Recherche

Plastique : une bombe à retardement pour l'e-commerce de mode

Alors que 4,4 milliards de sacs plastiques inutiles pourraient envahir la France d'ici 2030, le e-commerce de la mode échappe toujours aux régulations. DS Smith tire la sonnette d'alarme et appelle à une législation plus stricte pour accélérer la transition vers des emballages durables, plébiscités par les consommateurs.

Publié par Jérôme Pouponnot le | mis à jour à
Lecture
4 min
  • Imprimer
<p>Plastique : une bombe à retardement pour l'e-commerce de mode</p>
Getting your Trinity Audio player ready...

4,4 milliards de sacs plastiques inutiles d'ici 2030... Le chiffre fait froid dans le dos. Alors que la France a interdit ces sacs plastiques à usage unique dans les magasins physiques depuis 2016, une nouvelle étude commandée par DS Smith, spécialiste de l'emballage durable, révèle une faille majeure dans la lutte contre la pollution plastique : le commerce en ligne de mode et d'habillement. Selon l'analyse menée par Development Economics, près de 4,4 milliards de sacs plastiques inutiles pourraient être générés par ce secteur d'ici 2030, soit plus de 83 000 sacs livrés chaque heure aux consommateurs français.

En 2024, ce sont déjà 583 millions de sacs plastiques qui ont accompagné les livraisons de vêtements en ligne dans l'Hexagone, soit plus de 1,5 million par jour. Cette croissance s'explique par l'absence de régulation sur les emballages plastiques dans le secteur du e-commerce, créant une disparité notable avec les points de vente physiques où la législation a permis une réduction drastique de l'usage du plastique.

Un recyclage marginal, une majorité de déchets incinérés ou enfouis

L'étude met en avant un autre constat alarmant : seuls 4% des sacs plastiques utilisés pour les livraisons de mode sont aujourd'hui réutilisés ou recyclés. Les 96% restants - soit 557 millions de sacs rien que l'an dernier - finissent en décharge ou sont incinérés. À ce rythme, ce sont plus de 786 millions de sacs qui pourraient connaître le même sort chaque année d'ici 2030, aggravant l'empreinte environnementale du commerce en ligne.

Une demande forte des consommateurs pour des alternatives durables

Face à cette situation, la pression des consommateurs monte. Plus de 7 personnes sur 10 (72%) souhaitent la suppression progressive des sacs plastiques lorsque des alternatives existent. Deux tiers (66%) des acheteurs de mode en ligne préfèrent même recevoir leurs commandes dans des emballages en carton ou en papier. Près de la moitié (45%) déclarent ressentir de la culpabilité face à la quantité de plastique utilisée dans leurs commandes.

La responsabilité de la réduction du plastique est attribuée en priorité aux entreprises d'emballage (35%), aux détaillants (25%) et à l'Union européenne (25%). Plus de la moitié des consommateurs (52%) affirment qu'ils seraient plus enclins à commander auprès de marques proposant des emballages facilement recyclables.

Les enseignes de mode en ligne à la traîne

Malgré l'urgence, les enseignes de e-commerce avancent lentement dans la transition vers des emballages plus durables. Thibault Laumonier, PDG de DS Smith Packaging France, souligne que "Les enseignes de e-commerce sont en retard par rapport aux magasins physiques en ce qui concerne le remplacement des sacs plastiques". Il pointe également le manque d'alternatives papier disponibles sur le marché, freinant une transition à grande échelle.

Certaines marques montrent cependant la voie. Zalando, leader européen de la mode en ligne, a remplacé dès 2020 ses sacs d'expédition en plastique par des sacs en papier recyclé et certifié FSC. Cette initiative a été saluée par les clients, la satisfaction liée à l'emballage ayant progressé de 16 points en un an. Mais, comme le rappelle David Fischer, Directeur Logistique Durabilité et Emballage chez Zalando, "L'élimination des plastiques à usage unique reste un obstacle majeur pour l'industrie du e-commerce", notamment en raison de la disponibilité limitée d'alternatives viables à grande échelle.

Un appel à l'action pour une législation adaptée

Pour DS Smith, il est indispensable de faire évoluer la réglementation afin de ne pas annuler les progrès réalisés dans les magasins physiques. L'entreprise appelle à une législation plus exigeante pour éliminer progressivement certains plastiques, créant ainsi des conditions équitables qui encouragent l'innovation et l'investissement dans des solutions alternatives.

Sur le même thème

Voir tous les articles Etudes

Livres Blancs

Voir tous les livres blancs

Vos prochains événements

Voir tous les événements

Voir tous les événements

S'abonner
au magazine
Se connecter
Retour haut de page