Comment Okaïdi et Obaïbi réduisent leur empreinte carbone grâce à la consigne textile
Frédéric Froger, directeur général adjoint d'Okaïdi Obaïbi Oxybul, nous explique le chemin parcouru ces dernières années pour réduire la facture carbone d'Okaïdi et Obaïbi, les deux marques du groupe Ïdkids, spécialisées dans le vêtement pour l'enfant et le bébé.

Pouvez-vous nous expliquer la démarche RSE chez Okaïdi et Obaïbi ?
En 2023, le bilan des émissions CO2 d'Okaïdi/Obaïbi était de 291 000 tonnes sur l'ensemble des scopes 1-2-3. Les deux marques produisent au global 49 millions d'articles, générant 650 millions d'euros de chiffre d'affaires dans le monde, dont 300 en France. L'objectif est de réduire notre empreinte carbone, notamment en développant la seconde main et la consigne. En 2016, nous avons mis en place Idtroc, système de dépôt-vente permettant aux clients d'échanger leurs vêtements Okaïdi en magasin. En contrepartie, ils récupèrent une carte cadeau. Environ 300 000 pièces ont été échangées via ce service, désormais permanent dans certains grands magasins.
Comment avez-vous construit votre offre de consigne ?
Depuis avril, un système de consignes a été déployé pour encourager un achat plus responsable. Nous rachetons les vêtements entre 15 et 25 % de leur prix initial, puis les revendons autour de 50 %. Les clients peuvent rapporter leurs articles en bon état dans un délai de deux ans et recevoir une carte cadeau en échange. Ce service est disponible dans 340 magasins en France, avec environ 20 000 pièces manipulées chaque mois, représentant 1 % des ventes. L'objectif est de développer ce système pour réduire la production de nouveaux articles en favorisant la revente et la réutilisation.
Pour l'instant, cette initiative est limitée à la France, en raison de contraintes juridiques et réglementaires, mais un déploiement dans neuf autres pays est prévu.
Quid du recyclage de ces vêtements ?
Nous travaillons depuis longtemps sur le recyclage textile, appelé "dernière main", via des bornes de collecte installées en magasin. Ces dernières nous permettent de recueillir les invendus et les vêtements usés dont les clients ne veulent plus. En quelques années, environ 50 tonnes de textiles ont été collectées, traitées via une filière française afin d'être revendues dans des boutiques solidaires (20 %), transformées en combustibles (30 %) ou déchiquetées (50 %) pour récupérer les fibres et fabriquer de nouveaux articles. L'an passé, ce sont 56 tonnes qui ont été récupérées par ce biais. Contrairement à la consigne (vêtements Okaïdi uniquement), le recyclage accepte tous types de textiles. Les clients peuvent ainsi vider leurs armoires, en déposant les vêtements en bon état en consigne et les usés dans la borne, transformant le magasin en lieu de recyclage, en plus d'être un point de vente.
La durabilité, c'est aussi une question de sélection des bons composants. Quelle est votre stratégie dans ce domaine ?
L'entreprise applique une démarche écoresponsable sur environ 50 % de ses produits, en utilisant des matières éco-certifiées, comme le coton biologique dont sont faits tous les bodies Obaïbi ; le coton recyclé jusqu'à 35 % et le polyester recyclé jusqu'à 50 % (voire plus en mélange). Une partie de nos vêtements contient jusqu'à 60 % de matières recyclées. L'empreinte carbone de certains produits est mesurée par l'agence La Belle Empreinte, cela nous permet de nous benchmarker par rapport au reste du marché. Ces informations, ainsi que la traçabilité (origine du fil, pays de tricotage et fabrication), sont disponibles sur notre site internet. La majeure partie de l'empreinte carbone d'un vêtement, soit 60 % environ, provient de la fabrication du tissu (30 %) et des traitements appliqués (30 %). Le transport n'y entre que pour 4 à 6 %.
Cela doit demander un important travail de collecte d'informations auprès de vos fournisseurs ?
L'entreprise a mis en place, en l'espace de deux ans et demi, un système de collecte de 150 données supplémentaires auprès de ses fournisseurs. Il est pleinement opérationnel depuis un an. Cela renforce sa capacité à mieux sélectionner ses partenaires. Le tri se fait en deux étapes : d'abord via des audits sociaux et environnementaux (avec des plans d'amélioration pour les moins bien classés), puis en fonction de leur aptitude à fournir les données demandées. Nous collaborons majoritairement avec des fournisseurs asiatiques qui sont jugés pleinement conformes avec nos standards sociaux et environnementaux. En raison de la diversité des produits, nos marques travaillent avec 200 à 250 fournisseurs, dont 110 à 120 fabricants. Produire en Asie, près des zones de culture du coton, avec un transport limité vers la France, réduit donc l'impact carbone.
Sur le même thème
Voir tous les articles RSE