Le vote de confiance : un test décisif pour la stabilité du retail
Alors que l'Assemblée nationale s'apprête à se prononcer sur un vote de confiance décisif, le Conseil du Commerce de France, par la voix de son président Guy Gras, appelle solennellement les députés à mesurer la portée économique de leur décision. Le secteur, déjà fragilisé par des vents contraires, redoute une possible période d'instabilité prolongée dont les conséquences pourraient s'avérer désastreuses pour l'ensemble des entreprises du commerce.

L'instabilité politique, grande ennemie du commerce ! Cela fait à présent une dizaine de jours que les acteurs de la grande distribution : Thierry Cotillard, Alexandre Bompard, Michel-Edouard Leclerc, Dominique Schelcher, prennent la parole au sein des médias pour en appeler à la responsabilité des politiques concernant l'impact du vote de confiance sur la consommation. Dans son courrier daté du 2 septembre 2025, Guy Gras, Président du Conseil du Commerce de France et Directeur Gouvernance et Conformité chez Groupe Rocher, alerte à son tour sur les risques d'instabilité économique et de blocage institutionnel découlant d'une crise politique prolongée. Les commerçants, écrit-il, "Ont besoin avant tout de stabilité économique" non seulement pour investir, mais aussi pour moderniser leurs infrastructures et s'adapter aux défis de la transition écologique et numérique. Chaque incertitude supplémentaire pèse lourdement sur les arbitrages stratégiques des entreprises.
L'anxiété n'est pas feinte puisque selon le président du CdCF, une crise politique risquerait de plonger le secteur dans une période de doute et d'attentisme, au détriment du recrutement, du maintien de l'activité, et des nécessaires investissements dans la formation et la modernisation.
Une fragilisation accrue des entreprises du commerce
La missive insiste également sur la vulnérabilité actuelle des entreprises du commerce, déjà fragilisées par la triple menace de l'inflation, de la baisse de la consommation et d'une concurrence internationale déloyale. Guy Gras pointe l'effet domino d'un blocage des institutions, qui viendrait freiner l'avancée des réformes prévues : projets de loi de finances, simplification administrative, taxation du fast fashion ou des colis, et autres dispositifs visant à rééquilibrer la compétitivité du commerce français seront autant de chantiers retardés ou menacés.
Cette paralysie institutionnelle pourrait ainsi aggraver la situation des secteurs déjà en souffrance comme l'équipement de la personne et entraîner un recul général de la consommation et de l'emploi dans les mois à venir.
Les réformes vitales sur la sellette
Un autre volet du courrier de Guy Gras souligne que l'attentisme - suscité par un manque de visibilité politique - risque de compromettre l'ensemble des réformes essentielles portées par le gouvernement ces derniers mois. Les dirigeants du commerce attendent beaucoup des mesures visant à simplifier l'environnement réglementaire, dynamiser la consommation et pérenniser l'emploi : tout retard dans leur mise en oeuvre pourrait avoir un effet dévastateur sur l'écosystème des PME et enseignes, déjà éprouvées par la crise sanitaire puis par l'inflation.
Appel à la responsabilité collective
Enfin, le président du Conseil du Commerce de France conclut son appel sur une note de pragmatisme : il s'agit, dit-il, de privilégier "Le principe de réalité économique" et de placer la stabilité au coeur de la vitalité économique des territoires. Là où trop de débats se polarisent sur des positions partisanes, Guy Gras rappelle l'urgence d'une prise de conscience collective : la prospérité des commerces et, in fine, des territoires dépend d'un climat institutionnel apaisé, gage d'investissement et d'attractivité.
Après la mobilisation inédite du patronat début septembre regroupant six organisations majeures (Medef, CPME, U2P, Meti, CroissancePlus et Ethic) pour alerter sur les risques économiques liés à la crise politique, les ETI se sont elles aussi mobilisées par une lettre ouverte le 5 septembre en demandant aux parlementaires pour voter dans le sens " de l'activité économique du pays".
Le vote de confiance du 8 septembre engage bien plus que la simple stabilité politique. Il conditionne directement la capacité du commerce français à faire face aux défis économiques de demain, à innover et à préserver des centaines de milliers d'emplois.
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