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Leroy Merlin : « Nous nous intéressons à la cobotisation »

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Leroy Merlin : « Nous nous intéressons à la cobotisation »

Olivier Vasseur, directeur des opérations logistiques de Leroy Merlin, revient sur la stratégie supply chain mise en place par l'enseigne et décrypte les grandes tendances du secteur. L'occasion également d'évoquer les grands enjeux de la logistique face aux défis environnementaux.

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Quels sont les enjeux de Leroy Merlin dans la supply chain ?

Aujourd'hui, les consommateurs veulent commander depuis n'importe quel canal (téléphone, web, magasin...) et quand ils le souhaitent. Les clients exigent également une livraison flexible : point relais, click and collect en 2h (50 % du chiffre d'affaires en ligne, NDLR), livraison à domicile, lockers... Notre stratégie supply chain doit répondre à ses besoins. Pour cela, nous devons disposer du stock demandé par nos clients. En termes d'organisation, nous sommes passés de trois entrepôts à 17 dont trois nationaux (Dourges, Valence et Combs-la-Ville). Comme pour l'ensemble des distributeurs et des e-commerçants, notre enjeu est double : tenir notre promesse de livraison et proposer des délais courts.

Pour un même article proposé, le chiffre d'affaires réalisé par différents retailers ne sera pas le même : il sera plus important pour celui qui livre rapidement. Néanmoins, ce délai de délivrance doit être cohérent avec le marché. Nous envoyons nos colis de moins de 30 kg à J + 1. Et pour les produits encombrants stockés dans nos entrepôts, nous sommes à J + 3. Notre stratégie est de rapprocher le stock le plus possible de sa destination finale. Pour cela, nous renforçons notre maillage d'entrepôts régionaux (huit à date). Le but est de réduire les délais de livraison des commandes effectuées en magasins et sur le web.

Quid de l'e-commerce dans ce paysage ?

L'an dernier, Leroy Merlin a réalisé un chiffre d'affaires de 8,9 milliards d'euros, en hausse de 12,5 %. L'e-commerce a fortement augmenté au sein de notre enseigne (en croissance de 55 % en 2021) et Leroy Merlin a dépassé le milliard de chiffre d'affaires dans le commerce en ligne. Il représente 11 % des ventes au global. Nous nous appuyons aujourd'hui sur trois entrepôts dédiés à l'e-commerce (Oignies, Évry et Fos).

Quelle volumétrie traitez-vous annuellement ?

Dans nos huit entrepôts régionaux, nous réalisons en moyenne 70 % de nos livraisons en cross docking (préparation de commandes permettant de se passer des phases de stockage des produits en entrepôt et du picking, NDLR) afin de massifier les transports. 25 % sont les préparations en stock où nous livrons directement nos magasins et 5 % en e-commerce. Concernant nos trois sites nationaux, nous effectuons 90 % des commandes en magasins et 10 % en e-commerce. Au global, nous expédions 3 millions de colis depuis nos entrepôts.

Quelles sont les tendances actuelles dans la livraison et les spécificités du marché français ?

Nous avons un sujet de capacité de transport notamment lors des pics d'activité (opérations commerciales, produits saisonniers, aléas climatiques...) pour livrer à domicile. En 2021, nous avons effectué 4 millions de livraisons à domicile. Je suis convaincu que le réseau de lockers (consignes automatisées) va fortement se développer. Il viendra compléter les points relais. La problématique RSE est également très importante lorsque vous livrez les grandes villes. Les restrictions sont extrêmement claires en termes d'horaires, véhicules, rues interdites, tonnages... Nous devons nous adapter à cette réglementation. Dans les prochaines années, nous aurons peut-être des hubs à proximité des grandes métropoles pour massifier au maximum l'ensemble des commandes clients des différentes enseignes du groupe (Leroy Merlin appartient au groupe Adeo comprenant également Weldom, Kbane, Bricoman, Alice Délice et Zodio, NDLR). Il est fort probable que nous allons de plus en plus vers des mutualisations lors des tournées.

