet. Le but: permettre aux membres d'échanger leur carnet d'adresses. Une façon de passer du networking off line au networking on line. Après réflexion, ils optent pour une structure ouverte à tous. Ainsi naît Viaduc, à l'été 2004. A peine lancé, il doit affronter la concurrence de LinkedIn, qui compte déjà 50000 membres en France. Viaduc fait malgré tout son trou. Les mois passent. Devant le succès de l'entreprise, le site, initialement en accès gratuit, lance courant 2005 une formule payante.

A la conquête de l'Europe et de l'Asie

En 2006, le réseau social, qui réunit 500 000 utilisateurs, ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Il réalise sa première levée de fonds, - 5 millions d'euros -, auprès d'AGF Private Equity et de Ventech. Son objectif: ouvrir des plateformes européennes et créer de nouveaux services. Le site se décline rapidement en anglais, en français et en italien, puis en espagnol, allemand et portugais. Pour réussir à l'international, l'entreprise change de nom en décembre 2006. Viaduc devient Viadeo. Il conclut un accord de coopération stratégique avec Tianji, le plus important réseau social professionnel chinois. «Ce partenariat avec Tianji illustre bien notre stratégie d'ouverture à l'Asie. Dans cette optique, Viadeo n'a pas souhaité ouvrir sa propre plateforme en Chine. Au contraire, Viadeo a décidé de s'appuyer sur la marque et la notoriété de Tianji, sa capacité à comprendre son marché et à y développer des services en parfaite adéquation avec les besoins et les attentes de ses membres et des nôtres», précisait à l'époque Dan Serfaty En 2007, le groupe atteint le million de membres. Il réalise une nouvelle levée de fonds de 5 millions d'euros auprès de ses investisseurs historiques. Son développement à l'international devient une priorité.

Pas question cependant d'exporter le même modèle à travers le monde. Face à l'approche globale de LinkedIn, Viadeo joue la carte du local. Un choix qui s'appuie sur un simple constat: la majorité des profils est rédigée dans la langue d'appartenance au pays et les échanges restent souvent concentrés à l'intérieur des frontières. Cette stratégie prend également en compte la spécificité des cultures nationales. Ces dernières influencent la manière dont les membres d'un réseau gèrent leurs relations professionnelles. En Chine, par exemple, on n'entre pas aussi facilement en contact avec quelqu'un qu'en France. En Inde, on consulte toujours son horoscope avant de prendre une décision liée au business. Viadeo mise alors sur les acquisitions externes. Il rachète Tianji en Chine en 2008, puis le réseau indien ApnaCircle et le carnet d'adresses intelligent canadien Unyk en 2009. Après une troisième levée de fonds de 5 millions d'euros, le groupe ouvre un bureau à San Francisco. Il s'agit de se rapprocher du poumon du Web, la Silicon Valley. La conquête du marché africain passe par l'installation d'un premier bureau à Dakar en 201 1 puis d'un autre, à Casablanca, en 2012. « L'Afrique est un continent très important pour Viadeo. Nous y comptons 2 millions de membres, dont 1 million dans le Maghreb. Nous sommes donc fiers d'être le premier réseau social international à s'y implanter», déclare Chams Diagne, directeur général de Viadeo Afrique. La Russie n'échappe pas aux ambitions de l'entreprise. Fin 2011, la société y a ouvert un bureau. Elle a aussi créé une joint-venture avec Sanoma Independent Media, l'un des plus grands groupes de médias russes. Ce faisant, Viadeo est aujourd'hui présent et actif sur tous les marchés émergents de la zone BRIC: le Brésil, la Russie, l'Inde et, bien entendu, la Chine, où s'est installé Dan Serfaty. Là-bas, Viadeo compte 10 millions de membres et en recrute 500 000 nouveaux chaque mois.

Un outil au service du business et des entrepreneurs

Viadeo a construit son succès non seulement grâce à son offre B to C (abonnements premium), mais aussi en proposant des solutions B to B. Des services ont été spécialement développés pour les cabinets de recrutement et les chasseurs de têtes. Une population qui compte parmi les utilisateurs les plus assidus du site. Plusieurs services leur permettent de rechercher et d'identifier les meilleurs candidats potentiels, de communiquer avec ceux qui sont à la recherche d'opportunités, de créer des offres d'emploi mais aussi de gérer tout l'historique des candidatures sur une seule interface. Les écoles et formations peuvent aussi faire appel aux services de Viadeo pour dénicher leurs futurs étudiants. Enfin, Viadeo commercialise des solutions marketing. Elles permettent aux marques de toucher un public ciblé et d'augmenter ainsi leur notoriété.

