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Les RH, nouvel atout du Web

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Les départements ressources humaines des sites web sont, depuis quelques années, de plus en plus structurés. La nouvelle économie a permis à de nouveaux métiers d'éclore et les jeunes sont aujourd'hui nombreux à être attirés par ces professions alliant technicité et créativité. Pour autant, les perles rares restent les profils seniors, particulièrement recherchés.

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@ Julien Grémaud (Kot&Kat Illustrations)

Jeune, créatif, technophile, résistant au stress...Voici quelques caractéristiques du portrait-robot de l'«homo numericus», valeur montante du XXIe siècle. Qui sont, en effet, ces hommes et ces femmes travaillant aujourd'hui pour l'économie numérique, au sein de sites web, petits ou grands? Des jeunes, d'abord. La moyenne d'âge des recrues se situe bien en deçà des autres pans de l'économie. D'IdTGV à Pixmania, en passant par Photobox, les effectifs ont souvent moins de 30 ans. «Au sein du site Photobox, la moyenne d'âge des salariés est de 25 ans», illustre Delphine Dumont, responsable des RH du site qui compte 220 salariés en France et 120 au Royaume-Uni. Des jeunes, certes, mais souvent très qualifiés. Chez les pure players de l'e-commerce en effet, pas moins de 36% des effectifs sont cadres, 13% techniciens et agents de maîtrise, 51% employés et ouvriers, selon la première étude dressant un bilan complet de l'emploi dans le secteur, réalisée en 2006 par Benchmark Group pour le compte de la Fevad. «On évolue, au sein de l'e-commerce, dans un environnement complexe qui reste attractif pour des jeunes diplômés», observe Julien Maquaire, nommé récemment directeur au sein de l'agence FullSIX, après sept années passées chez eBay, l'une des marques phares du Web. Une attractivité de ces métiers qui n'a cependant pas toujours existé. En effet, aux prémices du média, les emplois du Net étaient un peu délaissés. Aujourd'hui, ils sont beaucoup mieux cotés qu'il y a 15 ans. Résultat? Pas mal de jeunes arrivent sur le marché pour travailler dans la Netéconomie. «Ils sont souvent astucieux, dynamiques et créatifs», note Jean-Baptiste Renié, fondateur de Envoimoinscher.com.

Jean-Baptiste Renié (Envoimoinscher.com):

«Une petite entreprise, de type start-up, doit savoir se vendre, notamment auprès de profils seniors.»

Les métiers se professionnalisent

Les jeunes attirés par le Web ne manquent donc pas et les métiers se sont fortement professionnalisés. «Les candidats qui ont une expertise du Web sont recherchés», confirme Delphine Dumont. Parmi les profils en pointe, les experts en SEO (Search Engine Optimization) restent particulièrement prisés. Les sites internet qui «trackent» tous leurs résultats sont exigeants sur ces métiers directement en lien avec leurs performances économiques. Quant aux architectes de l'information et aux ergonomes, ils ne sont pas non plus en reste. Avec pour finalité de mettre en cohérence les attentes des internautes et l'architecture des sites, ces métiers stratégiques restent souvent clés pour de nombreux sites.

Et quand il s'avère difficile de recruter, les sites n'hésitent pas non plus à jouer la carte de l'externalisation. Chez Envoimoinscher.com, une start-up qui compte six salariés, la démarche est, par exemple, toujours la même. «A chaque fois, la réflexion consiste à se demander si on internalise ou si on externalise la compétence que l'on recherche», explique Jean-Baptiste Renié. Une solution pour laquelle optent de nombreux acteurs. Et cela en attendant d'atteindre la taille critique pour internaliser la compétence, si cette dernière s'avère par la suite fondamentale.

Média en mouvement oblige, le Web réinvente sans cesse ses métiers. A chaque salon professionnel, on voit ainsi apparaître de nouveaux pôles d'expertise. «Toutes les techniques de marketing internet évoluent très vite, notamment avec l'arrivée des réseaux sociaux. Il faut acquérir des savoir-faire et des méthodologies», insiste Gilles Dandel, en charge du réseau de consultants WSI, une franchise qui existe depuis 1995. L'entreprise a développé un concept pour former des franchisés à devenir des experts en solution internet et en e-marketing. Récemment, les nouvelles fonctions ayant émergé concernent en effet les médias sociaux, le marketing communautaire, et l'ensemble des développements applicatifs permettant de créer de l'échange entre les internautes, les marques et les sites. Le but pour ces différents publics? «Etre capable d'écouter et de prendre la parole rapidement sur le Web», explique Séverine Charbon, DRH de Vivaki (Cf. interview p. 18). A noter, ces nouveaux métiers (community manager, consultant en médias sociaux) font souvent appel à des autodidactes, passionnés par une thématique et possédant de fortes compétences, tant éditoriales que techniques. Originalité de l'univers du Web, il continue en effet de compter de nombreux autodidactes, qui parviennent à se faire valoir sur un marché moins enclin aux préjugés que bien d'autres. L'ouverture, maître mot des RH du Web? Peut-être, sur une économie digitale qui évolue en permanence et demande à ceux qui y travaillent une forte capacité de remise en question.

