Marché de la seconde main : entre vertu et croissance
À l'occasion d'une table ronde organisée par Ecommerce Mag en partenariat avec Big Youth et Yuri & Neil, des retailers ont pris la parole sur le marché de la seconde main. Consommation vertueuse, mais aussi levier de croissance, la vente de produits d'occasion prend de l'ampleur et impose de nouvelles contraintes.
Je m'abonneLe marché de la seconde main représente 7 milliards d'euros en France selon la Fevad et KPMG*. Celui-ci devrait encore croître dans les années à venir. Il est donc primordial pour les enseignes de définir leur stratégie au sujet de ce nouveau levier de croissance dont l'essor est manifeste.
Pour le groupe Fnac Darty, le signal d'alarme a retenti il y a cinq ans, alors qu'il calculait les différents scopes de son empreinte carbone. "Nous avons réalisé que 90 % de nos émissions étaient liées aux produits", commente Martin Aunos, directeur seconde vie et services du groupe. Mais la distribution étant le coeur de l'activité de l'enseigne, elle a dû repenser sa manière de vendre, afin de réduire son impact. "C'est pour cela qu'en 2013 nous avons lancé Fnac 2nde vie", précise-t-il.
Constat différent pour Christophe Boucreux, directeur innovation et nouveaux business chez ÏDKIDS. La seconde main a toujours été présente dans l'univers des vêtements pour enfants, qu'ils soient donnés de la main à la main ou vendus sur des marketplaces. "Une grande quantité de produits s'échangeaient sur des plateformes que nous ne maîtrisons pas, raconte-t-il. C'est pour cela que nous avons décidé de proposer un service de reprise et de revente de nos produits." Ainsi, lancer des services de seconde main a permis aux deux groupes d'activer un levier de croissance, sans cannibaliser leur offre de produits neufs. "En somme, la seconde main nous permet même de renouveler notre base clients, et d'augmenter le montant de notre panier moyen", détaille Martin Aunos.
Mixer neuf et occasion pour générer du trafic
Pour mettre en avant leur offre de seconde main, Fnac Darty, IDKIDS et King Jouet ont tous les trois pris le parti de l'intégrer dans le parcours de client classique. Au coeur des points de ventes des différentes enseignes, la seconde main et le neuf se côtoient. Idem sur les sites web. Pour signifier qu'un de ses magasins propose de l'occasion, le distributeur de jouets a développé l'enseigne "King Okaz", qui compte près de 30 % de produits "non neufs" présents dans l'ensemble des rayons.
Aujourd'hui, ce marché représente 8 % des ventes de l'enseigne, qui vise les 15 %. Du côté du groupe Fnac Darty, la seconde vie a généré 120 millions d'euros de volumes d'affaires en 2023 et enregistre une croissance de 30 % chaque année. Pour ce dernier, la seconde main proposée online attire des visiteurs uniques venus pour cette offre, dont l'importance ne fait qu'augmenter.
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Communiquer autour de cette offre d'un nouveau genre
Pour que le marché de la seconde main connaisse l'essor espéré, communiquer autour de ces offres est indispensable. Cependant, pour les entreprises expertes de l'occasion, cela peut s'avérer compliqué. En effet, selon Stéphane Renou, co-fondateur de StockPro, le système de marge est dégradé par rapport au marché du neuf, "nous avons donc un budget moindre pour communiquer et devons faire des grosses vagues avec peu de trésorerie." Même contrainte chez Recyclivre, avoir de l'impact coûte cher. "Nous travaillons presque exclusivement avec des personnes en situation de handicap dans le cadre de leur réinsertion professionnelle, ainsi, c'est notre identité qui vient nourrir la communication", précise Sylvain Joly, co-fondateur de l'entreprise.
*Étude Fevad et KPMG 2022 : "Focus sur les marchés les plus dynamiques et novateurs de la seconde main"