DossierLe C to C, la nouvelle manière de consommer des Français
Les restrictions budgétaires obligent les ménages à consommer différemment en s'inscrivant davantage dans l'usage que dans la possession. Le C to C prend différentes formes : "économie du partage", "collaborative" ou encore "participative".

Sommaire
- Un Français sur deux adepte de la consommation collaborative
- Les Français, la confiance et la consommation collaborative
- Quelques freins à lever
- Un marché dominé par deux leaders : le Bon Coin et eBay
- Le Bon Coin, 92 millions de chiffre d'affaires en 2012
- Une pratique largement plébiscitée par les internautes
- Les urbains intéressés par des démarches de consommation durables et éthiques
- Des urbains majoritairement intéressés par les achats groupés de produits alimentaires, les vide-dressing ou encore le covoiturage
- Un mode de consommation entre pragmatisme et idéalisme
- Au-delà de l'épiphénomène, des pratiques qui devraient s'intensifier
- La consommation collective touche les locations de voiture et de parking
- Jusqu'à la location de parkings
- Et gagne la location de résidences secondaires
1 Un Français sur deux adepte de la consommation collaborative
La consommation collaborative (le principe "J'ai, tu as, il a, nous partageons, vous partagez...") est incontestablement une valeur montante dans notre société. A la fois attitude responsable et économique, elle gagne chaque jour de nouveaux secteurs. Parfois, il s'agit d'un geste de partage/don avec le café, baguette, sandwich "en attente", un système qui prend son ampleur en Belgique mais aussi en France.
2 Les Français, la confiance et la consommation collaborative
Nouvelle étude sur le sujet de la consommation collaborative avec Le Groupe La Poste qui, dans le cadre de son Observatoire de la Confiance 2013, a demandé à TNS Sofres d'interroger les Français sur leur rapport à cette nouvelle forme de consommation.
Voici les principaux résultats de l'étude :
- Qu'il s'agisse de revendre des objets, d'acheter en direct, d'occasion, de pratiquer le covoiturage, l'autopartage, le troc, la colocation... La consommation collaborative n'est plus un micro-phénomène et ce sont désormais 48% des Français qui la pratiquent régulièrement et 32% qui disent vouloir s'y mettre quand 20% seulement y semblent réfractaires. Au total ce sont 8 Français sur 10 qui pratiquent ou ont l'intention de pratiquer cette nouvelle façon de consommer.
- A l'heure de ce que beaucoup présentent comme "une société de défiance", 59% des Français disent avoir confiance dans les échanges entre particuliers et même 78% de ceux qui pratiquent la consommation collaborative.
- Au-delà, si la confiance dans l'avenir reste à un niveau très faible, il est notable que les Français qui pratiquent la consommation collaborative se montrent plus confiants et optimistes.
- confiance dans l'avenir : +8 points, à 46%
- confiance dans l'avenir des générations futures : +8, à 36%
- confiance dans la capacité des Français à être solidaires entre eux : +17, à 37%
- confiance dans la reprise économique : +11 points, à 37%
- 51% des adeptes de la consommation collaborative comptent la pratiquer davantage, 41% autant, 8% seulement moins.
- 74% des adeptes de la consommation collaborative estiment que leurs changements de comportements seront durables, 59% qu'ils pourront représenter à l'avenir un poids important dans leurs achats et 66% un poids important dans l'économie en général.
- Ce sont d'abord des considérations relatives au pouvoir d'achat qui les y poussent : payer moins cher (63% de citations) ou trouver des "bons plans" et bonnes affaires (55%). Mais les personnes qui pratiquent régulièrement la consommation collaborative mentionnent également des motivations touchant explicitement au caractère alternatif de ce mode de consommation : la possibilité de faire durer les objets, de leur donner une seconde vie (38%), le fait que ce modèle de consommation soit meilleur pour la société (28%) ou même le seul attrait pour un modèle différent (18%). Une aspiration, de plus en plus sensible du consommateur, à ne pas forcément consommer moins mais consommer mieux.
