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"Nous avons une forte culture de l'innovation"

Publié par François Deschamps le - mis à jour à
'Nous avons une forte culture de l'innovation'

A l'occasion de la publication de ses résultats annuels, le co-fondateur et CEO de Showroomprivé, Thierry Petit revient sur les succès de la société en 2014, et dresse son analyse de l'évolution du secteur pour l'année à venir.

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Showroomprivé a généré 450 millions d'euros de chiffre d'affaires et une croissance de 40% en 2014. Quelles actions mises en place l'an passé ont permis à la société de connaitre un tel niveau de croissance ?

Nous avons enregistré en effet une croissance forte, plus forte même qu'en 2013. Plusieurs éléments expliquent cette réalité. Tout d'abord, pour les consommateurs comme pour les marques, nous sommes devenus une référence, et une vraie alternative au leader, ce qui nous permet de signer de plus en plus avec des marques fortes comme Princesse tam.tam, Du Pareil au Même, Puma, ou Playmobil... Nous avons atteint des volumes critiques qui nous permettent d'écouler de gros volumes pour les marques. Aussi, ces résultats doivent à la poussée du mobile, assez colossale notamment au regard de la moyenne du secteur en termes de m-commerce qui se situe davantage autour de 20% du chiffre d'affaires.

Chez Showroomprivé, quasiment 50% du notre chiffre d'affaires provient du mobile, tablettes et smartphones, et à 75% depuis les applications. La force du mobile est de créer davantage d'engagement avec nos clients, et donc plus de récurrence sur les visites, et plus de récurrence d'achats. Le troisième élément fort, est la croissance des ventes avec les service de livraison à domicile en 24h, dans un secteur où les délais moyens sont plutôt de trois semaines. Enfin, notre positionnement très axé sur la mode et les femmes impacte encore plus clairement l'esprit des marques et des consommateurs que le leader du marché, qui pour sa part est davantage engagé dans une stratégie de diversification. Cela peut avoir pour effet de complexifier la compréhension de son positionnement pour le consommateur.

Les ventes à l'international représentant 20% du chiffre d'affaires en 2014, soit en hausse de près 60% par rapport à 2013. Comment expliquez-vous cette hausse ?

La France connait une bonne croissance, de l'ordre de 35% par rapport à l'an passé. Mais il est que nous sur-performons à l'international, avec notamment quatre pays phares : la Belgique, le Portugal, l'Espagne et l'Italie. La Pologne commence vraiment à décoller malgré les difficultés d'appréhension du pays que nous avons rencontré au début et qui a nécessité de nombreuses adaptations. C'est un marché énorme sur lequel nous recrutons 5 000 membres tous les jours, le potentiel est en effet très important. Les Pays-Bas sont en très légère croissance mais les consommateurs sont très fidèles. Par ailleurs, nous venons de lancer une version multi-devises et multi-destinations de showroomprive.co.uk, le site anglais.

Cela nous permet d'adresser et de livrer désormais plus de 150 pays à travers le monde. Nous avons adapté d'une part les modes de paiement et d'autre part les modes de livraison, sans être présents physiquement dans tous ces pays. Nous avons notamment noué un partenariat avec le logisticien Dispeo en septembre 2014, crée 400 emplois, afin d'être capables de faire face à une éventuelle hausse soudaine de la demande. Chaque consommateur dans chacun de ces pays peut acheter sur le site grâce à des mécaniques de taxes par pays, de dédouanements, d'adaptation aux frais de ports locaux, etc... Par la suite, de manière très pragmatique, nous allons observer quels pays émergent et quels sont ceux qui ont du potentiel, afin d'éventuellement adapter les sites en local.


L'an passé, vous avez déployé une solution de service clients pour les sourds et malentendants, mis en place les paiements en bitcoins, lancé l'application web-to-store Smart Promo, dans quelle logique s'inscrivent ces initiatives?

