Boom du marché des passerelles de paiement au service des retailers
Face à l'évolution des comportements de consommation et aux exigences croissantes en matière d'expérience client, les Prestataires de Services de Paiement (PSP) multiplient les innovations technologiques. Tour d'horizon des dernières avancées au service des retailers.

Le marché mondial des passerelles de paiement devrait passer de 26,7 milliards de dollars en 2024 à 48,4 milliards d'ici 2029. Cette expansion pousse les PSP à innover pour répondre aux attentes des marchands et de leurs clients. Stripe, Adyen, PayPal ou Klarna innovent pour optimiser la conversion, réduire la fraude et faciliter les transactions internationales. Cette course à l'innovation répond à un impératif : selon une étude GoCardless-YouGov, 77 % des consommateurs français abandonnent leur panier si le processus de paiement s'avère trop complexe !
L'IA percute la gestion des paiements
L'intelligence artificielle s'impose comme le levier d'innovation majeur des PSP. Stripe a dévoilé le premier modèle d'IA fondamental spécifiquement pour les paiements, entraîné sur des dizaines de milliards de transactions. Cette innovation démontre son efficacité : pour les grandes entreprises, les taux de détection des attaques de test de cartes ont bondi de 64 %, passant de 59 % à 97 %. Chez Adyen, cette révolution se concrétise avec Adyen Uplift, lancé en janvier 2025. "Avec Adyen Uplift, nous exploitons l'immense volume de données de notre plateforme. L'objectif n'est pas seulement de bloquer la fraude - cela reviendrait à tout verrouiller. Le système intègre trois dimensions : la lutte contre la fraude, l'optimisation de la conversion pour maximiser les revenus, et la gestion des coûts selon les rails de paiement choisis", explique , Directrice Générale France d'Adyen.
Cette approche permet aux marchands d'ajuster le curseur selon leurs priorités : accepter plus de risques, réduire les coûts, ou privilégier la conversion. De son côté, PayPal s'engage vers le "commerce agentique" avec des transactions automatisées basées sur l'IA, tandis que Klarna évoque des gains de productivité massifs : réduction de 25 % des dépenses marketing et gestion de 90 % des discussions client par son assistant IA dès le premier mois.
Le BNPL et les paiements flexibles en expansion
Le Buy Now Pay Later n'échappe pas à la déferlante IA. "L'Intelligence Artificielle est intégrée transversalement dans nos différents métiers", souligne Marc Lanvin, Directeur Général adjoint de Floa. "Le BNPL est pleinement ancré dans les habitudes de consommation, avec 60 % des Européens l'utilisant régulièrement", observe-t-il. Cette évolution vers plus de flexibilité pousse les acteurs à diversifier leurs approches.
Klarna incarne cette stratégie d'expansion en étendant ses intégrations : disponibilité sur Google Pay depuis juin 2025, lancement d'un pilote de carte de débit avec Visa, et partenariats renforcés avec Stripe et Worldpay. L'entreprise ne se contente plus du seul "pay later" et introduit même le "save now, pay later" à base de cashback. Dans la même logique d'hybridation, PayPal a lancé une nouvelle carte physique pour étendre son offre de crédit en ligne aux achats en magasin. Parallèlement, l'innovation prend une dimension environnementale : "Notre offre Circle Pay (annoncée à VivaTech 2024) suscite un intérêt considérable. Nous prévoyons d'annoncer de nombreux nouveaux partenariats", indique Marc Lanvin, qui développe cette solution dédiée à l'économie circulaire.
Simplifier et sécuriser les parcours
Les PSP rivalisent pour fluidifier l'expérience tout en renforçant la sécurité. C'est le cas chez MyPOS avec sa solution : "Avec MyPos Glass, les transactions sont traitées en 3 secondes avec des fonds immédiatement disponibles", explique Nicolas Lubeth, Country Manager France. L'accélération des processus constitue un autre axe majeur. Chez Adyen, "pour Apple Pay, nous sommes passés d'un délai de six mois à une journée", témoigne Virginie Melaine-Christensen.
Cette réactivité répond aux attentes des retailers qui souhaitent déployer rapidement de nouveaux moyens de paiement. L'entrée en vigueur de la DSP3 ajoute une dimension réglementaire cruciale. "Sur la DSP3, notre rôle est de réaliser le heavy lifting' - rendre les choses aussi simples que possible pour nos clients", explique Virginie Melaine-Christensen d'Adyen. MyPOS partage cette approche : "Nous utilisons la tokenisation et des outils basés sur l'IA pour garantir la conformité avec des cadres réglementaires tels que la DSP2 et la future DSP3", précise Nicolas Lubeth.
Un écosystème orienté partenariats
L'évolution du paiement électronique redéfinit les relations entre PSP et retailers. "Nous ne développons jamais une solution pour un marchand, mais pour nos marchands", confirme la dirigeante d'Adyen. Cette mutualisation permet aux retailers de bénéficier d'innovations développées pour l'ensemble de l'écosystème. Les PSP tissent aussi des alliances entre eux. Le partenariat renforcé entre Klarna et Stripe permet d'intégrer directement les solutions BNPL dans l'écosystème Stripe. L'extension du partenariat Klarna-Worldpay élargit la disponibilité des options de paiement fractionné. Ces collaborations permettent aux retailers d'accéder à de nouvelles fonctionnalités sans multiplier les intégrations techniques.
«La fiabilité avant tout»
Philippe Muhr, Directeur Digital et E-Commerce d'Intersport
Pour Intersport, coopérative réalisant 3,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires dont plusieurs centaines de millions en ligne, les priorités sont claires. « Pour un retailer de notre envergure, les priorités sont la fiabilité et la stabilité du service. Nous avons besoin d'un système de scoring antifraude performant et automatisé », explique Philippe Muhr. La collaboration avec Adyen révèle les bénéfices concrets de cette approche partenariale.
« Notre collaboration s'appuie sur des points réguliers avec les équipes d'Adyen où nous exposons notre roadmap future. Nous avons des problématiques concrètes : expansion en Belgique avec du click-and-collect, futur déploiement du ship-fromstore, nécessité d'intégrer des modes de paiement spécifiques à chaque pays. ». Parmi les derniers succès, l'intégration de PayPal pour opérer du paiement fractionné. « Cette intégration dépasse nos attentes : PayPal représente désormais 25 % des ventes du site avec des ventes incrémentales significatives. » Une réussite qui s'explique par une coordination étroite : « Ces projets, apparemment simples pour le client, sont très complexes en back-office et nécessitent une coordination entre nos équipes techniques, digitales, celles d'Adyen et parfois des partenaires externes. ».
Ayant adopté Adyen Uplift, Philippe Muhr témoigne : « Nous disposons d'une interface user-friendly pour ajuster finement les règles selon nos besoins. Nous pouvons verrouiller certains produits très recherchés - comme les maillots du PSG - tout en assouplissant les paramètres sur d'autres périodes. Le système est suffisamment sophistiqué pour identifier précisément les bons et mauvais profils. ». Bâtir sur le temps long. C'est l'ambition partagée par Adyen et Intersport, avec des projets à l'horizon 2027 incluant des perspectives marketplace et le développement de nouvelles solutions de paiement.
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