Handicap et accessibilité numérique : l'e-commerce a encore du travail
À moins de 40 jours de l'entrée en vigueur de l'European Accessibility Act, le secteur de l'e-commerce doit se préparer à se conformer à ces obligations d'accessibilité numérique, sous peine de sanctions. Les chiffres pour la France montrent pourtant un net retard selon les chiffres de la fédération de l'e-commence, alors que les enjeux sont aussi commerciaux.

Ils avaient six ans pour s'y préparer. Adoptée par le Parlement européen et le Conseil de l'UE le 17 avril 2019, transposé dans le droit français en juin 2022, l'European Accessibility Act (EAA) entre en vigueur le 28 juin prochain. Son objectif est d'harmoniser les exigences d'accessibilité au sein de l'Union pour les produits et services numériques, afin de garantir l'inclusion des personnes en situation de handicap dans le marché intérieur.
Bientôt, les sites e-commerce devront donc répondre à des exigences renforcées, et les contrevenants s'exposent à une amende de 7 500 euros, portée à 15 000 euros en cas de récidive. Seules les entreprises de moins de 10 salariés et réalisant moins de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires sont exemptées.
Des sites encore très peu accessibles
Pourtant, selon les données publiées par la Fédération de l'e-commerce et de la vente à distance (Févad), le chemin semble encore très long avant de parvenir à remplir ces obligations. Ainsi, en France, moins de 10 % des sites web étaient pleinement accessibles en 2024, alors même que plus de 18 % de la population est en situation de handicap. Le constat est particulièrement critique dans l'e-commerce, les sites du secteur répondant à moins de 50 % des critères d'accessibilité, et 40 % d'entre eux ne montrant que peu ou pas d'efforts pour s'améliorer.
À l'échelle européenne, ou 87 % des personnes en situation de handicap sont concernées par cette réglementation, les sites publics obtiennent un score supérieur de 44 % par rapport au privé.
Des impacts sur la performance commerciale
Les enseignes auraient pourtant intérêt à investir le champ de l'accessibilité, qui ne relève pas seulement de la conformité. Comme le rappelle Marc Lolivier, délégué général de la Févad dans un édito publié mardi 20 mai, "l'accessibilité devient désormais une exigence légale, mais aussi un levier de performance". Elle a notamment un effet direct sur l'expérience utilisateur et la fidélisation. 71 % des clients ayant des besoins spécifiques quittent un site jugé difficile d'accès. 82 % d'entre eux sont prêts à payer plus cher ailleurs pour une meilleure expérience.
En France, 60 % des entreprises interrogées estiment avoir perdu des clients à cause de leur manque d'accessibilité. Et 38 % craignent un impact négatif sur leur réputation si rien ne change d'ici un an. À l'inverse, 52 % identifient la fidélisation client comme l'un des principaux bénéfices d'une stratégie inclusive.
Des solutions émergent sur le marché
Pour répondre à la réforme, de nouveaux outils apparaissent. Le widget UserWay, alimenté par l'intelligence artificielle, aide les e-commerçants à se conformer rapidement aux standards. Côté public, l'initiative Ara propose des composants accessibles prêts à l'emploi pour les développeurs. On peut également citer Opquast qui forme et certifie les professionnels du web sur les bonnes pratiques, ou encore mc2i, qui accompagne les entreprises dans leurs audits d'accessibilité et dans la mise en conformité de leurs plateformes.
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