3 Quelques freins à lever
- Certains éléments très pratiques peuvent toutefois freiner ces nouveaux types de consommateurs : le manque de garanties et SAV (59% de citations) ou l'absence de sécurisation des transactions financières (48%). Des lacunes logistiques sont également évoquées, notamment le manque de praticité pour récupérer les produits achetés à distance (29%) ou la complexité pour les vendre à distance (14%).
Des freins donc, mais autant d'opportunités aussi, selon l'étude, pour de nouveaux acteurs ou de nouveaux services à imaginer pour les acteurs institutionnels qui peuvent retrouver là une forme de légitimité face à l'émergence très rapide de ces pratiques qui, pour l'instant, les contournent.
Pour aller plus loin, vous pouvez lire l'article sur la conférence LeWeb'13 qui s'est tenu sur le thème de l'économie du partage (Sharing Economy) les 5 et 6 juin derniers.
Selon une étude de TNS Sofres pour le Groupe La Poste, la consommation collaborative est bien une tendance de fond. Tendance impliquant des changements de comportements qui semblent devoir durer et une façon de retrouver la confiance dans une société "de défiance".
4 Un marché dominé par deux leaders : le Bon Coin et eBay
"Aujourd'hui, nous facilitons 175 milliards de transactions dans le monde et nous comptons doubler ce chiffre d'ici 2016". Le challenge est annoncé par Stéphane Folliet, directeur général d'eBay France, qui montre ainsi son envie d'en découdre, avec Amazon notamment. Pour bien montrer le potentiel en France, il cite les chiffres issus de la dernière étude Ipsos menée pour le compte de Paypal : 75% des familles françaises sont connectées et elles consomment à hauteur de 25% sur des sites étrangers.
Autre indication : 12% des cyberacheteurs dans le monde effectuent leurs courses sur des sites français. Quand on connaît la force du tourisme en France et la réputation de ses produits, on peut aisément imaginer que ce pourcentage peut grimper allègrement. D'où la proposition d'eBay d'aider les marchands à se lancer à l'international. "En un clic, un commerçant français peut ouvrir la livraison de ses produits partout où nous sommes implantés donc potentiellement aujourd'hui auprès de 120 millions de consommateurs", détaille Nina Sametinger, Directeur du développement. Les facteurs clés de succès ? La sécurité et la confiance, en particulier au moment du paiement. Ce qui explique le choix de la solution Paypal, leader des paiements en ligne avec 132 millions de comptes actifs dans le monde (5 millions dans l'hexagone). Et de donner l'exemple d'un grand distributeur d'articles de sport britannique . " L'an passé, l'enseigne a lancé la livraison partout dans le monde pour ses produits mis en ligne sur eBay.co.uk", explique-t-elle. Puis le distributeur a traduit les annonces en langue locale sur les sites eBay internationaux. L'impact a été immédiat : + 235 % sur les ventes internationales au premier trimestre de cette année et + 145 % d'augmentation de la part du commerce transfrontalier dans le volume d'affaires total . Un résultat qui se passe de commentaires.
Gimena Diaz, directeur général de Paypal France, insiste toutefois sur le fait que le mobile a été un facteur clé de cette évolution. "Les clients ont déjà opté pour ce modèle, s'exclame-t-elle. 4,6 millions de français ont en effet déjà acheté sur mobile en 2012, pour un montant d'environ 1 milliard d'euros ". Les prévisions se révèlent d'ailleurs plus qu'optimistes, la Fevad anticipant une progression de 540 % de ce moyens de paiement d'ici 2015. Et la solution Paypal se prête particulièrement bien au téléphone portable. " En intégrant le module de paiement Paypal, vous pouvez payer simplement avec votre adresse e-mail et votre mot de passe, comme sur le Web, ce qui est pertinent pour un paiement mobile ", assure-t-elle.
L'avantage du mobile réside aussi dans sa capacité à fluidifier l'expérience d'achat pour le consommateur. "Par exemple avec Toys'R Us, aux États-Unis, nous avons mis en place la possibilité de chercher sur son mobile un jouet pour son enfant, de le payer et de géolocaliser la boutique qui se trouve sur le chemin du retour, pour ne plus avoir qu'à passer le récupérer à l'accueil de celle-ci ", poursuit-elle. Exit les barrières ! Le commerce devient connecté. Pour preuve, 40% des dépenses dans le monde ont été "touchées" d'une manière ou d'une autre par le Web, dixit Gimena Diaz. Le commerce connecté est donc bien une réalité.
