Entreprise à mission : le pari gagnant de Greenweez
Quatre ans après avoir adopté le statut d'entreprise à mission, Greenweez, acteur français de l'e-commerce bio, dresse un bilan sans concession de sa transformation. Son fondateur, Romain Roy, partage sa vision d'un modèle économique où la performance sociale et environnementale s'impose comme moteur de croissance et de fidélité.

Un virage assumé et structurant ! En 2021, Greenweez franchit un cap décisif en devenant entreprise à mission. Pour Romain Roy, ce choix n'était pas qu'un affichage : "Nous avons voulu inscrire noir sur blanc notre raison d'être, qui est de faciliter l'accès à la consommation responsable au plus grand nombre, et nous donner les moyens de mesurer et de piloter notre impact". Cette démarche, qui oblige "à rendre des comptes", a profondément structuré l'organisation. "L'entreprise à mission, ce n'est pas un gadget marketing. C'est une boussole qui irrigue toutes nos décisions stratégiques, des achats à la logistique, en passant par le management", reconnaît le fondateur.
Des résultats tangibles... et des défis
Quatre ans plus tard, le fondateur de Greenweez constate des avancées concrètes. "Nous avons travaillé sur différents leviers comme la sensibilisation de nos parties prenantes, la réduction de notre impact carbone, la rationalisation de notre catalogue vers des produits toujours plus responsables voire régénératifs et la circularité de nos invendus". Mais il reconnaît que la route reste longue : "L'impact positif, ce n'est pas une option, c'est un chemin exigeant. Il faut accepter de se remettre en question en permanence, d'investir dans la formation, dans l'innovation, parfois au détriment du court terme".
La transparence, imposée par la loi PACTE et les audits externes, a aussi ses vertus : "Cela nous oblige à être crédibles, à ne pas nous contenter de promesses. Chaque année, notre comité de mission vérifie nos progrès et pointe nos angles morts. C'est parfois inconfortable, mais c'est le prix de la confiance".
Un levier de fidélisation et d'attractivité
Au-delà de l'impact environnemental, Romain Roy souligne l'effet positif sur la fidélisation des clients et l'engagement des équipes. "Les clients sont de plus en plus attentifs à la sincérité des engagements. Ils ne veulent pas de greenwashing. Quand ils voient que notre mission irrigue vraiment nos pratiques, ils restent fidèles". Même constat côté collaborateurs "Recruter et garder des talents, c'est plus simple quand on porte un projet qui a du sens. Les jeunes générations veulent contribuer à quelque chose de plus grand qu'eux".
Un modèle économique qui s'impose
Face à la montée des exigences réglementaires et sociétales, l'entreprise à mission va s'imposer comme un standard. Il ne s'agit plus de faire l'économie de la responsabilité, les consommateurs, les investisseurs, les partenaires attendent des preuves. Ceux qui ne s'adapteront pas risquent de disparaître. Romain Roy cite l'exemple du secteur alimentaire, sous pression pour réduire l'impact environnemental et garantir la traçabilité et affirme que, "Les crises récentes ont montré que la confiance se gagne sur la durée".
Surmonter les limites... en attendant les bénéfices
Romain Roy ne cache pas les difficultés, notamment pour entraîner l'ensemble de la chaîne de valeur, puisqu'il a encore beaucoup de fournisseurs qui n'ont pas entamé leur transition. "Notre rôle, c'est aussi de les accompagner, de partager nos outils, nos audits, de créer une dynamique collective". Il insiste sur la nécessité d'une coopération sectorielle : "Aucun acteur ne pourra réussir seul. Il faut des coalitions, des standards communs, des incitations publiques".
Sur le plan économique, il reconnaît que l'engagement a un coût, mais relativise : "Oui, il y a un surcoût à court terme, mais il est marginal au regard des bénéfices à long terme : fidélisation, innovation, anticipation des risques. L'entreprise à mission, c'est un investissement dans la pérennité".
Un message positif pour les entrepreneurs
À ceux qui hésitent à franchir le pas, Romain Roy adresse un message sans détour : "Il ne faut pas avoir peur de la contrainte. La mission, ce n'est pas une camisole, c'est un moteur. Elle donne du sens, fédère, attire les talents et les clients. Et surtout, elle oblige à se dépasser." Pour lui, l'avenir appartient aux entreprises capables de conjuguer performance économique et impact positif. A priori, ce modèle n'est pas réservé aux pionniers. Il va devenir la norme.
Quatre ans après avoir adopté le statut d'entreprise à mission, Greenweez confirme que l'engagement sociétal et environnemental, loin d'être un frein, est un levier de transformation et de croissance. "Nous n'avons pas toutes les réponses, mais nous avançons avec sincérité. L'essentiel, c'est d'agir et de progresser, pas d'être parfait du premier coup", conclut Romain Roy.
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