LeWeb'13 : le meilleur de la deuxième journée
La deuxième journée de la conférence LeWeb'13 est lancée, aux Docks de Saint-Denis. Sélection des moment forts.
Je m'abonneLa première intervention de la seconde journée de l'événement LeWeb'13 donne le ton. Ramon de Leon, sorte de visionnaire des médias sociaux, ancien livreur de pizza, prêcheur survitaminé sur les bienfaits de connecter vie physique et vie sociale virtuelle, assure un show frappé du sceau de l'Amérique : énergique, enthousiaste, bruyant... diablement efficace. Il fallait bien ça pour réveiller l'assistance.
"Pour les dix prochaines années, il faudra faire la différence avec les consommateurs, vos clients, et les individus que vous croisez tous les jours, dans la rue". L'important selon lui, "votre contenu et vos données sont votre ADN digital. Elles peuvent activer l'innovation".
L'enjeu clé ? "Réussir à capter l'attention des gens, toujours plus occupés et distraits". Pour cela, il faut être prêt à leur dérouler le tapis rouge, ne pas craindre la difficulté, et être prêt à réaliser ce que personne d'autre ne fait". Et surtout, "Travailler, jouer, et créer avec la passion d'un enfant".
Selon Georges Colony, CEO de Forrester Research, "les consommateurs ont le pouvoir sur les entreprises. Un pouvoir qui leur vient de leur capacité de comparer tous les prix, mais aussi de critiquer sur Internet les sociétés dont elles sont déçues, mais aussi, d'acheter un produit à tout moment et en tout lieu, grâce à leur smartphone". Il s'agit là du principe d'évolution des individus d'une génération à l'autre. Et tout s'accélère.
Précédée de la génération X, la génération Y est unique. "Elle regarde moins la télévision que ses ainés (21% en moins), utilise davantage Internet (+24%), et jouent vraiment plus aux jeux vidéos (+319%!). Malheureusement, les consommateurs issus de la génération Y lit beaucoup moins la presse (-158%).
Les évolutions ne sont pas prêtes de s'arrêter, Georges Colony s'amusant à diffuser une vidéo sur laquelle apparait un enfant âgé de 2 à 3 ans, tentant en vain, d'agrandir avec ses deux petits doigts un article publié dans le magazine Marie-Claire, comme il pourrait le faire sur une tablette tactile. Excitantes pour les uns, effrayantes pour d'autres, les évolutions les plus fortes restent à venir.
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Autre fer de lance de ses évolutions, le smartphone, et l'habitude qu'il donne aux consommateurs d'avoir accès à tout ce qu'ils désirent, quand ils le désirent. "Le mobile représente de grandes opportunités pour l'avenir. Grâce à ce device, les entreprises et plus précisément les marques, sont dans la poche du consommateur.
Cela implique qu'elles doivent pouvoir les informer, les questionner en temps réel sur leurs besoins, et donc être connectées à leurs clients en permanence". Mais l'important est de construire l'engagement des consommateurs sur leur mobile. Ses armes ? Etre un objet résolument social, potentiellement connecté à des objets intelligents, et géolocalisé. Trois paramètres créateurs de données, "qui une fois exploitées permettent d'améliorer l'expérience utilisateur et de susciter leur engagement sur ce device".
10h30 : Carmine Gallo entre sur scène
Tout entrepreneur le sait bien, l'important est d'avoir une bonne idée. Mais ça ne fait pas tout. Carmine Gallo, auteur et coach en communication est formel : "L'idée est importante, mais il faut surtout savoir la communiquer, sinon elle ne servira jamais à rien. Que vous le vouliez ou non, aujourd'hui, tout le monde doit être vendeur".
Cet expert de la communication livre ses trois règles incontournables pour réussir sa communication :
- Emotion : "Tu dois toucher le coeur avant de toucher la tête". La passion est tout. "Tu dois m'inspirer". La passion est la chose permettant d'exprimer le mieux son talent. "La passion doit être votre plus grand amour. En discutant avec le patron de Zappos, il m'a dit que sa passion n'était pas les chaussures, mais de tout faire pour rendre les gens heureux et rendre ses salariés heureux".