Elles s'inscrivent dans une culture d'innovation forte. Car en tant que challenger, nous nous devons de proposer des services qui n'existent pas. Ça a commencé par le lancement du service de livraison à domicile en 24h, et une présence très tôt sur le commerce mobile. Dernièrement nous avons lancé Smart Promo qui est un service qui permet de driver du trafic en magasins. Par ailleurs, je suis ingénieur de formation, il y a donc une culture IT très présente au sein de l'entreprise. Ces nouveaux services nécessitant en effet de l'usage de beaucoup de technologies. Concernant les Bitcoins, j'ai beaucoup aimé l'idée de l'algorithme qui permet de révolutionner non seulement la monnaie, mais tous les échanges de manière sécurisée. Nos ingénieurs se sont vraiment amusés à mettre en place cette technologie sur le portail. Nous avons choisi de mettre en place le paiement en Bitcoins déjà parce que des géants du Web tels que Paypal, Expedia, Dell, ou Microsoft s'y lancent. Cela peut permettre de démocratiser cette monnaie.

Par ailleurs, nous sommes dans un monde ou l'économie collaborative se développe fortement, accompagnant la disruption de nombreux pans de l'économie, à l'exception d'un seul jusqu'à présent : les monnaies. Et le Bitcoin peut s'inscrire dans cette logique. Enfin, lorsqu'on regarde les tendances sur les modes de paiement, en prenant l'exemple du système Apple Pay, on s'aperçoit qu'Apple prend une commission, ainsi que Visa et la banque. Cela représente trois couches de commissions pour se retrouver in fine avec quasiment 1,5% de commissions bancaires, autrement dit un poids extrêmement lourd à supporter pour les sites marchands. Alors que le Bitcoin, c'est gratuit, ou presque. Depuis la mise en place de ce mode de paiement, nous enregistrons plusieurs centaines de transactions. Là ou c'est intéressant, c'est que cela nous permet de toucher une cible nouvelle, ce qui signifie que ce sont des nouveaux acheteurs.

Vous avez embauché 180 personnes l'année dernière, prévoyez-vous de maintenir ce rythme de créations d'emplois en 2015 ?

Tout à fait, nous prévoyons la création de 120 à 180 emplois, en fonction du développement des nouveaux projets. Et cela sur tous types de profils : commerciaux, ingénieurs, des profils marketing, de service clients, bref tous les métiers. Aussi, nous avons en permanence des besoins dans la logistique, ou dans la production des ventes. Enfin, il y a tous les métiers liés aux nouvelles technologies, ou aux nouveaux pays que nous lançons. Certains profils sont néanmoins difficiles à recruter, et ce sont les mêmes que pour toutes les entreprise françaises, à savoir les ingénieurs.

2014 a été une année riche de métamorphoses pour le secteur du e-commerce. Quelle analyse en faites-vous, et comment voyez-vous le marché évoluer ?

En Europe du Nord tout d'abord, le e-commerce est très mature et s'est développé comme un service aux consommateurs. A l'inverse, dans les pays d'Europe du Sud et d'Europe de l'Est, les consommateurs sont arrivés au e-commerce par les prix, car les tarifs des produits y étaient moins élevés. Et géographiquement parlant, au milieu de tous ces pays, il y a la France, qui commence à connaitre un certain niveau de maturité, moins axé sur les prix bas qu'il y a 4 à 5 ans, et marqué par l'arrivée de gros retailers traditionnels, qui peu à peu, prennent le pouvoir car ils bénéficient d'une puissance de marque très forte, et de moyens financiers colossaux. Face à cette réalité, les e-marchands qui pourront survivre sont soit les pure players mondiaux qui ont une puissance de frappe mondiale, soit des pure players dont le modèle n'existe pas dans le monde physique, comme Showroomprivé.

Comme il n'y a pas d'équivalent dans le monde physique, nous ne serons pas soumis au risque qu'un gros acteur réplique notre modèle, et cela nous protège un tant soit peu. En revanche, les pure players qui génèrent entre 30 et 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, doivent investir massivement pour la logistique, pour un éventuel développement à l'international, etc ; et malheureusement à cette étape de leur vie, les modèles économiques ne permettent pas de dégager suffisamment de volumes de vente pour compenser les effets de marges. Et en Europe, il y a énormément de sociétés dans ce cas. Enfin, celles qui génèrent jusqu'à 100 millions d'euros, lancées il y a 4 à 5 ans, vont être confrontées à la volonté des fonds qui les ont financé, de se retirer. Pour celles-ci l'avenir n'est pas complètement assuré, ou s'orientera vers de la consolidation.


 
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