L'année dernière, Viadeo a franchi une nouvelle étape en ouvrant son interface de programmation aux développeurs. Ainsi, les entreprises ont accès aux données et au social graph des membres du réseau. Elles peuvent s'en servir pour développer des applications qui les exploitent afin de les intégrer directement sur leur site. Le but: faciliter l'interactivité et stimuler la participation de leurs utilisateurs. « L'interconnexion des plateformes est au coeur des prochaines générations de réseaux sociaux. Les développeurs innovants dessinent le Web de demain en créant des applications qui permettent de relier les services entre eux, explique Dan Serfaty. Nous sommes également désireux de soutenir l'innovation. En effet, nous réfléchissons à des business models fondés sur le revenue sharing. C'est donc une réflexion de fond tournée vers le futur qui nous anime. »

Après l'entrée en Bourse de LinkedIn courant 2011, on s'attendait à ce que Viadeo suive la même voie. Le groupe avait une autre idée en tête. Il a créé la surprise en annonçant une levée de fonds historique sur le marché de l'Internet européen: 24 millions d'euros. «Viadeo est un acteur leader sur son marché, qui a toujours été très économe en capital, avec moins de 15 millions d'euros levés depuis sa création, remarque Dan Serfaty. Au vu de nos perspectives de croissance et après trois ans de développement autofinancés, il était temps de passer à la vitesse supérieure. Nous recherchions des investisseurs soucieux de nous soutenir sur le long terme, jusqu'après notre éventuelle entrée en Bourse, pour accélérer notre développement. »

Plusieurs investisseurs ont participé à ce tour de table. Outre les actionnaires historiques, Idinvest et Ventech, Viadeo a réussi à convaincre de nouveaux investisseurs internationaux tels que la banque Jefferies, Allianz, ainsi que des fonds du Moyen-Orient. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) a, quant à lui, apporté 1 0 millions d'euros. Un signal fort qui positionne Viadeo comme l'un des acteurs majeurs du numérique dans l'Hexagone. Grâce à ces fonds, Viadeo va renforcer sa présence dans les pays émergents. Une partie de l'argent servira à monter une équipe recherche et développement entièrement dédié aux plateformes mobiles. De quoi se présenter sous son meilleur jour quand viendra le moment d'entrer en Bourse...

Une des forces de Viadeo est de proposer à la fois des solutions en B to C et en B to B.

Une des forces de Viadeo est de proposer à la fois des solutions en B to C et en B to B.

Olivier Fecherolle Directeur stratégie et développement de Viadeo

Olivier Fecherolle Directeur stratégie et développement de Viadeo

Interview

Olivier Fecherolle
Directeur stratégie et développement de Viadeo
« Les réseaux sociaux sont bien plus qu'un effet de mode»


Qu'est-ce qui vous différencie de LinkedIn, votre concurrent majeur?
Viadeo est, comme son concurrent principal, un réseau social professionnel en ligne qui souhaite jouer un rôle au-delà de son territoire d'origine. Mais nous sommes différents sous plusieurs aspects. Chez Viadeo, nous pensons que le marché professionnel est d'abord local. Il est indispensable de s'adapter aux spécificités de chaque territoire. C'est pourquoi au lieu de gaspiller notre argent en essayant de rivaliser aux Etats-Unis, nous avons préféré miser sur les pays émergents. Depuis 2006, nous avons enchaîné les acquisitions en Chine, où nous sommes leaders, mais aussi en Inde et en Amérique du Sud. Il faut y faire beaucoup moins de pédagogie qu'en Europe. En Chine par exemple, toutes les entreprises ont compris l'importance d'Internet.
Sur quoi repose votre modèle économique?
50 % de nos revenus proviennent des abonnements premium, 20 % de la publicité et 30 % des services aux recruteurs. Nous comptons faire progresser cette dernière partie.


Vous avez réussi à lever 24 millions d'euros, dont 10 proviennent du Fonds stratégique d'investissement (FSI). Qu'est-ce que cela représente pour le groupe?
Cette levée de fonds est l'une des plus importantes réalisées ces cinq dernières années. Les 10 millions apportés par le FSI sont une reconnaissance pour le secteur. Cela prouve que les réseaux sociaux professionnels sont bien plus qu'un effet de mode. Le FSI a une vision à long terme et il sera capable de financer régulièrement notre croissance.


A quoi ces fonds vont-ils servir?
Nous avons défini trois axes. Le premier concerne la Chine. Nous allons continuer à investir dans ce pays, qui connaît une croissance très rapide mais possède encore un potentiel incroyable. Nous comptons aussi poursuivre notre développement dans les autres pays émergents. Enfin, nous allons améliorer la plateforme. Une nouvelle version vient d'être lancée fin juin. Nous comptons également développer plus de services à destination des recruteurs et renforcer les équipes qui les commercialisent.


Envisagez-vous d'entrer prochainement en Bourse?
Nous avons choisi de privilégier dans un premier temps la levée de fonds. La suite logique est effectivement l'entrée en Bourse. Cela pourrait se faire d'ici 24 à 36 mois.

 
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Solenne Durox

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