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La supply chain à l'ère du transport bas carbone et des emballages « Smart »

Publié par le - mis à jour à
Lush Lens (encadré)
Lush Lens (encadré)

Mieux consommer, mieux vendre et mieux distribuer, ces impératifs font consensus. Mais côté supply, l'essor de l'e-commerce vient contrarier ces ambitions. Comment faire mieux quand il faut en même temps faire plus ?

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Transport, logistique, livraison, emballage... La supply chain est un secteur d'activité qui peut s'avérer peu durable. Mais face aux obligations réglementaires et à l'urgence climatique, elle doit changer de fonctionnement. En effet, pour les entreprises, impossible de réduire leur empreinte carbone sans changer leur chaîne d'approvisionnement. Or, cette réduction ne doit pas se faire aux dépens de la croissance.

L'augmentation de l'e-commerce durant la crise sanitaire a bouleversé les modes de consommation. Entre le click and collect, l'apparition des "dark stores" et la livraison instantanée, les attentes en matière de rapidité de la part des clients ont augmenté, allant à l'encontre des ambitions RSE poursuivies par les entreprises conformément aux réglementations en vigueur. Le transport exige une organisation importante de la part des entreprises, tandis que les transporteurs sont de plus en plus sollicités, au point d'avoir du mal à répondre à la demande. Pourtant, l'e-commerce ne représente que 18 % des ventes dans le monde.

Au-delà des problématiques d'organisation émerge aussi celle liée aux carburants, dont les prix ont fortement progressé. Certaines entreprises ayant connu un essor lors de la crise sanitaire, comme Amazon, ont dû mettre en place des plans de licenciement pour amortir leurs coûts. Mais l'impact carbone de la logistique représente aussi un obstacle. La loi d'orientation des mobilités (LOM) prévoit l'interdiction de la vente de véhicules à énergie fossile carbonée d'ici à 2030. Les entreprises ont donc moins de sept ans pour s'y préparer en réfléchissant à la meilleure alternative en termes de flotte.


L'avènement des carburants alternatifs

Cette réflexion est déjà bien entamée au sein de l'entreprise Bolloré Energy. À la fin de l'année 2022, elle a créé le poste de directeur de la transition énergétique, occupé par Florian Mohand.

« Cette direction est un catalyseur de nos actions menées pour la transition énergétique, raconte-t-il. Ce sujet devenait trop vaste pour qu'il ne soit pas centralisé au sein d'un service. Pour bien accompagner notre clientèle dans la transition énergétique, nous devons activer deux leviers : consommer mieux et consommer moins. C'est ce que nous tentons d'insuffler dans la culture de nos clients à travers beaucoup de pédagogie, notre but n'étant pas d'évangéliser », explique le directeur récemment nommé.

Pour soutenir cette mission, Bolloré Energy propose deux carburants alternatifs, Izipure (carburant bas carbone à base d'huile usagée hydrogénée) et Koolza 100 (un biodiesel produit à partir de colza), et commercialise un nouveau biofioul : Calorza (biofioul F30 composé à 30 % d'huile végétale française). L'objectif de la société est de réduire l'impact carbone notamment du transport, sans passer par un renouvellement de sa flotte. « Les transporteurs sont déjà pris à la gorge par un certain nombre de frais, souligne Florian Mohand. L'idée avec nos biocarburants est de proposer une solution qui permet de décarboner immédiatement, sans investissement supplémentaire. ». En termes de prix, le directeur de la transition énergétique assure que certains biocarburants (tels que Koolza100) sont commercialisés au même prix que le diesel, d'autres quelques centimes plus chers (comme Izipure). L'ambition avec ces carburants est de réduire la part des énergies fossiles dans le transport de marchandise. Ainsi, Florian Mohand affirme que le biodiesel Koolza réduit de 60 % les émissions de gaz à effet de serre sur tout le cycle de vie. Ce chiffre va jusqu'à 90 % pour l'Izipure, selon la Base Carbone, base de données publiques, gérée par l'ADEME.

« Pour accompagner notre clientèle dans la transition énergétique, nous devons activer deux leviers : consommer mieux et consommer moins. », Florian Mohand,directeur de la transition énergétique chez Bolloré Energy.


Le mix énergétique, solution d'avenir ?

Malgré son engouement pour ces biocarburants, Florian Mohand précise : « Nous ne voulons pas dire que c'est la seule alternative aux énergies fossiles, cependant ils ont un rôle majeur à jouer dans un mix énergétique en tant que solution immédiate et efficace. »

Le transport et le mix énergétique tiennent une place importante dans le « Radar de la Green Tech Supply Chain » publié par Wavestone*. Ce rapport apporte un éclairage aux entreprises qui cherchent à définir une stratégie de réduction de leur empreinte carbone. « Nous nous rendons compte que les objectifs chiffrés de décarbonation s'intègrent dans les plans d'action stratégiques des sociétés », détaille Florian Borgobello, senior consultant chez Wavestone. L'idée globale du radar est d'aider les entreprises à structurer leur plan avant de l'exécuter afin d'optimiser le pilotage de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le choix de l'énergie pour la décarbonation est une question épineuse. C'est pourquoi la société de conseil préconise un bouquet d'énergies qui s'adapte à diverses situations. Il y a en effet plusieurs critères à prendre en compte : les usages, les formats, les fréquences ou encore les lieux de circulation. C'est pourquoi, selon Florian Borgobello, « la réponse est forcément un mix énergétique ».

