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[Tribune] Une reconfiguration progressive des chaînes logistiques a déjà commencé

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[Tribune] Une reconfiguration progressive des chaînes logistiques a déjà commencé

Les grands équilibres, établis depuis plusieurs dizaines d'années, et ayant donné lieu à la configuration actuelle des chaînes logistiques internationales, semblent aujourd'hui caducs. La remise en cause de ces paradigmes oblige à considérer de nouvelles solutions, avec des approches différentes tant sur la production, que l'approvisionnement et la distribution...

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Le Covid et la nouvelle focalisation sur les chaînes logistiques

L'arrivée du Covid, et l'enchaînement des confinements locaux et perturbations induites sur les infrastructures de transport, ont mis en évidence les effets de dépendances dans les chaînes logistiques. Sur la logistique internationale, la rupture d'un composant, voire d'un sous-composant, peut bloquer la production d'une usine et générer des ruptures en cascade... Localement, le confinement d'un entrepôt peut geler la totalité de l'activité économique sur une région de distribution.

De nombreuses entreprises se sont momentanément focalisées sur la réalisation de leurs opérations : l'alimentation de matières premières et en produits finis, afin d'assurer le maintien de leur activité. Supply Chain et Logistiques ont basculé dans la gestion de PCA - Plan de Continuité d'Activité.

Le Covid et la tension sur les transports internationaux

La fin d'année 2021 a vu de fortes perturbations sur les approvisionnements internationaux, en lien avec une saturation du transport maritime international (manque de containers, de navires, et gels répétés de ports chinois en lien avec le Covid), combinée à un rebond de la consommation sur les marchés US et EU.

Les coûts du transport maritime ont été multipliés par 5 en 2 ans.

La durée moyenne des trajets Chine - Europe a augmenté de 10 jours, avec une forte volatilité, certains navires arrivant avec 3 à 4 semaines de retard.

Il y a 6 mois, plus de 90 porte-containers étaient bloqués au large de la Chine, reroutées entre différents ports, en attente de chargement ou en attente de déchargement, et à peu près autant du côté de la côte Ouest américaine. À titre de comparaison, le blocage du canal de Suez a touché environ 25 porte-containers pendant 1 semaine...

Cette situation avait soulevé des craintes de ruptures systémiques sur la disponibilité pour Noël. À ce moment, les projections prudentes s'accordaient sur une absorption des retards de production de la Chine et une stabilisation progressive des capacités logistiques dans les ports, pour un apaisement à l'été 2022 et retour à la normale à l'horizon de fin 2022.

Une aggravation sur les flux internationaux dans un contexte d'incertitude géopolitique

Depuis, la situation logistique a profondément évolué, dans un contexte global des plus incertains : géopolitique, économique, financier. La guerre en Ukraine a généré la fermeture du marché russe, l'augmentation des coûts de l'énergie et du transport. La liaison de fret ferroviaire transsibérienne, alternative entre le bateau et l'avion reliant la Chine à l'Europe, a été progressivement fermée. Cette situation a renforcé la conscience de la dépendance à un sourcing Chine, en particulier en cas d'extension du conflit.

Cependant, de manière plus immédiate, c'est la situation sanitaire en Chine qui apparaît aujourd'hui comme la plus préoccupante. Depuis plusieurs semaines, les principaux ports, et surtout les principales zones de production industrielle chinoises sont bloquées pour raison sanitaire, en lien avec l'application de la politique zéro Covid. Ainsi, Shangaï est paralysée depuis fin mars, Shenzhen et Pékin sont partiellement bloquées depuis mi-avril.

Naturellement, le retour à une situation nominale prévu pour fin 2022 semble compromis, non plus directement par le transport mais plutôt par les retards de production. Au lieu d'une amélioration, une dégradation de la disponibilité des biens manufacturés est même à craindre au cours des prochains mois, selon l'évolution de la situation sanitaire et des restrictions de circulation.

Un besoin de renforcer de la maîtrise de sa chaîne d'approvisionnement...

Pour faire face aux enchaînements de perturbations, la maîtrise renforcée sur des chaînes logistiques longues et complexes devient un nouveau critère de résilience et de performance.

Cette maîtrise s'appuie sur une visibilité parfaite des flux et des commandes, à travers un suivi bout en bout consolidé dans une tour de contrôle facilitant le pilotage et la prise de décision. Le système de pilotage permet d'anticiper les retards et d'orchestrer les commandes selon les urgences. Certains prestataires logistiques ont même développé des offres dédiées au pilotage logistique des flux internationaux bout en bout (sans nécessairement les opérer) - LLP / 4PL.

... un rapprochement des zones de sourcing / production

En parallèle, déjà à l'issue des premières vagues de Covid fin 2020, de nombreuses entreprises envisageaient de travailler au rapprochement de leurs fournisseurs. Une étude d'Euler Hermes réalisée auprès de 1 200 entreprises internationales indiquait que 95 % des entreprises ont vu leur chaîne logistique profondément perturbée par le Covid, 1 entreprise sur 3 envisageait de rapprocher tout ou partie de son sourcing / production, 1 entreprise sur 6 projetait de relocaliser une partie significative du sourcing / production.

Depuis, l'enchaînement des perturbations logistiques, des évolutions des modes de consommation et plus généralement des contextes de grandes incertitudes, poussent de plus en plus d'enseignes sur cette voie. La couverture des aléas amont nécessite des niveaux de stocks importants, et une grande anticipation dans les flux, dans un contexte commercial incertain. Le simple gain en prix d'achat n'est plus nécessairement suffisant pour justifier un sourcing lointain.

En plus de contribuer à une meilleure maîtrise de la chaîne logistique, un tel rapprochement répond également aux nouvelles attentes RSE des clients, des marchés financiers mais également des collaborateurs. Les impacts attendus d'une telle démarche sont autant environnementaux (dont la réduction du CO²) que sociaux et sociétaux (contribution à l'économie locale, respect des règles du travail, contribution à l'impôt, ...).

Les nouvelles clés pour la reconfiguration des chaînes logistiques

Les différentes volontés de relocalisation vont se heurter assez directement au problème des capacités résiduelles en Europe. De nombreux sites de production ont déjà disparu de la zone, ainsi que des savoir-faire industriels complets sur certains secteurs.

Ainsi, quelques nouvelles clés se dégagent comme :

La digitalisation pour simplifier les opérations, fluidifier les échanges, rationaliser les décisions pour une plus grande agilité dans l'évolution des réseaux logistiques, L'automatisation et la robotisation, en entrepôt comme en industrie pour compenser une partie des coûts de relocalisation, ainsi que pour augmenter les capacités de production, l'amélioration du couplage entre Production, Logistique et Distribution, en particulier à travers les process de pilotage transverse Supply Chain de type Sales & Operations.

Bref, les transformations des chaînes logistiques ne font que commencer, avec de nouveaux enjeux qui émergent tels que l'accès aux capacités de production, la sécurisation de l'accès aux matières premières, et dans les prochains mois, un risque d'évolution des taux de change en lien avec la nouvelle politique européenne en matière de taux d'intérêt, qui devrait impacter la parité Euro - Dollar...

 
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