Shein épinglé par la CNIL, 150 M€ d'amende en France
Le géant asiatique du prêt-à-porter en ligne Shein a été condamné, mercredi 3 septembre, à une amende massive de 150 millions d'euros par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Le régulateur français reproche au groupe d'avoir enfreint la législation encadrant l'utilisation des cookies publicitaires, ces traceurs numériques qui suivent l'activité des internautes.

Cette amende figure parmi les plus lourdes jamais infligées par la CNIL, qui a également sanctionné Google à hauteur de 325 millions d'euros pour des manquements similaires. Dans le cas de Shein, l'autorité pointe le caractère massif des données concernées, avec environ 12 millions d'utilisateurs mensuels du site en France.
La CNIL dénonce le dépôt de cookies publicitaires sans consentement préalable des internautes, un manque d'information claire sur l'usage de ces traceurs, ainsi qu'un mécanisme défaillant de retrait du consentement. Bien que l'entreprise se soit mise en conformité depuis les contrôles, l'institution a jugé la sanction proportionnée à l'ampleur des infractions.
La défense de Shein
Shein a immédiatement annoncé son intention de former un recours devant le Conseil d'État et la Cour de justice de l'Union européenne. Dans un communiqué transmis à l'AFP, le groupe estime que l'amende est « totalement disproportionnée compte tenu de la nature des griefs allégués et de (sa) conformité actuelle ».
Le géant de l'« ultra fast fashion » va plus loin en évoquant une sanction motivée par « des considérations politiques plutôt que par une application équitable et équilibrée de la réglementation ». L'entreprise affirme avoir « pleinement coopéré » avec la CNIL depuis août 2023 et regrette qu'aucun avertissement préalable n'ait été émis.
Une entreprise sous pression
Cette nouvelle sanction s'ajoute à une série de critiques et d'enquêtes visant Shein, accusée de pollution environnementale, de pratiques commerciales trompeuses et de concurrence déloyale. Début juillet, la plateforme avait déjà écopé d'une amende de 40 millions d'euros en France pour avoir artificiellement gonflé certains prix avant d'afficher de fausses promotions.
Très implantée sur le marché français, où elle attire un public jeune séduit par ses prix cassés et son offre pléthorique, Shein fait également l'objet d'une proposition de loi en France visant à réguler la mode éphémère. Celle-ci prévoit des restrictions publicitaires, des pénalités financières et une obligation de sensibiliser les consommateurs à l'impact environnemental de leurs achats.
Shein dispose désormais de quatre mois pour faire appel de la décision de la CNIL. L'affaire devrait alimenter le débat sur la régulation des géants du numérique et de l'« ultra fast fashion », déjà accusés d'affaiblir la concurrence tout en contournant les règles protectrices des consommateurs et de leurs données personnelles.
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