Comme Florian Mohand, Wavestone préconise une réduction de la consommation : « Un des plus gros leviers à mettre en place est la réduction du kilomètre parcouru, explique Florian Borgobello. Cela peut se traduire de plusieurs façons, avec des solutions techniques qui optimisent les chargements des camions, on peut aussi faire appel à des prestations de transport décarbonées ou changer les modalités en se tournant vers le fret. » Selon lui, c'est une question d'organisation, de mutualisation des ressources afin d'éviter le transport à vide. Une autre solution peut consister dans la mise en place de livraisons de proximité uniquement, quitte à réduire l'étendue géographique de ses livraisons. Dans cette logique de réduction de la distance parcourue, le dernier kilomètre représente un enjeu important et un levier fort à actionner. « Nous voyons de plus en plus de solutions liées au réseau du dernier kilomètre émerger en ville, raconte le consultant de Wavestone. Celles-ci ont pour objectif de mutualiser le transport via l'externalisation. » Elles passent notamment par les livraisons à vélo, en drone ou en véhicule hydrogène. Les entreprises s'appuient donc sur des flottes spécialisées pour livrer, le tout sans énormément investir.


Le fret sur le devant de la Seine

Dans une autre veine, changer les modalités de transport en se tournant vers le fret est une solution évoquée par Florian Borgobello. D'autant plus que depuis mars, la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR), autorité internationale en charge de la réglementation de navigation rhénane et européenne, a autorisé pour la première fois en Europe l'utilisation de biogaz naturel comprimé (bioGNC), comme source primaire de carburant pour le transport fluvial. Une expérience sera menée à Paris, avec pour objectif final de relier les grands hubs logistiques de l'axe Seine - les ports de Limay, de Gennevilliers, d'Achères et de Bonneuil-sur-Marne - avec le centre de la capitale.

Penser à l'emballage

Si le transport représente l'axe principal à améliorer dans la quête d'une supply chain plus responsable, un élément ne doit pas être oublié : l'emballage. La grève menée par les éboueurs dans de nombreuses villes en France en mars et avril a mis en lumière la quantité astronomique de déchets produits par les foyers et commerces. Selon l'Ademe, l'emballage représente 8 % des émissions de gaz à effet de serre d'un produit fini. Bien que ce chiffre soit qualifié de dérisoire par le président du conseil national de l'emballage, Michel Fontaine, Timothée Bergeret, CTO et fondateur de Bumpair proteste : « On peut se dire que ce n'est rien, 8 %, mais si on considère les critères de transformation et de transport, le simple emballage ne devrait pas représenter autant ».

« En réduisant l'emballage de certains produits alimentaires, nous limitons aussi leur durée de vie. », Isabelle Hoffmann, responsable RSE Achats Lidl France.

Pour pallier ce problème, Timothée Bergeret a fondé Bumpair, une start-up qui fabrique des emballages réutilisables. Ces emballages sont éco-conçus, fabriqués en France et injectés d'air, permettant la protection des colis. L'avantage, c'est qu'une fois dégonflés, il est possible de les mettre dans une boîte aux lettres et de les renvoyer afin qu'ils soient réemployés. « Actuellement il y a plus de perte dans le BtoC que chez les professionnels car ils n'ont pas encore le réflexe de faire cela, commente le fondateur de la marque. Mais nous avons bon espoir que les habitudes changent et que ça devienne la norme. »

Côté BtoB et supply, Corplex propose une solution similaire : des palettes réemployables. « Nos produits sont fabriqués à partir de plastique recyclé, ce qui les rend légers mais solides, détaille Amélie Beck, Area sales manager de la société. Mais surtout, ils sont garantis dix ans. Au bout de ces dix années, les entreprises de logistique nous renvoient les palettes et nous les recyclons pour en refaire de nouvelles. Nous créons ainsi une boucle vertueuse. »

Dans la grande distribution, l'emballage peut aussi avoir des vertus, de conservation notamment. Le supprimer s'avère alors presque impossible. C'est pourquoi Lidl se tourne vers une réduction drastique et des alternatives. L'enseigne prévoit par exemple de remplacer les barquettes en plastique pour la viande par des emballages sous vide. Cependant, Isabelle Hoffmann, responsable RSE et achats de Lidl France, précise : « En réduisant l'emballage de certains produits alimentaires, nous limitons aussi leur durée de vie. Cela peut mener à plus de gaspillage, mais cela demande aussi une supply chain plus rapide ». Un contresens qui se retrouve dans la loi AGEC, qui vise à restreindre les emballages plastique, et jugée "incohérente" par certaines enseignes de la grande distribution.

* Source radar : https://www.wavestone.com/fr/insight/radar-2021-de-la-green-tech-supply-chain/


 
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