Google : des résultats en hausse et un futur axé sur l'internaute
Des résultats au beau fixe et un remaniement de son réseau social, Google démarre 2012 sous les meilleurs auspices. Larry Page, p-dg et cofondateur du groupe, a présenté en parallèle sa vision de l'avenir pour la firme.
Je m'abonneSur le terrain très glissant des annonces chocs, il n'y a pas que les politiques qui s'affrontent, il y a aussi les entreprises. Aux États-Unis, deux sociétés semblent particulièrement engagées dans un jeu de questions-réponses indirectes : Google et Facebook.
Au "Project Glass" de Google, Facebook répond par le rachat d'Instagram et occupe ainsi largement l'espace médiatique consacré à la thématique Internet, pendant 48 heures. Google réplique en officialisant le lancement de la nouvelle mouture de son réseau social Google+, et publie dans la foulée ses résultats pour le premier trimestre 2012. Et sur ce point, une chose est sûre, Larry Page et Sergueï Brin, les deux cofondateurs de Google, peuvent être enthousiastes, car définitivement, le groupe se porte bien.
Son chiffre d'affaires a progressé de 24,1 % sur la période du premier trimestre, soit 10,64 milliards de dollars (8,11 milliards d'euros), pour un résultat net de 2,89 milliards de dollars (2,20 milliards d'euros). Des chiffres bien supérieurs aux attentes. Par ailleurs, au cours de la présentation de ces résultats, Larry Page a annoncé son intention de modifier la structure du capital de la firme, en divisant par deux le cours de ses actions, créant ainsi une nouvelle classe d'actions moins chères et surtout sans droit de vote. Une façon de s'assurer durablement le contrôle total sur les prises de décision de la société, tout en permettant les rentrées de capitaux.
La prise de risques : un pari payant
La bonne santé de Google serait en partie imputable à l'audace de ses choix, notamment sur sa stratégie de produits. Et spécialement depuis le retour de Larry Page à la tête du groupe il y a un an, dont la volonté, à l'époque, était de réinsuffler le fameux esprit d'initiative si cher aux start-up de la Silicon Valley. Une prise de position qui s’est notamment concrétisée par la fermeture ou la fusion d’une trentaine de produits digitaux, comme Knol ou Sidewiki. Ou comme l'a présenté plus poétiquement Sergueï Brin : "Nous avons laissé mille fleurs s’épanouir. Désormais, nous voulons en faire un bouquet cohérent". In fine, cette stratégie s'avère payante : "Nous assistons à de formidables élans des produits sur lesquels nous avons parié, comme Android, Chrome ou YouTube, assure Larry Page, dans un communiqué. Nous sommes encore à un stade très précoce de ce que la technologie peut faire pour améliorer la vie des gens, et nous avons de très nombreuses possibilités devant nous. C'est un moment très excitant pour être chez Google". Une manière de dire que la firme réserve encore bien des surprises.
L'avenir de Google selon Larry Page
Une fois n'est pas coutume, le patron de Google a publié une lettre ouverte portant sur le bilan de son retour à la tête de la société et sur la manière dont il voit Google évoluer dans les années à venir. Près de sept pages de confessions prophétiques destinées aux actionnaires, aux internautes et – indirectement – à ses salariés. De quoi rassurer les troupes.
Larry Page s’appuie notamment sur quelques chiffres très parlants : YouTube et ses 800 millions d’utilisateurs, Google+ et ses 100 millions de membres actifs, Google Chrome, navigateur web qui aurait déjà séduit près de 200 millions d’internautes, et Gmail, la messagerie utilisée par quelque 350 millions d’individus.
