Fin du ticket de caisse : quel bilan 6 mois après ?
Appliquée depuis le 1er août dernier, la suppression du ticket de caisse et du reçu de carte bancaire au format papier devient une habitude pour les commerçants comme les consommateurs. Elle a fait entrer la France parmi le cercle encore fermé des pays qui ont entamé une démarche similaire, à savoir le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et l'Italie.
Je m'abonneSix mois après la suppression du ticket de caisse, l'opinion française semble donc acquise à la démarche environnementale et sanitaire voulue par les pouvoirs publics. L'acception de cette réforme doit beaucoup aux commerçants qui ont anticipé son application tout en sensibilisant leurs clients. Des craintes ont été dissipées pour préserver les droits des consommateurs, ce qui explique la persistance des éditions pour les produits sous garantie ou pesés, pour des services d'un montant supérieur ou égal à 25 euros.
Plus étonnant, les notes et additions font de la résistance dans le secteur de l'hôtellerie-restauration ou dans celui des services pour le péage ou le stationnement. Mais la faute en revient essentiellement aux entreprises qui imposent un reçu papier dans le cadre des notes de frais, plutôt qu'à l'État qui pousse plutôt pour une dématérialisation.
Un bilan à établir
Enfin, pour satisfaire aux obligations légales, ont été maintenus les reçus des opérations par carte bancaire annulées, non abouties ou soumises à un régime de pré-autorisation ou de crédit. Malgré ces exceptions compréhensibles, il y avait urgence à agir. L'an dernier, 12,5 milliards de tickets ont été imprimés, nécessitant 150 000 tonnes de papier, 25 millions d'arbres coupés et 18 milliards de litres d'eau avant qu'ils ne sortent des caisses. Sans oublier qu'ils étaient porteurs de bisphénol F ou S, des substances chimiques perturbatrices du système endocrinien.
Gageons que le gouvernement pourra établir, en août prochain, un premier bilan pour mesurer l'implication des Français, sensibles à la cause de la transition climatique. Dans l'intervalle, la fin de l'impression systématique du ticket a engendré un regain d'intérêt pour les applications et les outils digitaux, aussi bien auprès des consommateurs que des commerçants.
Un accélérateur de digitalisation
Du côté des commerçants, la vague de digitalisation constatée suite à la pandémie se poursuit. La fin du ticket papier a été un facteur supplémentaire vers la dématérialisation de la gestion de leur point de vente. Ils estiment même qu'elle améliore la relation client. Surtout grâce à la création de bases de données - respectant les règles de la CNIL - qui permettent des communications ayant une vraie valeur ajoutée. C'est-à-dire la possibilité de proposer des services plus personnalisés, comme un programme de fidélité, des promotions ciblées ou des informations plus détaillées sur les produits achetés.
Au final, alors qu'elle était redoutée, cette réforme a conforté l'expérience et la fidélisation client, ce qui est un point positif pour l'ensemble des commerçants.
Du côté des consommateurs, l'interdiction de l'impression les a poussés à créer des comptes clients afin de recevoir électroniquement les tickets de caisse issus de leurs commerces habituels. Ils se sont familiarisés avec les solutions numériques pour gérer leurs dépenses et le budget familial. De même, ils mesurent mieux l'intérêt de rassembler l'intégralité de leur programme de fidélité, leurs tickets et les données sur leur smartphone, allégeant ainsi le poids du nombre de cartes dans leur porte-monnaie et leur espace de rangement à la maison.
En six mois, la France a donc su relever le défi d'une véritable révolution culturelle, écologique et digitale. Il reste maintenant à poursuivre le développement d'une ingénierie digitale qui confortera définitivement la fin du papier pour toutes les preuves d'achat et de garantie. Ou encore des solutions et applications qui pourront procurer le même sentiment de sécurité, de mémorisation et de fiabilité autrefois procuré par le ticket. Au monde de la Tech, entre autres, de relever ce challenge.