- Histoire : "Il faut raconter une histoire, car le cerveau est sensible aux histoires. C'est ce qui permet à deux cerveaux d'être connectés en même temps. Raconte-moi quelque chose de nouveau". En effet, selon Carmine Gallo, nos cerveaux sont entrainés à chercher en permanence des choses nouvelles et brillantes. "Le docteur Robert Ballard a dit que dans chaque présentation orale, la mission du speaker est d'informer, d'éduquer, d'inspirer". Car l'idée in fine, est d'obliger le cerveau de sécréter de la dopamine.
- Mémorisation : Troisième règle, il faut présenter les idées de manière à ce qu'elles soient inoubliables. Il peut être pertinent d'utiliser les images. "Elles sont retenues par 65% des personnes qui en visionnent, contre 10% pour un discours oral traditionnel". Aussi, il faut être capable d'exprimer son idée en moins de 20 minutes. "John Kennedy a incité une nation à regarder vers les étoiles en 20 minutes, et Martin Luther King a prononcé son discours inspirant en à peine 16 minutes". Enfin, "il faut rester sur sa voie quoi qu'il arrive. Avec un but en tête : Mon idée sera entendue, mon idée changera le monde".
12h30 Gary Vaynerchuk, auteur
Très apprécié l'an passé pour son intervention sans langue de bois, Gary Vaynerchuk s'est à nouveau fait remarquer. Avec son débit de paroles sans équivalent, il fait en quelque sorte office de trublion de la conférence LeWeb grâce à un langage pour le moins fleuri où un "shit" bien appuyé n'est jamais très loin d'un "fuck" aiguisé dont l'effet sur l'assemblée est d'une efficacité remarquable : rires à tous les coups et applaudissements jusqu'alors inégalés par les autres speakers. Sur Twitter, c'est une avalanche de tweets qui a déferlé sous le arobase 'garyvee'.
Morceaux choisis :
- "L'important n'est pas le nombre de followers que vous avez sur Twitter, mais le nombre de personne qui vous portent vraiment de l'attention. C'est notamment ce que permet de faire Snapchat".
- "Snapchat est l'un des outil marketing les plus importants pour moi"
- "En fin de journée, ce qui est important, c'est de savoir quelle valeur ajoutée vous avez crée"
- "Si nous sommes capable de payer pour des bouteilles d'eau, nous paierons pour tout. La bouteille d'eau a juste un bon story telling"
- "Le plus grand problème avec les startups c'est quand les entrepreneurs pensent être des entrepreneurs alors qu'ils ne le sont pas. Ces gamins pensent être des entrepreneurs mais dès qu'ils doivent faire face à de vraies difficultés, ils s'écroulent comme des femmelettes".
- "Le seul moyen de diffuser la culture tout en la conservant, c'est la dictature"
13h - 14h : LeWeb'13 en pause déjeuner
14h : les interventions reprennent
Rich Pierson et Andy Puddicom, co-fondateurs de l'application Headspace, sont peut-être des entrepreneurs d'un genre nouveau. Ils ont lancé une application mobile pour iPhone et Android baptisée Headspace. Ici, il n'est pas question de vendre des produits, mais de se concentrer sur les pensées, les sentiments, les émotions des utilisateurs. Car Headspace est une appli dédiée à la méditation. Un concept qui pourrait à priori paraitre très californien, mais qui s'appuie en réalité, sur une pratique existant depuis plusieurs centaines d'années. Le succès est incontestable puisque Headspace compte déjà un million d'utilisateurs.
Innover, c'est peut-être savoir dépoussiérer d'anciens concepts, et les adapter aux nouvelles technologies. Brian Solis, spécialiste du digital, est pour sa part convaincu que la bonne innovation passe par la rupture.
