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Extensions de domaines : la personnalisation à prix d'or

Publié par Gaël Lombart le - mis à jour à
Extensions de domaines : la personnalisation à prix d'or

Pendant trois mois à compter du 12 janvier, tout organisme peut déposer une candidature auprès de l'Icann pour créer une extension de domaine reflétant son activité. L'opportunité, peut-être, de voir fleurir des URL en .amazon, .ebay ou .apple… Mais à quel prix ?

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On les appelle extensions de domaine, domaines de premier niveau, domaines de tête ou top level domains (TLD)… Le plus répandu ? Le .com, bien entendu. Représentant à lui seul plus de 90 millions de noms de domaines, il a séduit bien au-delà des sociétés à vocation commerciales pour lesquels il avait été créé à l’origine, en 1985. Jusqu’à présent, les sites Internet n’avaient guère de moyens d’innover en accolant cette particule à leurs noms : quel est le point commun le plus évident entre Amazon.com et Ebay.com, si ce n’est leur sympathique suffixe ?

En juin 2008, l’Icann (Internet corporation for assigned names and numbers) allait bouleverser la donne. L’autorité chargée de l’attribution des noms de domaines annonçait une révolution majeure : la possibilité pour tout organisme de choisir une extension personnalisée, qui ne soit donc ni incluse dans le groupe des 21 gTLD existants (TLD génériques, comme .org ou .net), ni rattachée à une zone géographique (.fr, .de, .eu, etc.).

Plus de trois ans après, la course est enfin lancée. À partir de ce jeudi 12 janvier, tout organisme peut déposer une candidature auprès de l’Icann pour créer une nouvelle extension : une association bretonne qui milite pour un .bzh, l’industrie viticole qui prône la création d’un .vin ou toute entreprise commerciale souhaitant faire rayonner sa marque. Canon et Motorola, entre autres, ont depuis longtemps annoncé le dépôt d’un dossier. Nul doute qu’au moins un e-marchand communiquera dans les prochaines semaines son intention d'être de la partie.

Un deuxième round ?
Mais il lui faudra faire vite. À partir du 12 avril prochain, soit trois mois après le début des candidatures, l’Icann ne réceptionnera plus de dossier. Avant combien de temps ? "C’est une vraie inconnue. Il n’y a pas d’information véritable sur un deuxième round, seulement des estimations", prévient Bertrand Louveau, directeur marketing et innovation de l’Afnic. "On imagine que ce sera à l’horizon de deux ou trois ans. Ce sera lié à la capacité de l’Icann de gérer et de digérer les candidatures. S’il y en a environ 500, l’instruction prendra environ un an, le double si un millier de dossiers sont déposés." À l’issu de cet examen, l’Icann fera un bilan de cette première ouverture.

La longueur de la procédure s’explique par l’épaisseur du dossier à fournir. L’Icann pose 50 questions qui nécessitent chacune plusieurs pages de réponse argumentée. L’identité du candidat et son business model sont passés au crible. Mais la majorité des questions, une trentaine, concernent les technologies et les infrastructures que le postulant souhaite mettre en place pour gérer son gTLD. Car, comme le rappelle l’Icann dans son guide au candidat, la création et l’exploitation d’un domaine de tête est un processus "bien plus complexe qu’une simple opération d’enregistrement ou d’achat de nom de domaine de second niveau" : "Les candidats retenus devront remplir un certain nombre de critères techniques et opérationnels répondant au besoin de préservation de la stabilité et de l’interopérabilité d’Internet." Contrôler une extension, c’est devenir propriétaire d’une partie de la racine d’Internet.

L'Icann critiquée
Le coût du dépôt de candidature, 185 000 dollars, offrirait à l’Icann une première sélection naturelle : "Cela lui permet d’éviter d’être submergée par des millions de demandes, d’éviter d’avoir des porteurs de projets qui ne soient pas fiables, des petits acteurs qui n’auraient pas les reins suffisamment solides", affirme Bertrand Louveau, qui estime à 300 000 euros minimum la somme totale que devront engager les entreprises qui souhaitent lancer leur gTLD. Avoir une extension n’est pas à la portée de tous, ce contre quoi s’insurgent plusieurs associations représentant les petites entreprises aux États-Unis.

Les grandes marques tremblent quant à elles pour leur propriété intellectuelle. Elles craignent que des cybersquatteurs s’emparent des extensions qui leur reviendraient logiquement en tant que marques pour les revendre au prix fort. "À partir de fin avril ou début mai, l’Icann publiera les noms des postulants. Pendant une période de trois mois, tout le monde pourra exprimer ses doutes ou ses remarques à propos de n’importe quel projet", rassure Bertrand Louveau. À noter aussi qu’au cas où plusieurs candidats réclameraient la même extension, la priorité irait à celui qui possède la marque. Si deux entreprises utilisent la même marque, l’Icann leur proposerait de monter un dossier commun ou organiserait une forme d’enchère. Évidemment, le plus offrant emporterait l’extension.

 
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