e-commerce : 20 millions de m² d'entrepôts supplémentaires par an ?

Le remodelage du paysage logistique européen se poursuit... et ne ralentit pas. Avec pour conséquence directe, une explosion en mètres carrés d'espaces nécessaires qui s'explique notamment par une modification profonde des circuits de distribution. Les enseignes traditionnelles perdent progressivement du terrain face à des réseaux optimisés pour la livraison directe au consommateur, générant des besoins croissants en surfaces pour gérer non seulement les flux de commandes, mais aussi les retours de marchandises.

La France, moteur de l'évolution logistique européenne

Le marché français se distingue particulièrement dans cette transformation. Prologis anticipe une progression spectaculaire de 30 % du taux de pénétration de l'e-commerce en France d'ici 2030, faisant passer ce taux de 11 % actuellement à 14,3 %. Cette croissance dépasse largement la moyenne européenne continentale, où le taux de pénétration devrait évoluer de 10 % à 13,4 % sur la même période.

Cette dynamique française s'explique par le potentiel encore largement inexploité du commerce électronique dans l'Hexagone, positionnant le pays comme un marché clé pour les investissements logistiques futurs.

L'émergence de la logistique urbaine verticale

Face aux nouvelles exigences de rapidité des consommateurs, les acteurs logistiques repensent leurs stratégies d'implantation. L'enjeu ne se limite plus aux entrepôts régionaux, mais nécessite des hubs logistiques de proximité, capables d'assurer une livraison du dernier kilomètre plus efficace.

Le projet CONNECT Paris, développé par Prologis dans le XVIIe arrondissement, illustre parfaitement cette évolution. Ce hub logistique de 67 000 m² répartis sur 5 étages incarne la nouvelle génération d'infrastructures urbaines : verticales, durables et parfaitement intégrées au tissu urbain. Face à la rareté du foncier, ce modèle vertical s'impose comme la norme pour les grandes métropoles.

Les géants asiatiques redessinent le paysage concurrentiel

Le secteur logistique européen subit également l'influence croissante des plateformes asiatiques. Shein, Temu et AliExpress bouleversent les modèles de vente directe fabricant-consommateur, en représentant désormais 34 % des commandes e-commerce en Espagne. En Allemagne, leur part de marché a été multipliée par trois en deux ans, atteignant 7 %.

Cette concurrence intensifie les besoins en automatisation et en solutions technologiques avancées. Les opérateurs logistiques investissent massivement dans la robotique, les systèmes d'inventaire pilotés par l'intelligence artificielle et les centres de distribution multi-niveaux pour optimiser l'espace et l'efficacité.

Durabilité et réglementation, nouveaux défis du secteur

Les préoccupations environnementales transforment également le secteur. Les opérateurs privilégient désormais les bâtiments économes en énergie, les énergies renouvelables et les opérations neutres en carbone, tant pour respecter les objectifs réglementaires que pour réduire leurs coûts opérationnels.

Parallèlement, la gestion de la logistique inversée devient cruciale. L'augmentation des retours, particulièrement dans le textile et l'électronique, nécessite des espaces dédiés pour un traitement plus rapide et efficace.

Les évolutions réglementaires européennes, notamment les réformes concernant l'exonération fiscale de minimis pour les importations inférieures à 150 euros, pourraient encore accélérer ces transformations en modifiant les coûts des plateformes dépendant du transport maritime international.