"Une rupture des marchés et des industries. Mais elle ne doit pas être un but en soi, mais le résultat d'une nouvelle manière de penser". Elle doit donc s'accompagner d'une vision. "Malheureusement, beaucoup d'entrepreneurs peuvent dire ce qu'ils font et comment ils le font, mais peut d'entre eux sont vraiment capable d'expliciter pourquoi ils le font".
Et d'une certaine lucidité sur ses clients et futurs clients : "Nous assistons à une montée de la génération-C, autrement dit la génération connectée. Il s'agit d'une génération composée d'adolescents dont le temps moyen de concentration se situe autour de six minutes. Après quoi, il switch pour se tourner vers un appareil high-tech. Et ceci pour quoi faire? Regarder des photos de chat ou des vidéos sur Youtube".
Autre particularité, ils auraient une capacité d'empathie moindre : "Rappelez-vous du selfie d'une mobinaute à Brooklyn, avec en fond d'image, une personne sur le pont de Brooklyn, tentant de se suicider". Ils pourraient donc se montrer impitoyables avec des innovations qui n'en seraient pas vraiment.
Alors pour toucher cette nouvelle génération de consommateurs, il faut innover, encore et toujours. "On peut se dire qu'une innovation est bonne lorsque le gouvernement veut l'empêcher de se développer, explique-t-il non sans ironie. Ce qui est le cas par exemple d'Uber et d'AirBnb".
A défaut, il reste une solution, les huit piliers de l'innovation selon Google :
1/ Avoir une mission qui a de l'importance
2/ Penser grand, mais débuter petit
3/ Construire l'innovation en continue, et non pas la perfection immédiate
4/ Être à la recherche d'idées en toutes circonstances
5/ Tout partager
6/ Stimuler l'imagination, la nourrir avec des données
7/ Être un carrefour d'idées
8/ Ne jamais craindre l'échec
Ces sortes de 'huit commandements de l'innovation' prônées par la firme, la placent aujourd'hui parmi les plus innovantes au monde, et lui confère une certaine autorité en la matière. Bradley Horowitz, vice-président de la division Google+ chez Google n'en doute pas un seul instant : "Peu de sociétés ont la possibilité de penser et d'innover avec une vision à 10 ans, mais Google en a les moyens, mais aussi la responsabilité". Preuves s'il en fallait, les Googles Glass, la Google Car, capable de se déplacer sans conducteur, le navigateur Google Chrome, crée il y a six ans, ou encore Android, système d'exploitation pour mobile mis en développement il y a neuf ans, est aujourd'hui le plus utilisé dans le monde.
L'essor de l'empire du milieu
Avec plus de 600 millions d'internautes, la Chine fascine de plus en plus les acteurs du Web. Hugo Barra a intégré la société chinoise fabricante de téléphone portable Xiamoi (prononcer 'Chaomi'), après des années passées à la tête d'Android chez Google. "C'est une société d'hyper consommation, où tout va très vite. Par exemple, nous avons testé la mise en vente d'un smartphone Xiaomi sur Wechat, en quelque sorte l'équivalent de WhatsApp en Chine. En 10 minutes à peine, 100 000 smartphones ont été écoulés, c'est incroyable".
L'e-commerce n'est pas en reste. "Taobao est le premier e-marchand chinois, et aussi dans le monde. A l'occasion du Single's day, l'équivalent de la Saint-Valentin en occident mais dédiée aux célibataires, Taobao a réalisé 5,75 milliards de dollars de chiffre d'affaires, en une journée". A titre de comparaison, aux Etats-Unis, le Cyber monday a généré un peu plus de 2 milliards de dollars de ventes en ligne dans tout le pays.
Autre exemple, "la plateforme d'e-commerce JD est impressionnante par la rapidité de ses livraisons. Le consommateur peut même être livré la nuit, et dispose d'un système de tracking en temps réel du colis, depuis une application mobile".