Choose France 2025 : 20 milliards d'euros de nouveaux investissements annoncés, un record
L'Élysée devrait annoncer 37 milliards d'euros d'investissements étrangers, dont 20 milliards "entièrement nouveaux", ce lundi 19 mai à l'occasion de la 8e édition du sommet Choose France. Mais si les chiffres impressionnent, la dynamique française en matière d'attractivité économique montre des signes d'essoufflement.

Le château de Versailles accueille ce lundi 19 mai plus de 200 dirigeants internationaux pour la 8e édition du sommet Choose France. Le président de la République Emmanuel Macron, attaché à "son" évènement, doit y présenter une moisson record de 37 milliards d'euros d'investissements étrangers, dont 20 milliards de projets inédits. En comparaison, les précédentes éditions affichaient des relativement montants plus modestes, avec 15 milliards en 2024, 13 milliards en 2023 et 6,8 milliards en 2022. L'édition 2025 de ce grand raout de l'attractivité économique tricolore, qui promet depuis 2018 de se faire la vitrine des opportunités d'investissement internationales sur le territoire pour favoriser l'innovation et renforcer la souveraineté industrielle, devrait notamment mettre en avant les opportunités autour de l'intelligence artificielle.
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IA, énergie... Les projets à suivre
Parmi les projets phares figurent celui du fonds d'investissement étasunien Prologis (6,4 milliards d'euros pour des data centers), du gestionnaire d'actifs canadien Brookfield (10 milliards à Cambrai pour un site dédié à l'IA) ou encore du spécialiste de la gestion des centres de données Digital Realty (2,3 milliards à Marseille et Dugny). Amazon, l'informaticien étasunien Cisco, le constructeur de poids lourds allemand Daimler Truck ou encore l'entreprise de recyclage textile-à-textile Circ doivent également renforcer leur présence sur le territoire, couvrant des secteurs allant de l'IA à la mobilité électrique.
Cet événement fait suite au Sommet pour l'action sur l'IA de février 2025, où 109 milliards d'euros d'engagements avaient été annoncés. Cette convergence thématique se retrouve dans les annonces. Ainsi, l'intelligence artificielle, les data centers et la transition énergétique concentrent l'essentiel des nouveaux projets. L'Élysée met aussi en avant la diversité des origines des capitaux, avec 19 % des dirigeants présents sont étasuniens, 40 % européens, et une part croissante provient du Golfe et d'Asie. Le thème de l'édition, "France, terre de créativité", vise à réaffirmer la volonté de diversification des partenariats économiques.
Dans les chiffres, une attractivité toute relative
Toutefois, derrière les annonces, les indicateurs de fond pour l'investissement étranger en France sont plus nuancés. Selon le baromètre de l'attractivité en France EY (Ernst & Young Global Limited) publié le 15 mai, la France reste pour la sixième année consécutive le pays européen le plus attractif, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne. Mais le nombre de projets enregistrés en 2024 a reculé de 14 %, à 1 025 projets, soit le plus bas niveau depuis 2017 (hors année Covid). Le recul atteint même 20 % par rapport à 2022. L'industrie souffre particulièrement, les projets industriels étant passés de 530 à 415 entre 2023 et 2024, soit une baisse de 22 %. Les projets d'extension chutent de 25 %, tandis que fermetures et restructurations augmentent de 22 %. Les emplois industriels créés tombent de 20 000 à 12 000, alors que les destructions grimpent de 5 000 à 8 300.
En cause pour les investisseurs, une récurrente instabilité politique (quatre Premiers ministres en douze mois) et fiscale, entre retard dans l'adoption du budget 2025 et hausse de la fiscalité sur les entreprises. Le cabinet Kearney a ainsi rétrogradé la France de la 6e à la 7e place mondiale en termes d'attractivité. Le directeur de Rexecode, Denis Ferrand, estime que la politique actuelle "s'apparente plus à un dispositif de rattrapage qu'à l'affirmation d'un leadership".
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Des annonces à concrétiser
Depuis la création de Choose France, 178 projets ont été annoncés dans ce cadre, pour un total de 47 milliards d'euros, si on en croit l'Élysée. Mais selon le cabinet Asterès, seuls 10 % concernent la création de nouveaux sites. L'Usine Nouvelle recense seulement 39 nouvelles usines, centres R & D ou data centers, dont une quinzaine réellement opérationnelle. Avec 30 emplois créés en moyenne par projet, la France reste loin derrière l'Espagne (125) et l'Allemagne (48). De quoi relativiser l'impact des grandes annonces sur le tissu industriel et l'emploi, et souligner l'écart entre vitrine internationale et réalité économique.
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