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La durabilité s'enracine dans les business models

Intégration de la seconde main dans la stratégie de croissance, sélection d'articles dont la teneur en composants recyclés et biosourcés est optimisée, normalisation de la data carbone, tous ces réflexes sont devenus monnaie courante chez les e-commerçants et retailers. Tour d'horizon de quelques bonnes pratiques.

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Des cartables usagés transformés en ressources circulaires
Des cartables usagés transformés en ressources circulaires
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La vague du commerce durable semble sans cesse se renouveler et gagner en force, imposant son rythme aux mues déjà engagées par de nombreux acteurs de l'e-commerce. Début juillet, le groupe Showroomprivé (Showroomprivé, Beauté Privée et The Bradery) a ainsi annoncé que sa plateforme de revente "revendre.showroomprive.com" allait monter en puissance. Jusqu'ici, celle-ci ne proposait "que" du textile. Désormais, son offre de reprise s'enrichit de nouvelles catégories stratégiques comme

L'appétit pour les produits reconditionnés est dopé par la baisse du pouvoir d'achat

les smartphones, l'informatique (tablettes, ordinateurs), les appareils photo, l'équipement audio et le petit électroménager. Sans oublier les livres et les consoles de jeux.

La Transformation rapide du modèle d'activités

Ce développement se fait dans le cadre du partenariat conclu avec CircularX, filiale technologique de Recommerce. Le groupe présidé par David Dayan n'en est pas à son coup d'essai dans le domaine du commerce durable. Il avait déjà lancé en 2022 un dispositif baptisé "Second Show", afin de proposer aux membres de Showroomprivé une reprise "clés en main" de leurs vêtements usés, l'entreprise assurant elle-même la collecte, le tri et la revente.

Même constat d'accélération chez Easy Cash qui a décidé de lever des fonds auprès de deux investisseurs régionaux : Multicroissance et Océan Participations. "Cette opération s'inscrit dans la continuité de notre projet d'entreprise. Elle confirme la solidité de notre modèle et nous donne les moyens d'aller plus loin et plus vite", a commenté Anne-Catherine Péchinot, qui est promue présidente du groupe - en plus de ses fonctions de directrice générale - et a pour mission de piloter cette nouvelle phase de transformation de l'enseigne.

PDG d'Easy Cash

"Cette opération s'inscrit dans la continuité de notre projet d'entreprise.", Anne-Catherine Péchinot, PDG d'Easy Cash.


L'explosion du reconditionné : une réponse (aussi) à un pouvoir d'achat sous tension

Comme le soulignait un sondage d'OpinionWay publié au printemps, les consommateurs français, conscients des enjeux écologiques actuels, ne refusent pas d'adopter de nouveaux comportements. Néanmoins, leur engagement reste limité par le prix, critère principal d'achat pour trois Français sur quatre, et par le manque d'offre. Leur appétit pour les reconditionnés (IT, audio, téléphones) est dopé par les attaques croissantes subies par leur pouvoir d'achat.

En moyenne, ce type de produit est vendu entre 20 % et 50 % moins cher que les articles neufs, selon leur état et leur ancienneté. Revendre son ancien smartphone rapporte désormais en moyenne 170 euros au consommateur français, d'après la 2e édition de l'Indice de la Reprise publié par Recommerce.


C'est aussi sur ce marché en progression que la société Ecogem a décidé de surfer. Fondée en 2022 par Grégoire Rouffignac et Ahmed Chaieb, Ecogem souhaite "rendre le réemploi viable à grande échelle, en passant de l'artisanal à l'industrialisé, structuré et optimisé". Fin juin, elle a annoncé l'ouverture d'un site dans le quartier de Bercy à Paris pour traiter jusqu'à 5 000 téléphones par mois, à l'horizon fin 2025. "Installés à Bercy, nous souhaitons faire de ce lieu un atelier pour reconditionner des smartphones issus de réseaux de boutiques d'achat revente en France", explique Benjamin Carlu, ingénieur âgé de 40 ans et COO d'Ecogem, qui s'appuie sur son expérience passée chez Pixmania où il avait déjà monté un atelier similaire à Levallois.





Des cartables usagés transformés en ressources circulaires

Avec la rentrée scolaire, de nombreux cartables vont trouver leur chemin dans les caddies des parents. Les anciens seront remplacés par de nouveaux. La plupart des sacs d'école ont une durée de vie maximum de deux ans. Ils sont ensuite jetés à la poubelle pour être incinérés ou enfouis. Parmi la masse de fournitures scolaires, le cartable constitue un produit à l'impact environnemental non négligeable. Un modèle en polyester de 3 kg peut représenter environ 59 kg de CO2. C'est donc à un important vivier de recyclage que les marques Cultura, Plaxtil et Essaimons s'intéressent depuis quelque temps.


Celles-ci ont lancé fin juin la 3e édition de leur opération de recyclage de sacs à dos et cartables. Jusqu'au 14 septembre, les magasins acceptent de reprendre et de recycler les vieux cartables. Selon l'enseigne Cultura, "les premiers objets fabriqués à partir de cartables recyclés seront proposés dans ces magasins d'ici la fin de l'année". Après en avoir collecté 25 000 en 2023 et plus de 35 000 pièces en 2024, Cultura, Essaimons et Plaxtil souhaitent en recycler et transformer plus de 50 000 cette année. Un panorama des efforts en matière de commerce durable ne serait pas complet sans un regard sur les initiatives prises par les enseignes de la grande distribution pour réduire leur impact carbone.

Données carbone : un enjeu de normalisation pour la grande distribution

Auchan, Carrefour, Coopérative U, le Groupe Casino, le Groupement Mousquetaires, le Mouvement E.Leclerc, Lagardère Travel Retail, Lidl et Metro France : neuf acteurs du commerce ont annoncé le 2 juillet qu'ils allaient unir leurs forces pour harmoniser la remontée des données carbone de leurs fournisseurs. C'est la plateforme OpenClimat qui a été retenue pour assurer cette prestation. Le lancement devrait être opérationnel au 15 octobre. Ainsi, les fournisseurs seront en mesure de centraliser sur une plateforme unique la saisie de leurs données sur leurs réductions d'émissions pour l'ensemble de leurs clients retailers. Ils pourront également expliquer en quoi consistent concrètement leurs engagements et communiquer sur les progrès réalisés.


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