5 Le Bon Coin, 92 millions de chiffre d'affaires en 2012
Chaque mois un Français sur trois se connecte sur Le Bon Coin pour trouver son bonheur parmi 22 millions d'annonces. L'histoire de ce site de ventes entre particuliers, lancé en 2006, correspond bien à l'état d'esprit de nos compatriotes, soucieux d'une consommation plus raisonnée. Peut-on imaginer plus simple que la création d'un site d'annonces reliant acheteur et vendeur ? " En 2009, il rassemblait 4 millions de visiteurs uniques par mois. Il en compte 17,5 millions en 2013. Le site a enregistré une croissance de 27 % sur 2012 et les prévisions se situent autour de 20 % pour 2013 ", annonce Antoine Juteau, directeur marketing du site. C'est sans compter son indice de fréquentation : leboncoin. fr est devenu le deuxième site français le plus visité, derrière Facebook et devant Google. Un Français sur trois se connecte en moyenne 2 h 15 tous les mois (Médiamétrie // NetRatings, janvier 2013) pour déposer ou consulter des annonces. C'est presque devenu un passe-temps, une manière de chiner virtuelle. Et des annonces, le site en propose à foison : pas moins de 600 000 nouvelles offres chaque jour.
En cherchant des produits à vendre sur Le Bon Coin, l'internaute doit se sentir rassuré, comme sur la place du marché, un dimanche de vide-greniers. D'ailleurs, le concept fait très vite des émules dans la région du Nord-pas-de-Calais auprès d'un public familier des braderies. Un site simple d'usage, pas de cérémonial, comme lorsque deux badauds se tapent dans la main une fois l'affaire conclue. " Ce qui fait aussi le succès de nos ventes, c'est qu'avec le produit se transmet son histoire ", s'amuse Olivier Aizac. Et surtout, en période de crise, passer une annonce ne coûte rien et s'inscrit dans une logique de consommation responsable et raisonnée. En deux clics, l'offre est diffusée sur le site et consultable par 17 millions de personnes. " Face à des acteurs historiques comme eBay, PAP ou encore Logic Immo, très présents lors de notre implantation, nous avons choisi de miser sur un modèle gratuit ", explique Olivier Aizac. L'atout majeur se situe dans la capacité à mettre en relation des personnes dans leur région. On y trouve de tout, près de chez soi.
Bien sûr, pour ces spécialistes du Web et des médias, (Olivier Aizac a travaillé pour Vivendi Universal, cadresonline. com et bonjour.fr), lancer un site est aussi une affaire de marketing. Clairement identifiable, la page d'accueil du Bon Coin est vieillotte, s'éloigne des codes visuels classiques sur la Toile et cultive la simplicité à outrance. " Tout cela est clairement assumé ", insiste Olivier Aizac. Le Bon Coin doit rester un outil simple et efficace, sans inscription ni abonnement. Derrière cette machine de guerre qui draine des milliards de datas se cache des ingénieurs dont la mission est de fédérer de l'audience. Et ça marche. Ces dernières années, le n° 1 de la vente de biens de consommation entre particuliers a révolutionné plusieurs marchés nationaux. C'est le premier site immobilier français, le premier site automobile français et le premier en nombre d'annonces d'emploi. " Nous sommes le premier concessionnaire Ferrari d'occasion de France ", sourit Antoine Juteau. Fort de cette position de leader, le site a bâti son modèle économique en proposant des annonces payantes pour les professionnels, la possibilité pour les particuliers de mettre en avant leur offre et la vente d'espaces publicitaires à des annonceurs. Résultat, Le Bon Coin a réalisé 92 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012.
Pionnier des enchères sur le Web, eBay n'a eu de cesse de faire évoluer son modèle pour sortir de son image de plateforme C to C. Quant au Bon Coin, chaque mois, un Français sur trois s'y connecte pour trouver son bonheur parmi 22 millions d'annonces.
