Internet en France : ce qu'il faut retenir du rapport Arcep 2025
Alors que 94 % des Français sont internautes, le rapport 2025 de l'Arcep dresse un état contrasté du web national : ralentissement du trafic, domination des géants du numérique, transition réussie vers l'IPv6, vigilance sur l'IA et de nouvelles missions dans le cloud.

L'Arcep dévoile dans son rapport 2025 l'état de l'internet en France. Alors que 94 % des Français se déclarent internautes, l'Autorité de régulation des communications électroniques révèle des tendances contrastées qui dessinent les contours du web français de demain.
Un trafic internet qui ralentit sa croissance d'une part. Le phénomène le plus marquant de cette édition 2025 concerne en effet l'évolution du trafic entrant sur les réseaux des principaux fournisseurs d'accès internet (FAI). Avec 50,8 Tbit/s fin 2024, la croissance s'établit à 9,2 %, confirmant une tendance au ralentissement amorcée depuis 2023 (+7,7 %). Ces chiffres contrastent nettement avec les années précédentes, où la progression était bien plus soutenue.
Cette décélération s'accompagne d'une concentration du trafic qui perdure. Cinq géants du numérique, Netflix, Akamai, Google, Meta et Amazon, génèrent à eux seuls 47 % du trafic entrant, bien que cette part ait légèrement diminué par rapport aux 53 % de l'année précédente.
La France en tête mondiale pour IPv6
L'un des succès les plus éclatants du rapport concerne la transition vers le protocole IPv6. Face à l'épuisement programmé des adresses IPv4, cette migration technique représente un enjeu pour l'avenir d'internet. Les chiffres français : 87 % des clients fixes et 70 % des clients mobiles grand public sont désormais connectés en IPv6. Encore mieux, la France s'est hissée en juin 2025 au premier rang mondial de la connectivité IPv6, consacrant les efforts déployés par l'écosystème français. Les opérateurs prévoient une transition complète pour le réseau internet grand public d'ici 2027, même si des défis subsistent pour les réseaux entreprises et l'hébergement de contenus.
Neutralité du net : dix ans de régulation efficace
Le règlement européen sur l'internet ouvert célèbre ses dix ans, et l'Arcep dresse un bilan positif de cet instrument juridique. Selon l'autorité, ce cadre s'est révélé "efficace et résilient" pour prévenir les discriminations de contenus et garantir la liberté de choix des internautes.
L'actualité récente a testé cette résilience avec l'émergence des technologies de slicing (diviser un réseau physique en plusieurs réseaux virtuels indépendants) de connectivité différenciée. Les travaux menés avec les homologues européens du BEREC ont confirmé l'absence d'incompatibilité entre ces nouvelles technologies et le règlement sur l'internet ouvert, rassurant sur la capacité d'adaptation du cadre réglementaire.
Intelligence artificielle : nouveaux défis à l'horizon
L'Arcep anticipe les transformations liées à l'intelligence artificielle générative, identifiant dès 2024 les risques pour l'internet ouvert. En devenant de nouvelles interfaces d'accès aux contenus, ces IA pourraient influencer la liberté de choix des utilisateurs et remettre en cause la capacité d'innovation sur internet.
Dans sa stratégie "Ambition 2030", l'autorité annonce la publication prochaine d'analyses et recommandations pour concilier développement de l'IA générative et préservation d'un internet ouvert. Cette démarche s'appuie sur des auditions d'acteurs de l'écosystème et une collaboration avec le PEREN.
Nouvelles missions : cloud et données au coeur des enjeux
La loi SREN, promulguée en mai 2024, confie de nouvelles prérogatives à l'Arcep dans l'économie des données et le cloud. L'autorité devient le régulateur des prestataires de services d'intermédiation de données et prépare un cadre tarifaire et technique pour les services cloud.
Parallèlement, l'Arcep poursuit son engagement environnemental avec la 4e édition de son enquête "Pour un numérique soutenable" et le lancement d'un référentiel général de l'écoconception des services numériques, proposant 78 fiches pratiques pour réduire l'empreinte environnementale du secteur.
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