[Paris Retail Week] La réinvention du retail est en marche
La plénière d'ouverture de Paris Retail Week montre la voie d'un retail plus engagé dans les problématiques de société. Des entrepreneurs convaincants sont venus témoigner, le 24 septembre 2019, des enjeux liés à cette réinvention.
Je m'abonneDavid Giraudeau, directeur général de l'enseigne La Mie Caline, Emery Jacquillat, P-dg de Camif Matelsom, Antoine Jouteau, CEO du site Leboncoin et Uriel Karsenti, founder et CEO du site de mode Maison Standards, ont répondu présents en ouverture du salon Paris Retail Week pour partager leur vision des grandes évolutions mises en avant dans l'étude Havas Paris Shopper. Cette étude montre que l'on arrive dans un moment clé pour le retail avec un rééquilibrage entre le physique et le digital.
La vision écologique des marques
La première tendance mise en perspective est la prise de conscience mondiale des consommateurs sur le sujet de l'écologie. Ils sont de plus en plus nombreux à boycotter les marques polluantes, ont honte de prendre l'avion, plébiscitent le second hand... Et certains acteurs font même le choix de se lancer avec un ADN zéro déchet. Pour Emery Jacquillat, P-dg de Camif Matelsom, laquelle fait partie des pionnières des entreprises à mission, "l'entreprise doit intégrer ces enjeux sociaux et environnementaux". Une position que Camif suit depuis l'origine en privilégiant le "made in France", notamment. Même conviction du côté d'Antoine Jouteau, CEO du Boncoin: "L'écologie est au coeur de la culture et du business du Boncoin, qui reste la première recyclerie de France. Le fait d'acheter de l'occasion compense des achats neufs." Le site constate qu'en moins de 10 ans, la raison écologique est passée en tête des raisons d'achat sur le site, juste après les motivations liées au pouvoir d'achat. "Grâce à ce phénomène de compensation, 8 millions de tonnes de CO2 sont économisées par an en utilisant le Boncoin, soit 2 ans et demi de Paris sans voiture!", souligne Antoine Jouteau.
Les nouvelles radicalités du commerce
Autre tendance mise en perspective dans l'étude Havas Paris Shopper, l'attente par les consommateurs de nouvelles radicalités dans le retail. Depuis des années, l'uniformisation du parcours d'achat a rendu l'expérience en magasin fade. Certains espaces physiques font leur révolution et sont aujourd'hui pensé comme des pages de publicité, sans vente de produit. Quant aux consommateurs, ils attendent de la transparence, de l'engagement de la part de leurs marques et enseignes favorites...
Au sein de l'enseigne La Mie Caline, c'est la notion de proximité qui prime comme parti pris fort. "Des enseignes comme la Mie Caline doivent faire attention à l'uniformité. Nous avons une volonté forte de nous inscrire dans le local, d'épouser les particularités régionales et départementales... La Mie Caline est composée de 95% de franchisés, lesquels ont le devoir de participer à la vie locale et à l'animation des centres villes", explique David Giraudeau, le Directeur Général de l'enseigne.
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Pour chacun, la radicalité peut prendre une forme différente, comme Camif, qui a décidé en 2017 de fermer son site lors du Black Friday. "Nous souhaitions que les consommateurs s'interrogent sur cette frénésie d'achat et repensent leur mode de consommation pour consommer moins mais mieux", explique Emery Jacquillat. "Oui cela nous parle", renchérit Antoine Jouteau, CEO du Bon Coin. "En 2028, les achats d'occasion dépasseront l'achat de produits neufs, selon les dernières prévisions. Nous sommes dans cette forme de radicalité."
Le retour du test
Autre tendance mise en perspective, le retour du test de produits. Pour 82% des consommateurs, le vrai plaisir est de pouvoir toucher les produits. Le retail physique devient ainsi à nouveau à la mode avec une composante experiencielle. Decathlon, par exemple, propose de tester ses produits chez soi dans 7 jours. "C'est quelque chose qui m'inquiète car le test est à l'encontre d'une bonne gestion écologique. Je préférerai que l'on recrée des commerces de proximité et que l'on remaille nos territoires pour que les gens se déplacent", nuance Antoine Jouteau, CEO du Bon Coin.
L'IA au secours du physique
Car les injonctions dans les attentes de consommateurs sont parfois paradoxales, entre envie de toujours plus de services et, en même temps, d'enseignes plus écologiques. Il en va de même pour les nouvelles technologies, comme l'IA. Elle peut optimiser la logistique, l'expérience en magasin. Et à 69% les consommateurs pensent que l'IA risque de les influencer dans la manière d'acheter. Sur ce sujet, Emery Jacquillat met en garde: "Je pense que l'IA est de l'ingérence car cela implique de la collecte de données... Il faut rester vigilant et pousser pour un encadrement des pratiques."
Du bêta au béton
Dernière tendance mise en avant par l'étude Havas Paris Shopper, les formes de réinvention qui viennent du digital. Et certains magasins physiques deviennent des laboratoires pour mieux comprendre leur client. Un point de vue que partage Uriel Karsenti, le créateur de la marque de mode Maison Standards, laquelle innove par un concept eco-responsable et très communautaire. "L'expérience client est devenue fondamentale pour les marques. Dans notre modèle, les marques se lancent en demandant à la communauté de participer et de passer des pré-commandes. L'expérience physique sert à créer de l'émotion. Chaque canal a un rôle à jouer qui peut être complémentaire", conclut-il.
À écouter ces quatre entrepreneurs, en avant-garde des évolutions du retail, on image que le temps des changements de posture ne fait que commencer...