Le p-dg de Google promet des changements profonds dans l’orientation stratégique du groupe, qui selon lui, "n’en est qu’à ses débuts, et a devant lui un long chemin à parcourir". L’un de ces changements concerne l’optimisation du fonctionnement de ses services entre les supports PC, mobiles et tablettes, grâce à l’amélioration permanente du système d’exploitation "open source" Android. "Prenez l’un des services préférés des internautes, Google Maps. Grâce à lui, il est possible de chercher et de trouver quelque chose de précis, comme une librairie, de connaître le meilleur chemin pour vous y rendre, et d’utiliser votre smartphone pour y aller et régler un achat, grâce à Google Wallet" (le service de paiement pour mobile, NDLR). Mieux encore, avec le navigateur Google Chrome, un internaute peut utiliser des services comme Google Docs ou Gmail en temps réel, depuis plusieurs supports, tablette, mobile ou ordinateur de bureau.
Mais le plus gros chantier porte incontestablement sur la recherche en ligne. Le moteur de recherche avance à grands pas dans le Web sémantique, dont le principe est de proposer aux internautes des informations présentes sur Internet mais de manière formalisée, et traitées automatiquement : "Cela veut dire que si vous tapez ‘vols en partance de Chicago pour Los Angeles’ dans Google, une liste des vols les plus pertinents avec leurs prix s’affichera, et vous pourrez réserver directement auprès de la compagnie", plutôt que d’effectuer cette opération, en plusieurs étapes, sur le site d’une compagnie donnée.
Enfin, l’expérience Google devrait être avant tout sociale, avec comme pierre angulaire à l’ensemble de ses services, le réseau social Google+, dont la particularité est de pouvoir exploiter l’ensemble des données personnelles des utilisateurs dans un seul et même but : personnaliser au maximum les réponses du moteur de recherche, avec toutes les questions de gestion de la vie privée que cela pose. Tout le défi de Google se trouve là, et c’est probablement l’une des raisons pour laquelle une nouvelle mouture de Google+ vient de voir le jour.
Google+ prend une nouvelle dimension
Lorsqu'il s'agit de son réseau social Google+, la firme de Mountain View avance à pas feutrés. Les changements opérés sur Google+ ne sont pas un simple coup de peinture, et sont nettement inspirés de son concurrent direct, Facebook. Notamment la section "Profil", dont le principe de double photo superposée s’approche de près à la timeline Facebook. Parmi les nouveautés intéressantes figure notamment une nouvelle barre d’applications ("Accueil", "Photos", "Profil", "Cercles", etc.) à gauche de l’écran, en remplacement des icônes placées en haut de page. Personnalisable, l’emplacement de chaque application peut être modifié à souhait, l’internaute peut même en supprimer. Autre nouveauté notable, les "vidéo-bulles", sorte de chat vidéo public et (ou) privé, pouvant accueillir jusqu’à neuf internautes en même temps. Enfin, une nouvelle page "Découvrir" regroupe à présent les publications populaires et le top des recherches sur le réseau.
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Aujourd’hui, Google est en mesure d’apporter une réponse à quasiment tous types d’usages d’un internaute ‘moyen’ : recherche en ligne (Google), réseaux sociaux (Google+), géolocalisation (Google Maps), e-commerce (Google Shopping), vidéos (YouTube), musique, livres (Google Books), téléphonie (Google rachète Motorola), outils de travail (Google Docs), système d’exploitation (Android), navigateur web (Google Chrome), applications (Google Play), messagerie (Gmail), traduction (Google Traduction), etc. Beaucoup d’entre eux sont des paris remontant aux débuts de la firme, parfois très discutés, aujourd’hui reconnus comme incontournables par bon nombre d’utilisateurs.
D’autres, comme Google Earth, flirtant avec la mégalomanie, n’ont pas encore pris toute la dimension du ratio investissement/intérêt pour l’usager, et les plus marginaux, comme le "self-driving car", une automobile capable de rouler sans conducteur (vidéo Google), illustrent bien l’une des certitudes de Larry Page, qui semble avoir orienté les choix de la firme depuis ses débuts : "Il est plus simple de réaliser des progrès sur des projets méga-ambitieux, plutôt que sur des projets à moindres risques".