6 Une pratique largement plébiscitée par les internautes
Consommer moins mais mieux. La 8e édition du Baromètre du CtoC PriceMinister-Rakuten et la Poste illustre parfaitement, à travers ses derniers résultats, la tendance émergente qualifiée de "sharing economy" qui anime les Français en cette période de crise. Les restrictions budgétaires imposent aux ménages de consommer différemment en s'inscrivant davantage dans l'usage que dans la possession.
"Lutter contre le gaspillage, partager ce que l'on possède et développer le lien social, ces valeurs sont intrinsèques à notre site. Depuis son lancement en 2001, PriceMinister fonctionne sur le modèle de l'économie partagée", se satisfait Pierre Kosciusko-Morizet, cofondateur du site de CtoC.
Et de fait, plus largement, pour 89% des personnes interrogées par Opinion Way pour ce baromètre, Internet est un des deux moyens les plus efficaces, avec les brocantes et vide-greniers (seulement 47%) pour vendre et acheter entre particuliers. Les résultats indiquent que 80% des acheteurs/vendeurs sur le Web le font au moins deux fois par an (76% à l'achat et 83% à la vente) vs 65% lors de la première version du baromètre en 2006.
Que vend t-on/achète t-on sur le Web ? Des livres, des vêtements et des meubles en priorité. Quant aux motivations, elles sont avant tout financières (faire des économies pour 53% et gagner de l'argent pour 60% des vendeurs) mais pas seulement, cela renforce la solidarité chez les seniors (31% chez les seniors). Quelle est la nature de ces échanges malins ? L'économie du partage a de nombreuses vertus pour les internautes : 88% pense que c'est un lien social, 86% un moyen de remettre de l'humain au coeur de l'économie.
Aussi, 41% des Français internautes achètent ou vendent au moins un produit ou service. Le covoiturage est le premier service utilisé par le surfeurs (24%) à la recherche de bon plans, suivi par l'achat de cours de soutien scolaire à des particuliers (20%) et des service d'entretien de la maison (18%). Confiants, huit internautes sur dix pensent que ce nouveau mode de consommation va se développer à l'avenir. Mais au-delà de l'aspect économique, cette nouvelle façon de consommer trouve un écho d'un point de vue sociétal. Le but est d'éviter de posséder un produit non utilisé tous les jours : Et cela pour 38% des personnes interrogées (plus chez les seniors avec 49%), de consommer différemment (27%), de rencontrer de nouvelles personnes (22% et 31% pour les seniors)... Autant de motivations qui font sens dans une société moins individualiste.
Pour autant, si la bataille semble acquise sur l'usage, la guerre n'est pas encore gagnée sur la confiance. De nombreux freins subsistent et notamment la peur de se faire avoir pour 76% des sondés, le manque de garantie pour 55% et bien sûr, l'impossibilité de voir le produit avant de l'acheter. D'où le rôle crucial d'un tiers de confiance dans cette relation virtuelle et en particuliers lorsque la nature du " contrat " concerne de la prestation de services. "Pour 77% des interrogés, un médiateur est nécessaire dans l'économie du partage pour apporter des garanties sur le paiement et la qualité des service proposé entre particuliers", précise Hugues Cazenave, président de l'Institut OpinionWay. De nombreux acteurs du e-commerce comme Airbnb, Prêt d'Union ou encore BlaBlaCar, qui ont fondé leur modèle économique sur cette mise en relation, l'ont déjà bien compris.
Le huitième baromètre CtoC PriceMinister-Rakuten et La Poste analyse dans le détail, le niveau d'engagement et de motivation des internautes français face à l'économie collaborative.
7 Les urbains intéressés par des démarches de consommation durables et éthiques
Favorisées par l'essor d'Internet et du Web 2.0, les pratiques dites de consommation collaborative se sont multipliées et intensifiées au cours des dernières années. Locations entre particuliers, achats groupés, troc, partage de biens ou de services : autant de pratiques qui se répandent dans la société française, et notamment dans ses grandes villes. Pour mieux comprendre l'émergence et le sens de ces nouveaux modes de consommation, Liligo a choisi d'interroger un échantillon représentatif d'urbains (*).