Pour faire face à leur développement tous azimuts, les sites ont dû structurer leurs départements des ressources humaines. Et si pour les plus petits d'entre eux, le recrutement reste encore une prérogative du dirigeant, les grands sites ont, depuis quatre ans, développé leur département RH, en constituant des équipes dédiées à cette tâche. Seloger, eBay, Yahoo!, Meetic ont ainsi créé des postes de responsables des ressources humaines quand les plus grandes structures - mais elles sont encore rares - se sont dotées de postes de DRH, à temps plein! Au sein de Vente-Privée, par exemple, la création d'un poste de DRH pour accompagner le développement exponentiel du site date seulement de 2007. Au sein de Voyages-sncf, Goeffroy Fourgeaud, le DRH actuel, est arrivé chez le premier voyagiste en ligne, il y a quatre ans, pour créer le département. Preuve du dynamisme de la fonction RH dans la Netéconomie, un club des DRH du Web regroupant directeurs et responsables des ressources humaines a également été fondé en 2008, en vue de fournir au marché quelques données de référence sur les profils et les rémunérations (lire encadré p. 13).

Gilles Dandel (WSI):

«Toutes les techniques de marketing internet évoluent très vite, notamment avec l'arrivée des réseaux sociaux. Il faut acquérir des savoir-faire et des méthodologies.»

Julien Maquaire (FullSIX):

«Dans l'e-commerce, on évolue dans un environnement complexe qui reste attractif pour des jeunes diplômés.»

L'art de faire jouer le réseau pour recruter

En termes de mission, le but de ces services RH n'est autre que de recruter, intégrer, former et fidéliser les équipes. Et en matière de recrutement, la réputation des sites fait largement partie de leur attractivité. Les plus petites structures doivent donc faire jouer d'autres atouts. «Pour une petite entreprise, de type start-up, on doit savoir se vendre, notamment à des profils seniors. L'individualité y est moins forte», constate Jean-Baptiste Renié. Concrètement, dans ce type d'entreprises, des mécanismes incitatifs d'intéressement aux performances économiques sont souvent négociés par les nouveaux arrivants. Mais, dans tous les cas, petites structures ou grands noms du Web, c'est l'effet réseau qui joue à plein. Ce dernier est démultiplié par la montée en puissance des plateformes et réseaux sociaux, tels que Facebook, LinkedIn, Viadeo. Des valeurs sûres pour faire se rencontrer l'offre et la demande de compétences.

Car la communauté digitale reste un petit monde. Qui aime bien se coopter. Les acteurs l'avouent. Ces pratiques sont très répandues et encouragées. Reste que, sur des spécificités métiers, il s'avère toujours aussi difficile pour les sites de trouver les bons profils. Pour les y aider, des cabinets de recrutement, à l'instar de Blue Search Conseil ou encore d'Altaïde, ont fait de ces recherches leur spécialité...

Mais le canal des écoles et des stages s'avère aussi un bon vecteur de recrutement de nouveaux talents, pour ensuite former les recrues sur le tas. «Pas mal d'écoles de commerce proposent désormais cette double approche, commerciale et technique, dans la formation aux nouvelles technologies», estime Julien Maquaire. Un avis que ne partagent pas l'ensemble des professionnels qui sont encore nombreux à regretter un manque de formation complètement en phase avec leurs besoins. «Les écoles de commerce n'ont pas de véritables spécialités sur les métiers du Web», estime, pour sa part, Delphine Dumont. Qu'ils s'agissent de profils techniques ou marketing, les rares formations les plus souvent citées sont toujours les mêmes: Sup Info, Epita, le Pôle Universitaire Léonard de Vinci, l'école Telecom Sup Paris, le Celsa...

