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[Tribune] Label anti-gaspi : ce qui change en 2025 (et comment s'y préparer)

Depuis des années, la grande distribution agit contre le gaspillage alimentaire. Un travail de fond, discret mais essentiel, souvent réalisé dès 5 heures du matin dans les rayons, et qui reste pourtant trop souvent sous-estimé. Ce secteur, parfois pointé du doigt, ne représente en réalité que 8 % du gaspillage alimentaire en France et est en pleine mutation, engagé dans une dynamique d'amélioration continue pour réduire son impact.

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[Tribune] Label anti-gaspi : ce qui change en 2025 (et comment s'y préparer)
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Le Label anti-gaspillage alimentaire, lancé en 2020, est l'un des rares outils à reconnaître les engagements des enseignes. Il reflète les efforts quotidiens, concrets, exigeants, portés par les équipes en magasin : trier, anticiper, revaloriser, former, structurer. Sa réforme, effective au 1er août 2025, fait de la lutte anti-gaspi un levier de performance durable. Face à l'urgence climatique, aux exigences réglementaires et à la pression des consommateurs, les enseignes doivent désormais rendre visibles et mesurables les effets de leurs engagements. Voici 4 leviers clés pour s'y préparer concrètement :

1. Mieux piloter : la donnée comme levier de performance

Tout commence par la mesure. Pour obtenir ou conserver le label, les points de vente doivent maîtriser une nouvelle métrique clé : la casse nette. Contrairement à la casse brute, elle ne compte que les pertes non valorisées - produits ni vendus, ni donnés, ni transformés. Ce critère est indispensable pour le niveau 1, décisif pour 2 ou 3 étoiles.

Pour répondre à cette exigence, les enseignes doivent affiner leur suivi. Cela passe par un diagnostic plus complet, capable d'identifier les causes précises des pertes : erreurs de prévision, ruptures de stocks, etc. Plusieurs magasins sont déjà parvenus à réduire leur casse nette de 20 à 30 % en quelques mois. Dans la lutte anti-gaspi, la data n'est pas un tableau Excel : c'est un levier d'action et de performance, économique comme environnementale.

2. Mieux anticiper : agir sur l'approvisionnement et les flux

Le gaspillage ne se joue pas qu'en rayon : il se prépare (ou se prévient) bien en amont. Trop commander, recevoir tard, mal stocker... et les pertes sont déjà là. La réforme valorise les magasins agissant en amont : clauses anti-gaspi dans les contrats fournisseurs, partage des diagnostics avec la logistique, maîtrise des conditions de conservation (température, hygrométrie, type d'emballage...).

Les enseignes les plus avancées croisent même leurs historiques de vente avec des données externes (météo, calendrier, promotions) pour ajuster les quantités commandées. Certains rayons frais voient leurs pertes divisées par deux, simplement grâce à une meilleure anticipation.

3. Mieux impliquer : faire des équipes les moteurs de changement

Une stratégie anti-gaspi réussie repose sur les équipes. Ce sont elles qui, chaque jour, identifient les anomalies, trient les produits, assurent les dons ou préviennent la casse. La réforme du label renforce cet enjeu humain : les équipes ne sont plus de simples exécutantes, mais des acteurs de la démarche, intégrées à l'audit du label par le biais d'interviews et d'échanges visant à évaluer leur implication et les bonnes pratiques mises en oeuvre.

En effet, les magasins qui réussissent le mieux sont ceux qui forment, impliquent et valorisent les équipes. Comprendre les différences entre DDM et DLC, alerter sur une rupture, savoir que faire d'un produit à -3 jours... Ce sont ces petits gestes, alignés et répétés, qui font la différence. Dans les magasins labellisés trois étoiles, 100 % des équipes savent gérer correctement un produit en date courte et déclencher les bons gestes en cas de surplus.

4. Mieux revaloriser : organiser la seconde vie des produits

Le label ne valorise plus les intentions, mais les résultats. Les invendus ne doivent pas être considérés comme des déchets, mais des ressources à réintégrer dans la chaîne de valeur ; promotions ciblées, paniers anti-gaspi, reconditionnement, dons aux associations ou pour de l'alimentation animale... Le don aux associations est une étape clé, nécessitant une charte qualité ou l'aide d'intermédiaires spécialisés pour faciliter la coordination et rendre les dispositifs anti-gaspillage plus efficaces.

La réforme du label insiste aussi sur les produits hors normes (fruits moches, emballages défectueux) ou transformés (jus, soupes, plats) qui peuvent désormais donner droit à des points bonus, à condition que la démarche soit prouvée et mesurée. Certains magasins, en combinant don, vente à prix réduit et transformation, parviennent à valoriser plus de 95 % de leurs invendus. Au-delà de la simple conformité, le label anti-gaspillage est une opportunité pour gagner la confiance des consommateurs - 84 % d'entre eux privilégient les enseignes engagées - et prendre une longueur d'avance sur la concurrence. Un accompagnement spécialisé facilite la préparation à l'audit et l'adoption des bonnes pratiques.

Mais une question reste : "Et après ?". Pour que ce label devienne un véritable levier de changement, il doit bénéficier d'un engagement fort des pouvoirs publics. Gaspiller moins n'est plus une option, c'est un standard. Le label anti-gaspi n'est pas qu'un logo : c'est un outil indispensable pour une transformation durable, économique et managériale qui doit être encouragé, mais aussi donner lieux à une véritable reconnaissance une fois obtenu.

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