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Comment Uber trace sa route

Publié par le | Mis à jour le
Comment Uber trace sa route

On ne présente plus Uber, la start-up valorisée plus de 60 milliards de dollars, qui a révolutionné les transports. Jamais une firme n'avait connu une telle ascension en sept ans. Mais à grand impact, grandes responsabilités, comme l'explique Thibaud Simphal, son dirigeant pour l'Europe de l'Ouest.

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  • Quels sont vos chantiers prioritaires ?

L'objectif d'Uber est de démocratiser le transport à la demande au service d'une meilleure mobilité pour les citoyens et pour les villes, tout en garantissant de nouveaux revenus aux chauffeurs qui utilisent l'application Uber pour être mis en relation avec des passagers. Bien sûr, sans exclusivité aucune envers notre plateforme ! Ils peuvent tout à fait utiliser en parallèle les applications concurrentes, travailler avec des restaurants, bars ou hôtels, ou encore avoir leur clientèle personnelle. La France étant le marché le plus dynamique en Europe de l'Ouest, mon but est de réussir à apporter aux citoyens cette même solution de mobilité dans les autres pays dont j'ai la responsabilité.

  • Quel est votre bilan, à date ?

En à peine cinq ans, l'application Uber est disponible dans près de 500 villes et 70 pays. Elle est utilisée par des millions de passagers et plus de 2 millions de chauffeurs dans le monde. C'est en Afrique et en Amérique latine que la croissance est la plus forte actuellement et que le plus de nouvelles villes s'ouvrent. Le développement continue aussi d'être très rapide en Europe et aux États-Unis. Pour internationaliser l'application rapidement, nous avons d'ailleurs levé des fonds significatifs à plusieurs reprises, autour de 10 milliards de dollars. En France, l'application est disponible dans 11 agglomérations (Paris et l'ensemble de la région parisienne, Lille, Strasbourg, Lyon, Nice, Cannes, Marseille, Aix-en-Provence, Toulouse, Bordeaux, Nantes). Aujourd'hui, plus d'1,5 million de Français ­utilisent Uber pour se déplacer, et sur les 22 000 VTC français, 15 000 se servent de notre application pour être mis en relation avec des passagers.

  • Uber a révolutionné le monde du transport. Quelles sont vos ambitions futures ?

"Il est normal qu'un service disruptif comme Uber crée des frustrations."

Uber part d'un questionnement simple : comment faciliter la mobilité et remplacer la plupart du temps la voiture individuelle (coûteuse, utilisée seulement 4 % du temps, occupant 15 % de l'espace public pour se garer...) ? Nous serons prêts à délaisser notre véhicule individuel que s'il nous est possible de nous déplacer de manière simple, accessible et sécurisée. En France, il existe déjà un écosystème de transports en commun très efficace. Nous y ajoutons la possibilité d'accéder, en plus, au transport à la demande (avec uberX, le service économique, Berline, le service premium, ou uberGREEN, qui permet de commander un véhicule propre). Et nous poussons la démarche jusqu'à permettre aux utilisateurs, avec uberPOOL, de partager leurs trajets avec d'autres qui se rendent dans la même direction, au même moment. Ce qui permet de payer moins cher, tout en réduisant la congestion puisque plusieurs passagers se regroupent dans un seul véhicule.

Nous partons des besoins des citadins pour développer un service qui leur simplifie la vie. C'est ce que nous sommes en train de faire dans le secteur du transport. Et maintenant que nous offrons la possibilité de commander un véhicule en quelques clics (et moins de trois minutes en moyenne aujourd'hui à Paris !), nous pensons qu'il est aussi possible de permettre aux usagers de commander de nombreux autres services.

C'est ce que nous proposons avec uberEATS, le service de commande de repas. En quelques clics, on peut sélectionner un plat auprès d'un restaurant partenaire ; un coursier indépendant va chercher la commande et la livre. Cette nouvelle application d'Uber permet aux restaurants de se concentrer sur leur métier, la cuisine, en externalisant le service de livraisons à des livreurs indépendants. À New York, nous avons aussi lancé uberRUSH, une plateforme de livraison. En parallèle, le véhicule autonome arrivera un jour. Nous investissons donc afin de faire partie de cette révolution, avec des équipes à Pittsburgh et l'acquisition récente d'OTTO (camion autonome). Enfin, nous venons de lancer un projet, UberELEVATE, ambitionnant d'avoir d'ici trois ans un prototype d'avion ou voiture volante électrique autonome permettant de transporter un ou deux passagers d'un point A à un point B. Imaginez traverser New York d'un gratte-ciel à un autre en quelques minutes !


  • Vous prônez un débat sur l'économie "on demand". Pouvez-vous développer ?

"On ne peut réguler les activités et usages du XXIe siècle avec les règles du XXe siècle!"