Comment les urbains perçoivent-ils la consommation collaborative ? Quelles motivations, quelles valeurs fondent, selon eux, ces pratiques ? Parmi les différentes pratiques dites de consommation collaborative, quelles sont celles qui suscitent le plus l'intérêt des urbains ? Selon eux, ces logiques sont-elles appelées à se développer à l'avenir ?
8 Des urbains majoritairement intéressés par les achats groupés de produits alimentaires, les vide-dressing ou encore le covoiturage
Largement expérimenté depuis une dizaine d'années via les AMAP, l'achat groupé de produits alimentaires s'impose à la première place des pratiques suscitant l'intérêt des urbains. Ainsi, 80% d'entre eux se déclarent intéressés par les solutions de commandes groupées à des producteurs locaux. Un intérêt partagé de tous puisque aucune disparité de sexe, d'âge ou de catégorie socioprofessionnelle n'est observée.
Viennent ensuite les vide-dressing et le covoiture qui emportent l'adhésion d'une large majorité des urbains.
Ainsi, 65% des urbains se disent intéressés par l'achat ou la vente de vêtements entre particuliers lors d'un vide-dressing. Une proportion encore plus marquée chez les femmes (72% d'entre elles font part de leur intérêt - Indice 112) et les plus jeunes (71% des 18-34 ans se déclarent intéressés - Indice 109).
63% des urbains manifestent quant à eux leur intérêt pour le covoiturage. Un intérêt encore plus prononcé chez les 18-34 ans (70% d'intéressés - Indice 111) et les CSP+ (66% d'intéressés - Indice 105).
9 Un mode de consommation entre pragmatisme et idéalisme
Si la consommation collaborative se nourrit de valeurs sociétales fortes telles que le partage, le développement durable ou encore la protection de l'environnement, son essor au cours des dernières années est largement lié à la conjoncture économique et aux tensions pesant sur le pouvoir d'achat. Ainsi pour 89% des urbains la consommation collaborative permet avant toute chose de réaliser des économies.
Le besoin de revitaliser le lien social apparaît comme l'autre grande motivation des urbains : 89% d'entre eux considèrent que la consommation collaborative est un moyen de favoriser le lien social.
Enfin, dans l'esprit des urbains, le souci environnemental est indissociable de la consommation collaborative. Ainsi, ils sont 82% à juger ce mode de consommation plus écologique. Une proportion encore plus marquée chez les plus jeunes (89% des 18-34 ans - Indice 107).
10 Au-delà de l'épiphénomène, des pratiques qui devraient s'intensifier
Plus qu'un simple effet de mode, la consommation collaborative semble être, aux yeux des urbains, une tendance de fond, appelée à se généraliser. 87% des urbains estiment que cette forme de consommation se développera au cours des prochaines années. Une proportion encore une fois plus prononcée chez les 18-34 ans (89% - indice 104).
Un constat qui semble plaider en faveur de la pérennité de ce mode de consommation. "À l'origine des pratiques dites de consommation collaborative, on observe des motivations plutôt pragmatiques, voire individualistes. Notamment celle de réaliser des économies qui a été rendue encore plus aiguë en cette période de crise du pouvoir d'achat. Ce que la consommation collaborative invente, c'est l'enrichissement de cette démarche d'ordre plutôt solo par la médiation du collectif. Une motivation individuelle incite les individus à se regrouper, à se faire confiance, à partager... Et ultimement à s'inscrire dans une démarche de consommation plus durable et plus éthique. C'est ce que nous pourrions appeler le "SoCo", ou la réalliance du Solo et du Collectif", commente Pauline Lermigeaux, consultante chez iligo.
À travers son cycle d'études "Regards sur le consommateur contemporain",Liligo investigue les pratiques de consommation des Français. Un premier focus sur la consommation collaborative. Achat groupé de produits alimentaires, vide-dressing, covoiturage : trois pratiques de consommation collaborative.
