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Yann de Feraudy (Aslog) : "En France, nous disposons de très bons prestataires logistiques"

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Yann de Feraudy (Aslog) : 'En France, nous disposons de très bons prestataires logistiques'

Le président de l'Aslog -également directeur général adjoint des opérations et IT du Groupe Rocher- revient sur la situation inédite de ces derniers mois en France, et sur les défis à venir pour la filière avec l'essor du commerce en ligne et ses enjeux RSE.

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Quels sont les enseignements que vous tirez de la crise actuelle en matière de réorganisation et de souplesse ?

Au Japon, le mot "crise" s'écrit avec le même idéogramme que le mot "opportunité" . Nous sommes confrontés à une crise sanitaire qui nous affecte tous. Néanmoins, nous avons vu durant cette même période de nombreuses initiatives d'entreprises françaises : LVMH, L'Oréal, etc., se sont mises à fabriquer du gel hydroalcoolique. Alors qu'en temps normal, la mise au point d'un produit cosmétique prend plusieurs semaines, voire des mois pour valider les différentes étapes d'un process, lors de cette crise cela n'a pris que quelques jours. La Fédération des industries de beauté a mis à disposition des formules type validées que l'ensemble des acteurs se sont approprié, et chacun a produit, conditionné et distribué des quantités très importantes en un temps record. La même chose s'est passée pour le secteur du textile avec les masques.

"Des actions impossibles -en termes d'évolution, de flexibilité- sont devenues possibles avec la crise sanitaire"

Nous avons rappelé chez Petit Bateau une partie des employés de nos ateliers en chômage partiel pour les confectionner. C'est l'une des leçons de cette crise sanitaire, des actions impossibles en termes d'évolution, de flexibilité sont devenues possibles. Autre exemple au sein du groupe, nous avions une telle demande pour la vente à distance pour Yves Rocher que certains collègues des services administratifs sont venus aider dans les sites logistiques afin de réduire les délais. Il est nécessaire d'avoir un management de proximité, lequel doit non seulement être exemplaire, mais également donner le sens des choses en fonction des priorités du moment et de l'engagement de la société. Enfin, nous avons pu voir la robustesse de nos supply chains, elles se sont montrées plus que résilientes.

Les décisions prises par les pouvoirs publics ont-elle été à la hauteur de la crise ?

Globalement, le gouvernement a réagi de manière rigoureuse, ainsi que l'Union européenne, pour répondre à cette crise inédite. Les mesures ont été très fortes, notamment pour sauvegarder la trésorerie des entreprises et éviter les faillites en cascade et maintenir les capacités de paiement interentreprises.


La logistique urbaine est une problématique à forte tension avec une croissance très forte et probablement durable, comme en Chine. La crise sanitaire amplifie ce phénomène via l'essor du commerce en ligne (et une demande encore plus importante). Alors que la majorité des consommateurs vivent dans des agglomérations, nous constatons plus de circulation, de livraisons en milieu urbain. Nous assistons à une multiplication des acteurs, du nombre de véhicules et donc à un encombrement des voies mais ces derniers repartent généralement à vide.
Avec d'autres partenaires (le club Déméther, l'Institut du commerce, l'École des Mines), nous réfléchissons depuis un an à cette thématique et nous espérons obtenir des fonds pour déployer une méthodologie de travail (collecte et analyse des informations et data de flux sur des zones géographiques circonscrites). Nous souhaitons proposer des solutions pour une meilleure mutualisation des flux dans la livraison urbaine, mais aussi préconiser la taille de véhicule ad hoc...

Le marché français de la supply chain diffère-t-il de celui des autres pays européens ?

En France, nous disposons de très bons prestataires logistiques, dont certains de taille mondiale (FM Logistic, ID Logistics, Geodis...). Autre atout, le marché français de la supply chain est très fort dans la mutualisation des flux. Cette dimension a été appréhendée par les acteurs du secteur, un sujet porteur en termes de perspectives pour le développement durable.

De nombreuses entreprises mettent en place des technologies d'automatisation dans leurs entrepôts, quelle est votre position ?

Pendant très longtemps, nous avions une opposition entre deux écoles, ceux qui prêchaient le tout automatique et les autres plus favorables aux méthodes manuelles. Nous devons plutôt réfléchir à la "juste automatisation" , les deux questions indispensables pour toute entreprise : "pour faire quoi " et "au service de quoi" ?
L'automatisation est nécessaire pour diminuer les tâches pénibles et répétitives, mais aussi pour éliminer les goulets d'étranglement de
manière à accélérer les flux. Le tout automatique est relativement peu flexible et agile, deux notions importantes dans la logistique. Cela engendre également une très forte masse de frais fixes et correspond à une certaine typologie de flux et d'articles. Il est important de procéder à une analyse du processus pour identifier les points où l'automatisation sera bénéfique.

Quels sont les enjeux de la supply chain dans les prochaines années?


La robustesse et la totale transparence de la chaîne logistique, ainsi que la qualité des services sont des notions fondamentales pour les prochaines années. Et contrairement au matraquage d'avant la crise sur la livraison express en 2h..., le client a plutôt envie de savoir précisément à quel créneau horaire il sera livré. Enfin, le défi RSE reste l'un des défis majeurs à venir.


Son parcours

1986 Yann de Feraudy est diplômé d'un MBA en management à l'Essec. Avant de rejoindre le Groupe Rocher, il a intégré le cabinet Diagma Consultant - en charge du programme "Visutour" pour l'optimisation des tournées de livraison. En 1995, Yann de Feraudy intègre le spécialiste français du recrutement Hays Dsia en France puis au Royaume-Uni.

2015 Il est nommé directeur général adjoint du Groupe Rocher en charges des opérations et de l'IT. Yann de Feraudy supervise les achats, la fabrication, la chaîne d'approvisionnement et la gestion des TI. En octobre 2019, il est devenu le nouveau président de l'Aslog.





 
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