On assiste actuellement à un phénomène mondial de "plateformisation" lié au progrès technologique, qui consiste à mettre en relation des producteurs de services avec ceux qui en ont besoin. Il est normal qu'un service disruptif comme Uber crée des crispations. Mais il faut absolument aller au-delà pour fixer un cadre adapté aux technologies, aux usages et aux enjeux du monde d'aujourd'hui. Clairement, on ne peut réguler les activités et usages du XXIe siècle avec les règles du XXe siècle ! En tant que pionnier et puisque nous bousculons les codes de l'ordre établi, nous avons incontestablement une responsabilité. Nous en sommes conscients ! C'est pour cela que nous essayons d'impulser la réflexion, de proposer des pistes de solutions, comme lorsque nous appelons au débat national sur l'économie à la demande, tout en écoutant ce que disent les parties prenantes. Nous sommes une entreprise de technologie globale, mais nous voulons être au service des villes et des citadins de manière hyperlocale.

La technologie permet aujourd'hui à plus de personnes d'être indépendantes, ce qui répond aux aspirations des jeunes générations. C'est d'ailleurs ce que nous disent les chauffeurs VTC qui utilisent notre application : pour 87 % d'entre eux, le principal avantage de leur métier est d'être leur propre patron et de travailler quand bon leur semble.

Or, les indépendants se révèlent, depuis des années, moins bien dotés que d'autres travailleurs en termes de protection sociale en France. Il faut donc réunir tous les acteurs concernés, afin de permettre à ces nouveaux indépendants de pouvoir profiter de ces progrès technologiques (davantage de travail pour eux, davantage de services pour les citoyens), tout en leur garantissant en parallèle davantage de droits que ceux dont ils bénéficient aujourd'hui (une meilleure protection sociale, accidents de la vie, retraite...). Il se pose aussi des questions fiscales et de réglementation sur les personnes qui font de ces activités des activités occasionnelles d'appoint : à partir de quel moment doivent-ils payer des impôts et cotisations sociales, et lesquels ? Faut-il prévoir un enregistrement auprès d'autorités pour déclarer son activité ? Comment gérer les travailleurs multiplateformes ? Les conditions de rupture de contrats de partenariat ?

  • Uber a récemment lancé "Movement", une plate-forme qui donne accès aux données de déplacements de ses clients. Pourquoi ?

Effectivement, grâce à notre technologie et aux volumes de nos opérations, nous disposons de nombreuses données agrégées et anonymes qui permettent de mieux comprendre les flux de circulation dans nos villes. C'est quelque chose de nouveau car auparavant, personne ne disposait de données aussi fines sur les déplacements en temps réel. Nous souhaitons les partager afin que les pouvoirs publics, les chercheurs, les étudiants ou les start-up de la mobilité puissent y accéder. Nous sommes persuadés que la ville peut être considérablement améliorée grâce à la technologie, que nos déplacements pourront être plus fluides, propres et performants.

  • Vous êtes une entreprise 100 % digitalisée : pouvez vous expliquer ce que cela implique ?

Il est fascinant de voir qu'aujourd'hui, avec la mondialisation couplée à la digitalisation, il est possible d'apporter un service comme Uber partout de par le monde en quelques années seulement. C'est un progrès considérable. Mais un développement d'une telle rapidité nécessite effectivement des adaptations permanentes, des modifications rapides du business model et des modes d'organisation. Quand j'ai rejoint Uber France, nous étions une équipe d'une dizaine. Trois ans plus tard, nous sommes 120 collaborateurs, implantés dans 11 agglomérations et de nombreux recrutements sont en cours.

Pour suivre ce rythme et rester le plus opérationnel possible, lutter contre les silos et maintenir la transversalité et la bonne information de tous, il faut sans cesse réorganiser les équipes. C'est complexe et cela peut être déstabilisant. Mais seule cette agilité nous permettra de conserver un train d'avance sur nos concurrents.

Son parcours

Originaire de Champagne, Thibaud Simphal, 33 ans, est diplômé de King's College London, de la Sorbonne et de l'Université d'Assas. Juriste de formation, il détient également un MBA de la London Business School.

2010. Entrepreneur dans l'âme, Thibaud Simphal débute sa carrière par la création de plusieurs start-up en France, avant de rejoindre la DG commerce à la Commission européenne, à Bruxelles. Suite à son MBA, en 2010, il rejoint l'entreprise LexisNexis à Londres puis crée une boutique de conseil en stratégie et technologie.

2014. Il rejoint Uber en mars 2014, suite à des messages reçus d'Uber sur LinkedIn à la fin de l'année 2013. Sa mission : continuer à entreprendre dans la technologie appliquée à la mobilité et aux services.

2016. Depuis l'été 2016, Thibaud Simphal est regional general manager pour l'Europe de l'Ouest, région qui englobe la France, l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse, l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce et Israël. Son but est d'apporter aux citoyens des autres pays dont il a la responsabilité, la même solution de mobilité qu'en France.



 
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