11 La consommation collective touche les locations de voiture et de parking
L'achat de voiture en ligne est très en vogue. En sera-t-il de même pour la location ? Le nouveau site Mavoiturealouer.com, qui se pose en alternative aux services de location professionnels, met en relation des particuliers, à savoir des propriétaires et des utilisateurs d'automobiles. Les premiers perçoivent 75% du montant de la transaction, tandis que les seconds obtiennent, selon le site, "jusqu'à 60% d'économies sur la location, tout en bénéficiant d'une assurance tout risque" et en disposant de "véhicules identiques aux agences traditionnelles". Mavoiturealouer.com avance en outre l'argument écologique : "Chaque voiture partagée diminue la nécessité d'en produire de nouvelles."
Drivy.com est également un service de location en ligne de voitures entre particuliers. Il permet aux propriétaires d'automobiles de louer leur propre voiture lorsque celle-ci est inutilisée. Pour l'utilisateur, c'est un moyen rapide et plus économique de trouver un véhicule près de chez lui ou de son lieu de travail. Le service incluant par ailleurs une assurance qui couvre les véhicules pendant la location.
Dans la même veine, BlaBlaCar, anciennement Covoiturage.fr, existe depuis 2006. " L'idée est partie d'un besoin que j'ai ressenti en tant qu'utilisateur. Je me suis dit qu'il devait y avoir des milliers de gens avec des places libres dans leur voiture et qu'il suffirait de les connaître ", explique Frédéric Mazzella. Aujourd'hui, l'entrepreneur se fait fort d'avoir créé l'acteur de covoiturage " le plus actif d'Europe ", avec 2 millions d'inscrits, dont 1,6 million de membres actifs et 350 000 passagers par mois. Le taux d'utilisateurs prêts à réitérer l'expérience s'élève à 87 %. Pour arriver à ce niveau de satisfaction, il a fallu "éduquer": " Ce mode de transport donne une occasion unique de discuter, de nouer des relations sociales et de rencontrer des gens. "
12 Jusqu'à la location de parkings
En lançant Parkadom, site collaboratif de location de places de parking entre particuliers, Alexandre Poisson et Benjamin Pozzi comptent bien mettre un coup de frein à la galère quotidienne du stationnement dans les grandes agglomérations. Après quelques recherches, un constat s'impose pour le jeune entrepreneur, aujourd'hui âgé de 26 ans : sur les 815 000 emplacements de la capitale (parcs publics, voirie, places privées et garages commerciaux), 500 000 sont des places privées détenues par des particuliers. Soit près de 60 % du total. C'est après une énième mésaventure conduisant son véhicule jusqu'à la case fourrière, que le jeune entrepreneur se décide, aux côtés de Benjamin Pozzi, un ancien camarade d'école de commerce, à fonder Parkadom en août 2012, lancé officiellement le 23 octobre dernier. Concrètement, le site propose aux propriétaires de places de parking de lister gratuitement sur le site leurs places disponibles à la location en temps réel et sur tout le territoire français. Ils renseignent un certain nombre de caractéristiques (localisation, taille, moyens d'accès, tarifs, gardiennage...). Cette liste est librement accessible aux conducteurs intéressés. Le paiement de la location se fait directement sur la plateforme via un mode de paiement sécurisé. Parkadom prélève une commission de 20% TTC sur chaque transaction. Les tarifs de location sont librement fixés par les propriétaires. L'équipe suggère néanmoins des recommandations en fonction du lieu et du type de place.
La consommation collaborative s'est implantée dans de nombreux secteurs et notamment sur celui de la location de voitures et de places de parking. Plusieurs acteurs se partagent le marché : Mavoiturealouer.com, Drivy.com, BlaBlaCar, Parkadom...
13 Et gagne la location de résidences secondaires
ILokYou, premier réseau social de la location d'objets et services entre particuliers, vient de mettre en ligne son livre blanc, intitulé "L'avènement de la consommation collaborative, quel modèle économique en France en 2030 ?". Plus de huit Français sur dix estiment aujourd'hui qu'il est plus important d'avoir accès à un produit que de le posséder. Ce phénomène touche de plus en plus de secteurs. Les vacances n'échappent pas à ce phénomène.