Justement, comment répondez-vous à l'équation conjuguant une livraison de plus en plus rapide et l'enjeu environnemental?

Notre première démarche est de remplir au mieux nos camions via la massification pour réduire notre empreinte carbone. Nous demandons à nos fournisseurs de livrer directement nos entrepôts pour regrouper leurs flux pour nos magasins. Concrètement, si nous prenons notre dernier entrepôt régional à Villette-d'Anthon (Isère) de 36 000 mètres carrés, opérationnel depuis juillet 2020, 7 000 camions partiront du site en 2022 et parcourront 750 000 kilomètres au global. 90 % d'entre eux utilisent des énergies renouvelables dont la moitié avec du biogaz. Cela représente 80 % d'économie de CO2 (par rapport au gasoil). Et l'autre moitié avec du colza français, soit 60 % d'économie.

Pensez-vous que l'automatisation et la robotisation font partie de l'avenir des entrepôts ?

La logistique suit le même chemin que l'industrie automobile il y a 20 ans.

Concernant l'automatisation et la robotisation, nous fonctionnons par typologie de produits. Les petits articles et ceux de taille moyenne sont les plus faciles à gérer via des process mécanisés aujourd'hui. Le point d'attention porte sur l'ergonomie, notamment sur la partie picking. À l'été 2021, nous avons mécanisé en partie l'un de nos entrepôts nationaux, celui de Réau (Seine-et-Marne), plus grande plateforme logistique du réseau (72 000 m2). Le gain est réel, puisque depuis l'ouverture de ce site, nous ne déplorons aucun accident de travail. Nos opérateurs ne portent pas les produits ce qui limite la pénibilité des tâches des collaborateurs. Bien sûr, vous augmentez également la productivité et la disponibilité des produits. Nous avons par ailleurs mis en place sur un autre site des robots en mode « goods to man », avec le prestataire Scallog, à destination de nos ventes en ligne.

Quelles sont les innovations les plus intéressantes pour votre enseigne ?

Nous sommes en veille sur les solutions de mécanisation qui pourraient aider nos opérateurs dans leurs tâches, ce qu'on appelle de la cobotisation. Un robot qui aide l'humain, notamment pour porter des produits pondéreux ou problématiques en termes de dimensions. Les innovations sur les exosquelettes font également partie des sujets que nous suivons, même si cela reste peu développé dans les entrepôts aujourd'hui.

Comment voyez-vous évoluer le rôle des opérateurs dans vos entrepôts ?

Les postes évoluent avec les nouvelles technologies. Par exemple, les préparateurs parcourent moins de kilomètres par jour, les fonctions sont plus statiques que dynamiques. C'est un changement important pour les équipes, d'où l'importance de les faire changer régulièrement de poste pour que leur travail demeure intéressant. De nouveaux métiers apparaissent également avec la mécanisation, notamment dans le pilotage d'activités, l'analyse de la data ou la maintenance.

Comment expliquez-vous cette tension dans le secteur de la logistique ?

Les besoins liés à la logistique sont très forts avec l'explosion de l'e-commerce. Auparavant, nous livrions des produits en palette ou dans des boîtes regroupant plusieurs articles, avec le commerce en ligne, nous sommes passés à la logistique au détail. Aussi, votre besoin en main-d'oeuvre est plus conséquent. Le plein-emploi arrive. Ces deux facteurs combinés entraînent des difficultés dans le recrutement du personnel sur les sites logistiques. C'est pourquoi, les retailers doivent être différenciants. Nous réfléchissons à créer notre propre école de logistique pour élargir notre panel de recrutement.

Son parcours :

2001

Olivier Vasseur est diplômé de l'école d'ingénieurs Icam à Lille. Il commence sa carrière en tant que responsable expéditions, réception et préparation de commandes chez Redcats. En 2005, il devient responsable de production et maintenance au sein de La Redoute. Puis, il est nommé directeur de site chez Daxon.

2014

Il rejoint Leroy Merlin en tant que directeur du site logistique de Dourges. Parallèlement en 2017, il devient directeur des opérations logistiques.

 
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