Peu de structures, en fait, au regard des besoins de la Netéconomie. Lesquels ne devraient pas se tarir et intéressent de plus en plus les pouvoirs publics. Car, et c'est nouveau, les pures players ont désormais leurs entrées dans les ministères. Le ministre chargé du Plan de relance, Patrick Devedjian, recevait ainsi le mercredi 7 octobre 2009 des pure players, des Vadistes ainsi que la Fédération du commerce électronique et de la vente à distance (Fevad) pour parler de l'emploi dans l'économie numérique. Relativement épargné par la crise, le commerce en ligne générerait en France, selon la Fevad, 20 000 emplois directs, et de nombreux emplois indirects sur les métiers de la logistique, du conseil et de la communication. Des chiffres ne tenant, en outre, pas compte des nombreux emplois créés par les plateformes d'intermédiation, du type eBay ou PriceMinister. En constante augmentation, les besoins de personnels qualifiés devraient s'accroître dans les prochaines années. Du travail, à n'en pas douter, pour tous les départements RH des grands de l'e-commerce et des start-up de la Netéconomie...

Delphine Dumont (Photobox):

«Les candidats qui ont une expertise du Web sont recherchés et sollicités.»

Trois questions à Goeffroy Fourgeaud, président du club des DRH du Net et DRH de Voyages-sncf.com: «Auparavant, il n'existait aucun historique auquel se référer»

Le club des DRH du Net a été lancé en 2008. Dans quel but?
J'occupais auparavant un poste de DRH dans le secteur de la haute couture. Quand je suis arrivé dans le monde du Net, je me suis rendu compte qu'il n'existait aucun historique auquel se référer, en termes de description des métiers et de grille de rémunération. Je naviguais à vue. Avec Pierre Cannet (p-dg du cabinet Blue Search Conseil, NDLR), nous avons décidé de fonder un club des DRH du Net. Une vingtaine de DRH de sites importants ont répondu présent. Nous nous sommes rendu compte que nos problématiques étaient communes.


Vous avez d'ores et déjà établi un référentiel des métiers du Net. De quoi s'agit-il? Pourquoi cette classification faisait-elle défaut?
Nous avons commencé par établir ce référentiel après de nombreuses réunions et tours de table. Le document d'une centaine de pages qui en résulte référence une trentaine de métiers du Web et les contours des postes. En effet, il n'y a pas de conventions collectives arrêtées dans les métiers du Net. Cela n'aurait d'ailleurs pas de sens, vu la variété des fonctions...


Quels seront les grands projets du club des DRH du Net en 2010?
Nous mettrons l'accent sur la formation. Peu d'écoles forment à nos métiers en informatique et en marketing. Nous souhaitons recenser et évaluer quels seront nos besoins pour travailler avec des organismes de formation. Nous sommes également prêts à accueillir de nouveaux membres. Et réfléchissons à l'opportunité d'élargir le club aux DRH des web agencies.

Formation: Malinea et Coliposte créent les Ateliers de la Transformation

Malinea et Coliposte ont créé un nouveau rendez-vous: les Ateliers de la Transformation. Lancés en septembre 2009, ils ont pour objectif de donner aux acteurs de l'e-commerce les clés pour optimiser leur taux de transformation, en leur présentant des exemples, et des innovations. Les résultats d'une enquête effectuée en 2009 par Malinea auprès de 30 grands e-commerçants français ont, en effet, révélé I que l'amélioration du taux de transformation est la principale priorité en 2010, pour 70% d'entre eux. Echanges entre professionnels, partage d'expériences sont ainsi au coeur de ces ateliers dont le but n'est autre que de développer la formation des acteurs et les aider à accompagner leur développement. A noter, trois autres sessions sont prévues: les prochains Ateliers de la Transformation auront lieu en janvier 2010 dans les locaux de Vente-privee.com, en mars dans ceux de PriceMinister et en mai chez Yves Rocher.

Progression du nombre de sites marchands actifs

@ Source: Fevad, bilan e-commerce 2008. Panel ICE-PSP/Fevad.

Progression du nombre de sites marchands actifs

L'e-commerce, un secteur en pleine croissance qui crée de l'emploi

Le nombre de sites marchands a crû fortement ses dernières années, entraînant mécaniquement des besoins importants sur de nouveaux profils. En 2010, près de 60 000 sites marchands seront actifs et nombre d'entre eux prévoient des recrutements pour accompagner leur développement. Une progression continue ces dernières années qui ne devrait pas se tarir.

@ Source: Club des DRH du Net. Étude des rémunérations 2008.