Squarebreak s'est ainsi créée en 2012 sur le créneau de la location saisonnière des résidences secondaires. La start-up (qui vient de lever 300 000 euros) libère le propriétaire de toutes les contraintes liées à la location. Elle se charge de la gestion commerciale et administrative (sélection des locataires, contrat de location, assurance, caution), ainsi que de la gestion opérationnelles des lieux (entretien, accueil des locataires). Les régions couvertes : Paris, PACA, Dordogne et le Bassin d'Arcachon pour la France, Londres, Portugal, Italie, Dubaï pour l'international. Le marché est important : plus de trois millions de résidences secondaires en France occupées en moyenne six semaines dans l'année.
Airbnb, le Bed&Breakfast 2.0
Un nom étrange désormais familier des voyageurs. Créé par des designers de San Francisco en 2008, le site Air Bed (matelas gonflable en anglais) est devenu Air bed&breakfast puis Airbnb. Une réussite comme en connaît le Web, avec un business model et un marketing en or. " Le concept est simple : il s'agit d'étendre la location saisonnière à la résidence principale. Nous nous rémunérons via une commission sur la location et nous proposons que des photographes professionnels viennent prendre les lieux en photos pour les valoriser ", explique Nicolas Ferrary, directeur France. Si le site a rencontré très vite son public aux États-Unis, il a mis plus de temps à infiltrer l'Europe.
Mais depuis un an, en France, la greffe prend, grâce aux recommandations des internautes. 300 000 voyageurs sont passés par Airbnb sur les douze derniers mois. La plateforme mondiale de locations a séduit 4 millions de voyageurs dont 3 millions en 2012. Chaque internaute qui poste une annonce est responsable de son bien et du prix auquel il le propose, Airbnb n'étant qu'une plateforme de mise en relation. Pour autant une charte assez stricte, avec des guidelines détaillés est à respecter. " Nous misons sur l'autorégulation et sur le sens de l'hospitalité de chacun, mais il peut nous arriver de retirer certaines annonces. Cela reste rare ", note Nicolas Ferrary.
Reste au site à se faire connaître et à accentuer le bouche-à-oreille. Ainsi, une équipe de trois personnes parcourt la France pour porter la bonne parole et convaincre les futurs hébergeurs du bienfait de ce nouveau mode de location. Autre argument de poids qui fait largement partie du succès du site, la possibilité de se constituer une cagnotte quand on part soi-même en voyage. Voire de se faire de l'argent si on se débrouille bien.
" Airbnb s'inscrit dans le mouvement de consommation collaborative. C'est un point positif que nous mettons en avant ", martèle le patron France. Pour autant, une agence immobilière peut proposer des locations sur le site, mais elle sera clairement identifiée comme un hébergeur professionnel. Un programme de parrainage est également proposé. Les internautes sont alors rémunérés en crédit voyage utilisable sur Airbnb. Pour mettre en avant les plus hospitaliers, outre les commentaires et notations des visiteurs, un algorithme, sur le site, place en tête de liste ceux qui obtiennent les meilleurs classements en termes de qualité des lieux, de nombre de réservations à l'année, de mise à jour de leur planning de réservation et de facilité de dialogue... En toute logique, hébergeur et voyageur échangent des infos sur leurs vies respectives. Un dialogue s'établit un peu par curiosité, beaucoup par convivialité. C'est, en tout cas, dans cet esprit que le site a été créé.
Tout se loue sur Airbnb : une île aux Fidji, une yourte en Bretagne, un cockpit d'avion... bref, dans certains cas, l'hébergement constitue le volet le plus exotique du voyage. En visitant les nouveaux locaux du site, installé dans le IXe arrondissement de Paris, on découvre certaines annonces étonnantes affichées au mur de la salle de réunions des équipes. Là aussi, l'esprit Airbnb règne sur l'espace de 200 m2 puisqu'il a été pensé comme un appartement : cuisine, chambre d'enfant, bureau, salle à manger...
Dans le contexte global de crise, la consommation collaborative gagne tous les secteurs. Ainsi la start-up Squarebreak propose des locations saisonnières de résidences secondaires. Airbnb, La plateforme mondiale de locations, séduit de son côté grâce aux recommandations des internautes.
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