Les tendances pour financer la croissance de son site e-commerce
Pour financer leur développement, les acteurs de l'e-commerce et du digital peuvent se tourner vers des fonds régionaux, des business angels, des entreprises de capital-risque généralistes ou spécialisées dans la tech ou encore vers des fonds de financement européens, de plus en plus présents.
Je m'abonneLes start-up du digital font vibrer les fonds d'investissement à en croire la multiplication des levées de fonds dans le secteur depuis la fin du premier confinement. Une des plus spectaculaires concerne l'entreprise Alan, qui propose une complémentaire santé 100 % digitale dédiée aux entreprises. La société a levé, fin avril 2021, 185 millions d'euros, la valorisant à plus d'1,4 milliard. Grâce à ces nouveaux fonds, Alan souhaite poursuivre le déploiement de son offre de complémentaire santé en ligne pour atteindre le million d'utilisateurs d'ici 2023 et prévoit le recrutement de 400 personnes supplémentaires.
Autre exemple: la société Vibe, qui propose des solutions bancaires pour les 13-18 ans, a annoncé début avril 2021 la finalisation d'une deuxième levée de fonds d'un montant de 2,4 millions d'euros, venant compléter celle déjà réalisée en 2020, qui lui avait permis de récolter 2,2 millions. Ce nouveau cycle de financement doit lui permettre d'accélérer son développement en France et recruter une dizaine de collaborateurs. Dans le domaine de la santé féminine cette fois-ci, la start-up Nabla, qui permet à ses utilisatrices de communiquer directement avec des médecins généralistes ou spécialistes, a réalisé un tour de table de 17 millions d'euros pour étendre son offre à la téléconsultation. "La digitalisation de l'économie existait déjà avant la crise sanitaire mais elle a connu un coup d'accélérateur en 2020, ce qui a entraîné une augmentation des investissements dans les solutions digitales. Les sociétés innovantes et disruptives sont largement plébiscitées par les investisseurs", constate Sabrina Lenczner, fondatrice de Chapter One Capital, un cabinet de conseil indépendant créé fin 2020, spécialisé dans la levée de fonds et le financement structuré.
L'accompagnement des business angels
En fonction de leur stade de développement, les acteurs de l'e-commerce et du digital peuvent se tourner vers du financement non dilutif qui regroupe des aides publiques, des concours, des subventions, des fonds régionaux ou encore la love money. "Le financement non-dilutif intervient en phase de création, à la différence du financement dilutif qui intervient en phase de décollage. L'intérêt pour les entrepreneurs est ici de garder le contrôle de la structure et d'alimenter leur trésorerie", explique Sabrina Lenczner.
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Une entreprise qui souhaite lever entre 200000 et 800000 euros peut également s'orienter vers des business angels (BA). Ils s'organisent souvent en réseau, selon des verticales spécifiques telles que la biotech, la proptech... "La France est très en pointe sur ce sujet. Des dizaines d'entrepreneurs à succès comme Marc Simoncini, le créateur de Meetic ou Jacques-Antoine Granjon, le fondateur de vente-privee.com, restent très influents et continuent d'investir leurs fonds propres dans les jeunes pousses de demain. Le fonds Blisce, fondé par le serial entrepreneur Alexandre Mars, a investi en début d'année près de 13 millions d'euros dans l'application de lutte contre le gaspillage alimentaire Too good to go, donne en exemples Thibaut Baptiste, associé du département Corporate Finance de BDO France. Les business angels qui interviennent sur des tours de table à l'amorçage vont accompagner les dirigeants pour atteindre des seuils où ils iront chercher du dilutif".
Les entreprises peuvent également faire appel au crowdlending, une forme de financement participatif consistant pour des particuliers à investir directement dans les start-up ou à prêter de l'argent à des PME/TPE par le biais de plateformes digitales, ou encore aux emprunts obligataires. Cette dernière forme de financement non dilutive, appelée dette privée, est une solution avec des taux variant entre 5 et 12%. Elle présente l'avantage de permettre un remboursement en fin de prêt du montant du financement, ce qui préserve la trésorerie de l'entreprise. "Certains acteurs, comme Firmfunding, permettent aux entreprises de taille moyenne d'avoir accès aux marchés obligataires plutôt réservés aux grands groupes et de lever entre 1 et 20 millions d'euros", explique Thibaut Baptiste.
L'ouverture de capital
Autre alternative, le financement dilutif, qui nécessite cette fois-ci pour l'entreprise d'ouvrir son capital. Il existe des dizaines de fonds de capital-risque généralistes impliqués en Seed (à savoir en amorçage) et série A comme Ventech, Partech Ventures, Alven Capital, Seventure. L'objectif? Lever entre 5 et 10 millions d'euros. D'autres fonds comme Elaia Partners, Isai, idia capital, Truffle capital, ou Sipartech qui a obtenu le soutien de Xavier Niel, sont spécialisés dans l'e-commerce et la tech. Ces fonds ont vocation à investir en Seed et en série A dans des start-up technologiques, avec des tickets de l'ordre de 2 millions d'euros en amorçage et à 10 millions d'euros.
Autre tendance: les corporate ventures, ou en français capital-investissement d'entreprise, c'est-à-dire des fonds d'investissement créés par de grandes entreprises qui utilisent leurs disponibilités pour investir dans des start-up dans le même secteur d'activité. Parmi eux: Aglaé ventures ou Five Seasons venture. "Des groupes comme Safran et Orange ont créé leur propre venture et n'investissent que dans des sociétés digitales", renchérit Sabrina Lenczner.
Les fonds européens
Les séries B et C, souvent dédiées à l'internationalisation et à soutenir un niveau de croissance élevée, concernent des levées de fonds plus importantes supérieures à 10 millions d'euros. "Les acteurs spécialisés dans le financement de scale-up, à savoir des entreprises plus matures, sont un peu moins nombreux en France mais commencent à émerger", note l'experte. Parmi eux: ID Invest et Ring capital. Dernière option: les fonds européens, comme Accel Partners ou Balderton capital basés à Londres, Point Nine Capital, un fonds allemand et Nina Capital un acteur espagnol, se positionnent sur des tours de table à partir de deux ou trois millions d'euros. "La French Tech a un joli rayonnement et attire de plus en plus les investisseurs étrangers. Le nombre d'investissements réalisés par des fonds étrangers dans les start-up françaises a tendance à augmenter", conclut Sabrina Lenczner.