Les salaires du Net

Les postes étudiés dans l'enquête des rémunérations réalisée en 2008 par le club des DRH du Net sont occupés à 45% par des jeunes de moins de 30 ans, à 62% par des hommes et à 87% par des cadres, avec un niveau de formation élevé. Voici quelques exemples de rémunérations annuelles sur des fonctions phares.

Pour les agences web, les RH restent un enjeu stratégique

RECRUTEMENT Chasser les meilleurs pour servir au mieux les annonceurs. Dans les agences web, le «mercato» des profils les plus recherchés est un enjeu-clé.

Au sein des agences web, les postes de chargés de projet technique, de responsables de projet multimédia sont toujours recherchés. Et pour cause. «Le recrutement sur les fonctions web est très délicat. Les seniors, notamment, sont difficiles à trouver», note Sabine Maréchal, p-dg de L'agitateur e-Media. Les qualités requises dans le domaine du Web sont bien spécifiques. «Nous devons engager des personnes capables de surprendre les clients, souligne Laurent Duprez, DRH de l'agence ETO. Nous passons beaucoup de temps au sein de l'agence à faire en sorte que les collaborateurs se libèrent pour être connectés avec leur créativité.» Un état d'esprit en somme que cultivent volontiers les agences web, conscientes des spécificités de leur activité et de leur média. «La différence entre le digital et les médias traditionnels est que nous sommes confrontés au résultat en permanence», insiste Jean-Guy Saulou, directeur associé de FullSIX. Aussi bien en publicité, en marketing services qu'en promotion, les agences doivent pouvoir trouver des personnes généralistes de la communication tout en étant au fait des spécificités du Web.

Et pour faire face à leurs besoins, il ne reste souvent aux agences que le choix de la formation interne. «Nous organisons beaucoup de formations internes car, à l'externe, nous ne trouvons pas ce que nous cherchons. 80% des personnes qui sont aujourd'hui à l'école travailleront dans des métiers qui n'existent pas encore», analyse Jean-Guy Saulou. Chez ETO également, la formation interne est valorisée, «chaque expert dans l'agence ayant pour objectif d'animer des sessions en interne», explique Laurent Duprez. Parallèlement, l'agence a déployé un dispositif original, baptisé «vie ma vie», une journée durant laquelle les collaborateurs changent de fonction pour mieux comprendre les métiers des autres. Auto-formation et veille en général, un leitmotiv pour les professionnels des agences web. Et pour s'entourer des meilleurs, «le réseau direct est important. Certains managers enseignent, ce qui peut représenter un vivier», souligne Sabine Maréchal. Autres leviers utilisés par de nombreuses agences: la cooptation. Selon les profils, des primes sont distribuées. Plus de 300 euros chez ETO, entre 500 et 1 000 euros au sein de Vivaki. Une pratique courante, manière, à titre personnel, de monétiser son audience.

SEVERINE CHARBON, DRH de Vivaki: «La montée du digital amène les agences à travailler en silos»

Vivaki est un groupe qui compte six entités. Cette galaxie de près de 1 000 salariés en France vient de nommer une DRH transverse dirigée par Séverine Charbon. Son but? Favoriser les échanges. Explications.


Vous lancez «Talent&Transformation». Pouvez-vous nous présenter ce programme?
Le programme Talent&Transformation va être mis en place en France. C'est une DRH avec une compétence forte sur la formation. L'idée est d'essayer de casser les silos et de regarder les collaborateurs. Et cela afin de créer des synergies. Nous nous inscrivons dans le futur. C'est très stratégique. Nous nous sommes rendu compte que la montée du digital amenait les agences à travailler en silos.


Vos objectifs?
Les métiers du Web sont en évolution permanente. Ce qui est important, c'est d'acquérir des compétences fondamentales, marketing et techniques... L'idée est d'apporter de la valeur ajoutée au client final en lui permettant d'activer sa marque sur tous les points de contact, on et off line. Et cela avec des compétences techniques très pointues. L'ambition est de mettre en place des programmes transversaux qui vont permettre d'ouvrir les collaborateurs aux métiers des autres structures. Cela se déclinera sous la forme de formations mais aussi de montée en compétences sur l'international.


D'autres synergies en vue?
La structure Vivaki a été lancée au début de l'année 2009. Les différentes marques qui composent notre groupe (Performics, PhoneValley, StarCom et Zenith Optimedia, Digitas et Duke, NDLR) se sont mises d'accord sur les synergies envisageables. Nous pouvons désormais offrir des carrières beaucoup plus riches et variées du fait des nombreuses passerelles qui existent entre métier, marque et pays.

 
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Martine FUXA

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